Neuf ans après sa main contre l'Irlande, Henry renoue avec la France

C'est un épisode qui suit Thierry Henry comme son ombre. Contre l'Irlande en novembre 2009, en barrage retour de la Coupe du monde, le capitaine des Bleus contrôle deux fois le ballon de la main et adresse une passe décisive à William Gallas. Un but qui a fait polémique en même temps qu'il qualifiait l'équipe de France pour le Mondial en Afrique du Sud. Mais depuis cet épisode, plus rien n'a jamais été comme avant entre Titi et son pays.
Une polémique qui a terni l'image d'une légende
Sifflé, critiqué, Henry a toujours assumé avoir contrôlé ce ballon de la main. Mais son sens des responsabilités n'a pas toujours été plébiscité. Le tourbillon médiatique qui s'ensuit marquera durablement son image. "Tricheur", "voleur"... les qualificatifs ne manquent pas pour désigner l'action du Français. En coulisses, la légende des Gunners d'Arsenal en souffre. Il devient une bête noire dans le monde entier. Les responsables politiques s'immiscent dans la polémique et ajoutent de l'huile sur le feu. Thierry Henry devient le bouc-émissaire des critiques ciblant le sélectionneur français de l'époque, Raymond Domenech. "Je ne lâcherai pas mon pays", réitère l'attaquant quelques jours plus tard. Ses relations avec les dirigeants du foot français sont gelées.
À quelques mois de la fin de sa carrière internationale, le coup est rude pour le meilleur buteur de l'histoire des Bleus. Un autre épisode - Knysna - viendra s'ajouter au scepticisme latent. Un an et demi avant sa main face à l'Irlande, c'est sa 100e sélection qui s'était mal passée. Hué, Henry gardera longtemps ce mauvais souvenir en tête.
Un enfant de l'étranger
Parti très tôt de France - il n'a que 21 ans quand il s'engage avec la Juventus et 22 avec Arsenal - sa relation avec son pays sera toujours un peu ambiguë. Son attitude divise. Perçu comme arrogant, l'exigence du numéro 14 des Gunners est mal appréhendée.
Quand il décide de partir aux Etats-Unis, où il a toujours dit vouloir évoluer un jour, dans l'Hexagone on parle de "fuite". Lorsqu'il débute sa carrière d'entraîneur en tant que deuxième adjoint de la sélection belge, en charge des attaquants, son choix n'est pas compris. Pourquoi ne pas revenir chez les Bleus plutôt que de venir grossir les rangs du voisin? L'affrontement entre les deux équipes en demi-finale de la dernière Coupe du monde en sera un autre symbole fort.
De retour pour écrire un nouveau chapitre
Aujourd'hui, Henry pourrait bien remettre pour de bon les deux pieds en France. Son intérêt pour Bordeaux, déjà confirmé mardi par son ancien coach Arsène Wenger, est un pari risqué. Mais l'ancien consultant pour Sky Sports n'accepte pas de relever ce challenge par hasard. À Bordeaux, avec de nouveaux actionnaires américains, il a de quoi écrire son propre chapitre. Cette fois l'histoire d'amour contrariée entre Henry et son pays semble belle et bien relever du passé.