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Nice: les secrets de la méthode Didier Digard, qui a redonné un sens à la saison des Aiglons

Victorieux dimanche soir au Vélodrome (3-1), les Niçois sont replacés dans la course à l'Europe. À l'agonie il y a encore un mois, ils doivent leur salut à leur nouvel entraîneur Didier Digard.  

Lille, Lens et maintenant Marseille. L’OGC Nice vient de battre coup sur coup trois des plus séduisantes et réputées écuries de Ligue 1. Qu’elle paraît loin cette équipe niçoise amorphe, sans idée et éliminée de la Coupe de France par le Puy-en-Velay, mal classé en National 1. C'était pourtant il y a un mois à peine.

Ce renouveau porte un nom : celui de Didier Digard. Depuis sa nomination comme entraîneur principal, le Normand a pris 13 points en 5 matchs de championnat. Aucune équipe n'a fait mieux sur la période et il avait fallu attendre la douzième journée pour voir les Niçois empocher leurs treize premiers points de la saison. Un tout autre rythme. 

Un homme pressé et un entraîneur proche de ses joueurs

Tout va très vite pour Didier Digard. Père dès l’âge de 16 ans, il a ensuite été capitaine du Havre à 18 et du PSG à 21. Alors, quand à 36 ans, l’ancien milieu de terrain est propulsé sur le banc de l’équipe première à Nice, sa sérénité n’est pas ébranlée. Trois ans plus jeune que son capitaine (Dante, 39 ans), Didier Digard est très proche de ses Aiglons. Il n’hésite pas à les chambrer comme il le faisait déjà quand il était adjoint.

Son fils aîné, âgé de 20 ans, lui permet aussi d'être en connexion avec les joueurs de cette génération. Sa proximité ne l’empêche pas pour autant de hausser le ton sur ses protégés. Melvin Bard en a fait les frais à la mi-temps de Nice-Lille : "J’ai pris une bonne soufflante. Il m’a dit qu’il fallait que je montre un autre visage, que je réagisse vite et que je sois au niveau. Il m’a bien fait comprendre que j’en étais capable. Il ne m’a pas du tout vexé, j’étais moi-même conscient que je n’avais pas fait une bonne première période. (...) Le coach emploie des bons mots, qui touchent, qui ont un impact. Après ça, on sait qu’on n’a pas le droit de décevoir."

L'intensité au coeur du projet

S’il y a bien un terme qui revient avec insistance ces dernières semaines au centre d’entrainement de l’OGC Nice c’est le mot "intensité". Il y en a davantage dans les séances au travers des différents jeux et ateliers proposés par Didier Digard et ses adjoints Fred Gioria et Julien Sablé, tous trois anciens capitaines du Gym. Les entraînements ont été raccourcis par rapport à ceux de Lucien Favre mais la charge de travail est plus importante. Une intensité qui rejaillit les jours de match.

Elle est aussi le fruit du travail de la cellule de performance renforcée cet hiver par les arrivées de Laurent Bessière, Ghislain Dubois et Sébastien Sangnier. "On fait tout ensemble, absolument tout à part dormir ensemble… et chacun sa femme (rires) ! Chacun a son domaine de compétences", avait reconnu Didier Digard peu après sa nomination. 

Une équipe de caractère

Un 4-3-3 avec du pressing à la relance, un repli collectif solide et beaucoup de courses devant et sur les ailes: Didier Digard a relancé la saison niçoise avec des principes simples mais parfaitement appliqués. Il y a parfois des variantes, comme à Lens ou la recrue Youssouf Ndayishimiye s’est insérée dans la défense pour se calquer sur le système des Artésiens. Avec 11 buts marqués pour 2 encaissés, les débuts sont idylliques mais pas de quoi faire sauter au plafond l’intérimaire.

"Je réagis bien parce que autour de moi j'ai toujours les bonnes personnes pour m'épauler. Je me fais engueuler si je ne débarrasse pas la table à la maison. Je prends beaucoup de plaisir mais je connais le foot. Je suis prêt aux moments un peu plus délicats. Ce qui m'arrive est exceptionnel et j'en profite. Je suis détaché de ce qu'il se passe, j'ai envie que le groupe et le club soient heureux. Je m'éclate à travers le sourire des gens."

Nommé "jusqu'à nouvel ordre" le 9 janvier, alors que ses dirigeants sondaient le marché des entraîneurs, Didier Digard devrait poursuivre sa belle aventure sur le banc azuréen. Malgré son absence de diplôme, les récentes prestations de ses hommes lui ont offert encore un peu plus de crédit auprès des décideurs et supporters niçois.

Maxime Tilliette