RMC Sport

OL: pourquoi une cassure si violente entre Toko-Ekambi et les supporters lyonnais

Bientôt exfiltré de l'OL avec un prêt payant imminent à Rennes, Karl Toko-Ekambi, malgré quelques périodes intéressantes, a été pris en grippe par les supporters lyonnais, qui lui reprochent de nombreuses mauvaises prestations et son état d'esprit.

En partance pour un prêt payant au Stade Rennais, Karl Toko-Ekambi va donc quitter (provisoirement) l'Olympique Lyonnais sur une dernière image tristement symbolique: un coup de pied rageur - mais raté - dans une poubelle qui se trouvait dans le tunnel des vestiaires du Groupama Stadium. En pleine défaite 2-1 contre Strasbourg, alors avant-dernier en championnat, une bonne partie du public avait conspué l'international camerounais lors de son remplacement.

"Quand des joueurs ne sont pas heureux dans un club et qu'ils ne peuvent pas donner leur pleine mesure de talent, on réfléchit à trouver une solution, à Lyon comme dans d'autres clubs", avait alors commenté Laurent Blanc, admettant qu'il serait "difficile" de revoir l'attaquant sous les couleurs lyonnaises. Pour cette saison, du moins.

Entre Karl Toko-Ekambi et l'OL, l'histoire est vite devenue complexe. Son arrivée en janvier 2020 dans le cadre d'un prêt payant de 4 millions d'euros avec une option d'achat de 11,5 millions d'euros suscite des interrogations. D'autant que le jeune Amine Gouiri, très attendu par les suiveurs du centre de formation, ne demande qu'à jouer. Dans un premier temps, le rendement sportif laisse néanmoins entrevoir un avenir positif avec deux buts et deux passes décisives sur les cinq premiers matchs. Mais cette bonne forme ne dure pas, avant que la pandémie de coronavirus ne fige tout au printemps.

"Je m'en fous"

En fait, les problèmes commencent véritablement lors du Final 8 de la Ligue des champions. Avec Rudi Garcia, l'équipe parvient à sortir la Juventus et à balayer Manchester City pour finalement échouer en demi-finale contre le Bayern Munich. Une première cassure se produit face à ces Bavarois, contre qui "KTE" rate les nombreuses situations offensives qu'il se procure. Les critiques à son encontre sont nombreuses sur les réseaux sociaux.

Sa réponse fuse dans les colonnes de L'Équipe: "Les gens ont été plus déçus qu'heureux, alors qu'ils devraient être heureux pour le football français et pour le club. (...) C'était trop poussé, notamment envers moi, d'ailleurs. Quand c'est moi, les occasions loupées, c'est moi qui ai eu des ratés, c'est l'OL qui a vendangé, et quand c'est le PSG, c'est Neuer qui a été grandiose". Surtout, il ajoute: "Les commentaires qui ont été faits peuvent déstabiliser un joueur. Alors que moi, je m'en fous".

À quelques reprises, ses regains de forme laissent penser par la suite qu'il peut être un atout de confiance, notamment dans une position de second attaquant excentré plutôt qu'ailier. C'est notamment le cas à l'automne 2020, lorsqu'il affiche sept buts et quatre passes décisives en six matchs. Même sensation au printemps 2022 quand il enchaîne cinq buts en quatre apparitions, en trouvant notamment le chemin des filets contre l'Olympique de Marseille au Vélodrome (0-3). Entre temps, l'ancien Sochalien montre aussi ses limites techniques et fait preuve d'une grande irrégularité.

La célébration de trop

Surtout, Karl Toko-Ekambi est revanchard. À domicile contre Montpellier en avril dernier (victoire 5-2), deuxième cassure: l'attaquant y va de son but et célèbre avec les deux mains derrière les oreilles puis un doigt sur la bouche. La bronca est immense jusqu'à la fin du match. Sur les réseaux sociaux, des supporters lyonnais pensent aussi lire des insultes sur sa bouche. En coulisses, Jean-Michel Aulas tente de jouer les pompiers: "Les supporters, en s’en prenant aux joueurs, créent une relation de tension qui devient insupportable". En vain.

Le lien avec le public n'a finalement jamais pu être (re)construit. D'autant que dans le secteur offensif, les supporters sont nombreux à espérer du temps de jeu pour Rayan Cherki ou même Bradley Barcola.

En chiffres, Karl Toko-Ekambi à l'OL c'est 38 buts et 19 passes décisives en 114 matchs toutes compétitions confondues. Pourra-t-il faire mieux à Rennes, notamment s'il y reste? "Je sais qu'il a un passage difficile à Lyon, je connais le contexte et je me dis que dans un contexte plus rassurant et où il sera plus en confiance; on peut bien le relancer", a prédit Bruno Genesio sur RMC. Mais comme a prévenu Walid Acherchour dans l'After Foot, si tel est le cas, gare aux réécritures de l'histoire. En sa présence, l'OL a connu ses deux pires saisons depuis 1996-1997.

JA