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OM : Bielsa répond aux critiques et évoque son avenir

Marcelo Bielsa

Marcelo Bielsa - AFP

Présent ce mercredi en conférence de presse, à deux jours du match de l’OM à Toulouse, Marcelo Bielsa a offert un discours plein de sincérité pour évoquer les différents débats autour du club phocéen et de ses méthodes.

Les difficultés de l’OM : « Une fatigue mentale »

Après quatre matchs sans victoire (trois nuls, une défaite), Marcelo Bielsa sait que son équipe traverse une période compliquée. Mais l’entraîneur de l’OM ne pense pas qu’elle soit due à une fatigue physique.

« Physiquement, les évaluations d’après-match offrent une conclusion positive. L’équipe court plus que jamais. C’est probablement une fatigue mentale. Les trois derniers matches auraient pu se terminer d’une autre manière. Si nous avions sept points de plus, l’OM serait en tête du championnat avec trois points d’avance. Je ne peux pas écarter l’idée de la fatigue mentale. Lutter pour des objectifs sans les atteindre fatigue le mental de tous les joueurs.

Mais il faut savoir si la fatigue mentale produit les mauvais résultats ou si c’est le contraire. Dans l’adversité, il y a deux options : abandonner le chemin que l’on a pris, et démontrer que les convictions sont seulement attachées aux effets qu’elles produisent, ou renforcer encore nos convictions en misant sur le fait que ce chemin choisi est le bon. »

Les critiques : « Les défaites donnent toujours mauvaise odeur »

« Avec mon expérience personnelle, je sais que l’on voit mon système comme bon si l’on gagne et mauvais si l’on perd. Quand tout va bien, on met en avant les mêmes valeurs qui sont critiquées à l’heure actuelle. Dans l’adversité, ce que j’essaie de faire, c’est de renforcer mes convictions sans nier les changements qui doivent être faits. Vous pensiez certainement que j’étais meilleur que ce que je suis. Face à une mauvaise période, plus rien n’est positif. Quoi qu’il se passe, ce sera mal fait. Je comprends votre logique. Je lis et j’écoute les opinions que vous formulez sur mon travail.

Et je vois clairement que vous vous êtes trompés dans votre jugement de la première moitié de saison. Jusqu’à Noël, vous disiez que j’étais très bon, et même que le football français devait imiter et s’inspirer de mes méthodes. Et maintenant, c’est le contraire. Les opinions ont changé. Dans cette période, tout le monde t’abandonne. Les supporters, les médias et les joueurs ! C’est naturel. C’est le propre de l’être humain. On se rapproche de celui qui sent bon et le succès améliore toujours son parfum.

Mais on s’éloigne de ceux qui ne sentent pas bon et les défaites nous donnent toujours une mauvaise odeur. Je ne me pose pas en victime, c’est juste la description de ce que je vis depuis 30 ans et qui se répète dans n’importe quelle activité humaine. Personne ne t’accompagne pour t’aider à gagner. Mais tout le monde t’accompagne quand tu gagnes. Je ne suis pas aussi bon que la manière dont vous m’avez décrit en début de saison. Mais je ne suis pas non plus comme vous me décrivez maintenant. »

Les Français et l’exigence : « Mes joueurs donnent tout »

« Les joueurs français n’accepteraient pas une méthode exigeante ? Je pense tout le contraire. Quand j’évalue les conséquences de mon travail, je ne dois pas me tromper. J’ai rarement reçu des réponses aussi puissantes que celles offertes par les joueurs de l’OM. Ils donnent tout sur le plan des efforts physiques. Ça s’exprime en courant, car courir c’est être impliqué. Vous me dites que les joueurs sont fatigués ou dégoûtés de mes procédés, c’est très probablement vrai car je leur offre un chemin qui ne les fait pas gagner.

C’est naturel et je l’accepte. Mais il faut aussi analyser comment agissent les leaders face à l’adversité. Il y a des leaders qui changent leur discours, d’autres qui le maintiennent. J’ai vu des leaders changer leur discours et c’était une bonne chose. Mais j’ai aussi vu le contraire. Je ne peux pas abandonner mes convictions. Ce ne serait pas moi. Je modifie seulement ce que je vois qui n’est pas sur la bonne voie. »

Encore à l’OM l’an prochain ? Bielsa laisse la porte entrouverte

A peine un an sur la Canebière ? Ces derniers jours, l’idée de voir Marcelo Bielsa quitter l’OM dès la fin de cette saison prend de plus en plus de poids. Avec un président, Vincent Labrune, qui affirme vouloir garder le technicien argentin mais attendre la décision de ce dernier. Interrogé à ce sujet ce mercredi en conférence de presse, Bielsa a retourné le problème. Pour lui, c’est au club d’évaluer son travail en fin de saison et de prendre les décisions qui s’imposent le concernant.

« Je voulais être ici un an pour que le club puisse vérifier si je suis potable, explique l’Argentin. Cela protège beaucoup plus le club que moi. Un contrat de deux ans m’aurait été profitable : s’ils me viraient, ils devaient me payer deux années. S’ils me virent demain, ils n’auront qu’une année, ou ce qu’il reste, à me payer. Après votre question, la suite serait que vous demandiez au président : ‘‘Pourquoi vous ne faites pas une offre à Bielsa ?’’. Mais je ne veux pas provoquer ça.

L’idéal, de mon point de vue, serait que le club prenne la décision en laquelle il croit une fois que la saison sera terminée. Puis j’agirai en fonction. Mais cela me rend honteux de diriger une équipe qui n’a pas gagné depuis cinq matches et qu’on soit en train de parler de ça… Je ne veux transmettre au club aucune urgence, ni aucune pression. »

la rédaction avec F.Ge. à Marseille