OM: les accusations explosives de Fratani, ex-collaborateur de Tapie, sur les méthodes de corruption

Marc Fratani, ancien homme à tout faire de Bernard Tapie (dont il fut notamment l’attaché parlementaire), avec lequel il est fâché depuis 2016 après trente ans passés à son service, règle ses comptes dans Le Monde daté du 4 mars. Âgé de 74 ans, il déballe tout sur les supposés agissements de l’ancien président de l’OM et de Jean-Pierre Bernès, ex-directeur sportif du club. Entre corruption, matchs arrangés et adversaires drogués à coup d'anesthésiants.
"J’étais au courant de toutes les activités de Jean-Pierre Bernès, le directeur sportif du club, confie-t-il pour la première fois. Je les ai couvertes et il m’est arrivé d’y participer. Quand on lit les déclarations de Jean-Pierre Bernès, en 1995 et 1996, devant le juge Pierre Philippon, chargé de l’enquête sur l’affaire des comptes de l’OM, on comprend bien qu’à partir de la saison 1988-89, il se lance avec Tapie dans une entreprise de corruption qui va durer quatre saisons."
"L’OM a notamment volé deux titres à Monaco"
"La corruption n’était pas intensive, il ne s’agissait pas d’acheter tous les matchs, poursuit Fratani. lls ciblaient les adversaires principaux. Selon les dires de Jean-Pierre Bernès, l’OM a notamment volé deux titres à Monaco. Pour financer la corruption, de fausses factures étaient établies. Bernès affirme que 5 millions à 6 millions de francs sont sortis chaque saison pour acheter les matchs, 45 joueurs ont été concernés. Tout est décrit dans ces procès-verbaux, versés au dossier d’instruction. Bernès a affirmé avoir été malhonnête pendant quatre ans."
Fratani a "participé une fois à un achat d’arbitre"
"J’ai participé une fois à un achat d’arbitre, avoue l’ancien collaborateur de Bernard Tapie. C’était pour un match contre le Paris-Saint Germain, à Paris. Le lendemain de la rencontre, je suis allé lui remettre dans un endroit discret ce qui était convenu. On déstabilisait aussi l’adversaire en utilisant des psychotropes: du Haldol, un anesthésiant. A l’aide de seringues à aiguilles ultra fines, le produit était injecté à l’intérieur de bouteilles en plastique. Tout ce qui était consommable par l’adversaire était traité."
Il enfonce encore Tapie en assurant qu'il était bien "le commanditaire de l'acte de corruption dans l'affaire VA-OM" en 1993. L’ancien patron de l’OM n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde.