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OM : quand Valbuena, Drogba et Ribéry se faisaient recadrer

OM : Habib Beye, Samir Nasri et Franck Ribéry en 2006

OM : Habib Beye, Samir Nasri et Franck Ribéry en 2006 - AFP

Habib Beye, l’ancien défenseur de l’OM (2003-2007), était l’invité de l’After ce jeudi sur RMC. Pour souligner le manque de leaders dans l’actuel vestiaire marseillais, le Sénégalais s’est souvenu de quelques épisodes piquants…

« Il faut que Marseille prenne des leaders. Il n’y a pas de leaders dans ce vestiaire. Si demain, il y a des mecs qui sont capables de dire à un jeune qui déraille ‘‘Ecoute, tu restes dans le rang ou sinon, nous, on va te sortir’’, tu vas avoir une équipe. » Le constat est fait par Habib Beye, l’ancien défenseur de l’OM, qui était l’invité de l’After ce jeudi sur RMC. Pour appuyer sa thèse, le finaliste de la Coupe de l’UEFA 2004 a raconté quelques anecdotes marseillaises sur le ‘‘recadrage’’ de certaines stars. A déguster !

Quand l’OM manque de leaders

« J’aime beaucoup Steve Mandanda. Mais ce n’est pas sa personnalité. A un moment donné, dans un vestiaire, il faut des conflits. Ils te rapprochent. Je l’ai vécu en Angleterre. Un vestiaire, ce n’est pas le monde des Bisounours. Ça s’insulte, ça s’engueule… Mais il faut toujours qu’il y ait un respect. Je suis sûr qu’André (Ayew) le fait. Mais si tu le fais tout seul, tu n’as pas de crédibilité. Un noyau fort, c’est quatre, cinq joueurs. (…) Il y a ce que Thauvin a dit à Payet, l’insulte. J’ai connu des vestiaires où le mec ne serait pas sorti avant de s’excuser. Sur un terrain, ça peut arriver. Mais quand vous rentrez dans le vestiaire, que les portes sont fermées…

J’ai entendu Payet dire qu’il n’avait pas envie d’en parler. Moi, si un joueur m’avait dit ça, il aurait été possible qu’on se roule par terre dans le vestiaire pendant dix minutes ! Après, ça peut se calmer. Vous ne pouvez pas permettre à certains joueurs de dépasser les limites. Comment voulez-vous qu’ils fassent les efforts les uns pour les autres ? On ne leur demande pas d’être amis. A Manchester United, ils ne pouvaient pas voir Roy Keane. Mais ils ont tous gagné des titres ensemble. »

Quand Barthez recadrait Valbuena

« Moi, j’ai connu une équipe dans laquelle on avait des mecs comme Lorik Cana, par exemple. J’étais capitaine de cette équipe-là. Quand tu as des relais importants dans un vestiaire, quand tu te lèves, que tu cries sur quelqu’un, il n’y a personne qui se dit : ‘‘Il est tout seul à se lever’’. Dans une saison qui peut être difficile, ça te permet de faire des résultats. Ça peut être violent. Moi, j’ai vu Fabien Barthez recadrer Mathieu Valbuena. A l’époque, Mathieu Valbuena commençait à émerger. Il est devenu un très bon joueur. Mais Fabien lui a dit quelque chose et il a commencé à répondre. Les joueurs se sont levés et lui ont dit : ‘‘Eh, tu sais à qui tu parles ? Tu parles à un mec qui a tout gagné’’. Avec ce genre de relais, ça fonctionne. »

Quand Nasri ne comprenait pas Troussier

« Nasri, c’est un ami. Je le connais très, très bien. Je lui ai souvent dit qu’il avait fait des erreurs de communication et dans son attitude. Ça reste pour moi un joueur de grande qualité, parfois un incompris. C’est quelqu’un qui affiche, depuis son plus jeune âge, une non-faculté à encaisser la critique ou le mauvais regard des gens. Il a toujours eu l’impression qu’on lui en voulait. Très jeune, il a mal pris que Troussier ne le fasse pas démarrer. Enfin, il a démarré, mais il s’est blessé dès son deuxième match et puis Troussier lui a dit : ‘‘Je te mets de côté parce que tu es encore jeune’’.

Il n’appréciait pas parce qu’à l’entraînement, c’est vrai, il était au-dessus du lot. Ce caractère, c’est ce qui lui a permis de faire une belle carrière, de marquer les esprits à Arsenal, de faire de très bonnes choses à City. Mais ce caractère l’a aussi desservi dans certaines situations. (…) Ce n’est pas un petit con. Je le connais bien, je l’ai vu arriver, je l’ai aidé, j’ai été son capitaine. C’est quelqu’un qui est attachant. »

Quand Drogba oubliait les défenseurs

« Drogba, on l’a aussi recadré. Il avait fait une interview dans L’Equipe. Il n’avait pas marqué depuis quatre matchs et il avait dit : ‘‘Avec les ballons qui me passent au-dessus de la tête, c’est difficile de marquer’’. Quand il est arrivé le lundi dans le vestiaire, il y avait Abdou Meïté qui était avec moi en défense, on l’a appelé et on lui a dit : ‘‘T’es bien gentil, mais pour marquer tes 30 buts, t’as aussi des défenseurs qui se lèvent le cul pour toi’’. Il ne faut pas laisser s’installer ce type de vision des choses dans un vestiaire. Si on ne lui avait rien dit, on aurait été frustré. Du coup, j’aurais peut-être moins fait les efforts pour lui. »

Quand Ribéry voulait jouer avec des grands joueurs

« Ribéry avait annoncé sur TF1 qu’il voulait partir à Lyon pour jouer avec des grands joueurs. Je vous garantis que quand il est revenu dans le vestiaire, on lui a dit : ‘‘Des grands joueurs, t’en as pas dans ce vestiaire ? Si tu veux partir, vas-y, tu n’as rien à faire ici’’. On est tombé à trois ou quatre sur lui. Ce n’était pas forcément mon ami. C’était un très bon coéquipier et on s’entendait très bien. Mais quand un Mamadou Niang, avec qui il était tout le temps, lui a dit : ‘‘Eh, ça, je ne veux plus l’entendre. Si tu brilles, c’est aussi grâce à nous’’… Mais je ne dis pas qu’on avait le meilleur vestiaire. On n’a pas été tous parfaits. »