Paris, une semaine noire qui pose des questions

Zlatan Ibrahimovic - AFP
A sa belle époque, période pré-Qataris et budget XXL, elle avait pris l’habitude de se draper dans les frimas du mois de novembre. En 2014, elle a préféré attendre les premières gelées de décembre. La crise au PSG. Le mot est lâché. Sévère ? Peut-être. Paris cette saison, c’est deux défaites en 25 matches officiels. Pas vraiment la définition d’une situation désespérée. Oui mais voilà. Pour dresser le véritable constat, il faut aller au-delà des chiffres. Dépasser le simple bilan statistique. Ces deux revers, le club de la capitale les a subis en quatre jours. Les quatre derniers jours. Dans deux matches qui revêtaient une importance différente, mais réelle à chaque fois.
A Barcelone, le PSG voulait s’imposer sur la pelouse d’un grand d’Europe pour conserver sa première place du groupe et aborder le tirage des huitièmes de la Ligue des champions avec plus de sérénité. Mission ratée avec une défaite 3-1. A Guingamp, Paris avait l’occasion de reprendre la tête de la Ligue 1 et de mettre la pression, titre de champion d’automne dans le viseur, à un OM qui va devoir gérer un déplacement ardu à Monaco ce dimanche soir (21h). Nouvel échec avec un revers 1-0 bien plus inattendu que celui du Camp Nou. Résultat ? Il faudra sans doute en passer par un gros sur le plan continental. Et sur la scène domestique, Lyon revient à un point et Marseille aura sur le Rocher la possibilité de s’assurer la couronne de mi-saison. Rien de dramatique non plus, direz-vous. Mais il y a tout le reste. L’impuissance collective, d’abord. Malmenés par des Bretons joueurs et volontaires, les joueurs de Laurent Blanc n’ont jamais exprimé la force qu’on attend d’eux face à un adversaire de ce calibre.
La charnière Luiz-Silva encore mise à mal
Cavani aura heurté la barre (2e) et croqué une belle situation (81e), Zlatan aura eu quelques opportunités (47e, 58e, 95e), avec même un but refusé pour un hors-jeu logique (35e) et une volée à bout portant sortie par Lössl (87e). Mais jamais la collection des talents parisiens n’a paru en mesure de se sublimer. Comme s’ils manquaient d’envie, de motivation et même parfois de jus. L’excuse du match européen ? Elle ne prend pas. Car c’est bien jeudi que Guingamp a signé son exploit continental, seul club français qui aura réussi à sortir des poules de la Ligue Europa. Et quand bien même… Avec son potentiel, plusieurs matches par semaine ou pas, le PSG devrait marcher sur la compétition hexagonale. Sans pitié pour une adversité pas au niveau. Cette saison, ce n’est trop souvent pas le cas. On n’oublie pas, aussi, les naufrages individuels. Mauvaise habitude des dernières semaines, certains cadres ont sombré. On pense à la charnière David Luiz-Thiago Silva, prise au piège sur le but de Pied (1-0, 10e), mise à mal par ce diable de Claudio Beauvue (22e, 48e, 53e) et par Sankharé (74e), ou encore à un Thiago Motta finalement remplacé par Cabaye. Sans oublier un trio Zlatan-Cavani-Lavezzi parfois dangereux mais trop discret par rapport à ce qu’on est en droit d’en attendre.
Les hommes forts de ce PSG ne sont pas à la hauteur, tout simplement, et le jeu parfois inquiétant montré cette saison s’est finalement matérialisé dans les résultats. Si les « patrons » ne se reprennent pas, ou si Laurent Blanc ne se décide pas à quelques choix drastiques, la trêve sera peut-être bien la meilleure nouvelle des prochaines semaines pour Paris. Histoire de se remettre la tête (et le jeu) à l’endroit. En attendant, les deux défaites vont ouvrir le débat : alors, à la hauteur pour ce PSG, Laurent Blanc ? Peut-il passer cette mini-crise sportive ? Et ses joueurs l’auraient-ils lâché ? Légitimes, ces interrogations vont animer – surtout la première – les observateurs de la vie parisienne dans les jours à venir. Surtout avec un Nasser Al-Khelaïfi qui a quitté sa place en tribunes avant le coup de sifflet final. Le football offre parfois de drôles de chassés croisés. Guingamp, qui a gardé sa cage inviolée contre le PSG pour la première fois depuis… février 1998, a peut-être vécu la plus belle semaine de son histoire. Et Paris l’une des pires, sur le plan sportif, depuis l’arrivée des Qataris. Dimanche dernier, interrogations sur le club de la capitale ou pas, on n’aurait pas parié notre cagnotte là-dessus.