Pourquoi l’arbitrage vidéo risque de surprendre la Ligue 1

Après la Coupe du monde et les expérimentations lors des Coupes nationales, l’arbitrage-vidéo va faire sa grande apparition en Ligue 1 cette saison, dès le premier match entre Marseille et Toulouse, vendredi (20h45). Sa mise en place semble réjouir les acteurs principaux dont Didier Quillot, directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), qui salue le sans-faute du procédé lors du Mondial.
"Il n’y a pas eu de bug pendant la Coupe du monde donc ça a été parfaitement utilisé, ça a été fluide, a-t-il estimé. Nos arbitres sont formés depuis 18 mois, ils ont arbitré des matchs en live en Coupe de la Ligue et Coupe de France."
Au regard de sa position de décideur, il apparait logique d’afficher un optimisme béat sur un outil qui a inexorablement réduit le champ des erreurs. Les écueils restent encore nombreux comme l’opacité de l’information vers le public. Un domaine sur lequel la LFP travaille actuellement pour plus de transparence et d’explication des choix de l’arbitre.
S’ils ont pu avoir un avant-goût en mondiovision de cette nouvelle forme d’arbitrage, les joueurs risquent tout de même d’être surpris par son utilisation. Et devront vite bannir leurs mauvaises habitudes.
Une prise de conscience des joueurs sur les penalties
"J’ai le sentiment qu’on a eu moins recours à la vidéo au fur et à mesure de la Coupe du monde parce qu’il y avait moins de fautes, note Lionel Charbonnier, membre de la Dream Team RMC, dans le Super Football Show. Au début, il y a eu beaucoup de penalties sur des tirages de maillots sur les corners et les coups francs. On a battu le record de buts sur penalty lors d’un Mondial (29 contre 18, le précédent record, ndlr). A partir de là, il y a eu une prise de conscience des joueurs, il fallait faire très attention. Les défenses ont fait beaucoup moins de fautes. En corrélation, il y a aussi eu beaucoup plus de buts sur coups de pied arrêtés."
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La VAR devrait aussi diminuer les tentatives de tromper l’arbitre. "Sur les simulations, les joueurs sont beaucoup plus attentifs, note aussi Joël Quiniou, ancien arbitre international et consultant pour RMC Sport. Ça s’est même retourné contre un joueur, Neymar, lors de Brésil-Costa Rica. Un penalty avait été sifflé pour lui mais il y avait une telle simulation que ça s’est retourné contre lui."
Pour l’ancien arbitre-international, le procédé apporte de la sérénité aux hommes en noir qui bénéficient désormais d’une session de rattrapage au cas où ils manqueraient une action litigieuse. Même s’il redoute un recours systématique à cet outil. "Il ne faut pas recourir à la vidéo dans tout ce qui révèle de l’appréciation, préconise-t-il. Ce serait contre-productif."
Quiniou: "Il ne faut pas croire que l’arbitrage vidéo va tout régler"
En attendant de voir, les acteurs de la L1 semblent prêts à l’instar de Baptiste Reynet, gardien de Montpellier. "Je suis pour, j’ai toujours dit que j’étais pour la vidéo car je déteste l’injustice, confie-t-il. On a vu pendant la Coupe du monde que ça nous a bien servi en tant que français. C’est quelque chose dont les arbitres ont besoin."
Même son de cloche pour Stéphane Martin, président de Bordeaux: "Moi je trouve ça très bien, on peut toujours trouver des défauts ça ne sera pas parfait mais c’est difficile en étant de bonne foi de ne pas y voir une majorité d’avantages. (…) Il peut y avoir des cas ou le VAR ne permet pas de trancher mais c’est pas du tout à mon sens un bon argument pour ne pas le mettre en place."
Sabri Lamouchi, entraîneur de Rennes, se montre plus mitigé et craint les coupures de match trop intempestives tout en redoutant l’incompréhension chez les spectateurs:. "Il ne faut pas croire que l’arbitrage vidéo va tout régler, abonde Joël Quiniou. L’image n’est pas une science exacte. Si tout le monde n’est pas d’accord sur une décision de l’arbitre, il ne faut pas non plus cracher sur cette nouvelle forme d’arbitrage. Il y aura une amélioration. C’est malgré tout un élément important pour la sérénité de l’arbitre." La VAR règlera certaines erreurs mais la Ligue 1 ne sera pas à l’abri de quelques polémiques. Notamment en début de saison.