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Poyet et Bordeaux, un mercato à l'origine du divorce

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Arrivé le 20 janvier dernier, Gustavo Poyet a été mis à pied à titre conservatoire ce vendredi, au lendemain d'une violente sortie contre ses dirigeants. Retour sur ce divorce assez soudain, lié à la lenteur girondine sur le mercato.

Sa première conférence de presse de la saison avait donné le ton. Et laissé poindre un important trait de fracture. Le 3 juillet, à peine revenu de vacances, Gustavo Poyet s'était montré très critique à l'égard de ses dirigeants, alors en pleine négociations avec le fonds d'investissement américain GAPC pour la vente du club et donc moins actifs sur le front du mercato.

"Je comprends que la situation est unique, incomparable, difficile. C'est ça le problème, on ne peut pas se projeter au niveau de l'équipe, de la préparation. Le plus important pour un club de football, ça se passe l'été, avait rappelé le technicien. Si tu fais les choses bien pendant l'été, c'est plus facile. Et nous, on n'a rien fait. Je ne suis pas content, j'attendais quelque chose de différent. Je sais qu'avec la Coupe du monde, il n'y a pas eu beaucoup de mouvements dans les autres clubs. Mais avec tout mon respect, je m'en fous car nous on commence avant tout le monde."

Une menace de départ dès le 3 juillet

Poyet avait même menacé de quitter ses fonctions, alors qu'il venait de redresser l'équipe et d'arracher une qualification pour les tours préliminaires de la Ligue Europa. "On va voir, avait-il lâché. Je ne veux pas le dire là maintenant pour ne pas mettre de pression, mais ça compte beaucoup."

Commencé très tard, le mercato des Girondins n'a pas redonné le sourire à l'ancien coach de Sunderland, qui a perdu Malcom, son meilleur joueur, et n'a pas vu arriver des recrues du calibre attendu (Kalu, Basic, Briand, Palencia). S'il ne souhaitait plus évoquer le sujet en conférence de presse, l'Uruguayen arrivait quand même à chaque fois à distiller une pique ou deux à l'encontre de ses dirigeants.

Martin évoque "un stress lié à l'absence de recrues en juillet"

Sans surprise, c'est donc une goutte d'eau sur le mercato qui a fait déborder le vase, ce jeudi. En pleine préparation du match face à Mariupol (2-1), Poyet apprend que Gaëtan Laborde est à Montpellier pour signer son contrat alors que son successeur n'a pas été recruté (une version démentie par Stéphane Martin). "C'est une honte, a-t-il lâché après la rencontre. Personne ne m’a rien dit. Ce n’est pas possible. (…) Moi je me fous des dirigeants bordelais qui parlent par derrière."

La sortie de trop pour Poyet, apprécié des joueurs et des supporters mais mis à pied à titre conservatoire par sa direction ce vendredi matin. "Je reste très surpris de la dégradation des rapports professionnels, a confirmé le président Stéphane Martin. Lors des premiers mois, il n'y a eu aucune tension. Le mercato a marqué des tensions qui se sont envenimées avec le point d'orgue de ce jeudi soir. C'est une surprise après une victoire d'avoir une sortie aussi violente."

"On a pris acte, a poursuivi Martin. Après de telles déclarations, ça me parait compliqué de faire comme si de rien n'était. C'est essentiellement une frustration sur le mercato qui a démarré lentement, et sans doute un stress lié à l'absence de recrues durant tout le mois de juillet. Ce n'est pas nous qui avons souhaité en arriver là." Car en plus de joueurs, Bordeaux va certainement devoir recruter un entraîneur dans les prochains jours.

Alexandre Alain avec Nicolas Paolorsi