Prix d'abonnement, revenus... Combien pourrait rapporter la chaîne de la Ligue 1?

En cas de rupture du contrat avec le diffuseur principal DAZN, la LFP pourrait annoncer la création de sa chaîne afin de proposer l’ensemble des rencontres de la Ligue 1 sur une même plateforme à partir de la saison prochaine. Cette idée, souhaitée par plusieurs présidents de clubs, représente un très gros défi pour les dirigeants de LFP Média.

Une chaîne LFP pour retrouver un public? Dans les prochaines semaines, en cas de rupture de contrat avec le principal diffuseur de la Ligue 1 DAZN, la Ligue pourrait annoncer la création de sa chaîne dans l’optique de la saison prochaine. Cette idée a longtemps été mise en avant par des présidents de Ligue 1 l’été dernier. Mais ce projet n’est jamais sorti des cartons de LFP Média. Pourtant, un tableau de présentation avait été proposé aux présidents des écuries de Ligue 1 afin d’observer les revenus potentiels en cas de création de cette plateforme.

Mais depuis l’été dernier, la donne a changé. Lundi soir, dans l’After Foot sur RMC, Joseph Oughourlian, le patron du RC Lens, a ouvertement donné son aval pour la création de cette chaîne 100% Ligue 1 produite par la LFP. "Mon point c’est que, si tu fais le calcul et que tu regardes à 150 millions moins les 20% de CVC, moins les coûts de la Ligue, moins les autres, il ne reste plus grand-chose pour les clubs. Sur ces niveaux-là, je me retrouve avec moins de droits TV que ce que j’avais en L2", a encore lâché Joseph Oughourlian. Et d’ajouter: "Donc je dis que sur ces niveaux-là, ça vaut peut-être le coup de tenter quelque chose. Et ça vaut peut-être le coup de mettre en place une solution de financement, avec CVC par exemple, pour essayer d’absorber les neuf à douze premiers mois de lancement d’une chaîne."

Assurer une bonne distribution

Lancer une chaîne ou une plateforme coûte cher, très cher. Locaux, plateaux, studios, journalistes, productions des rencontres… les dépenses sont nombreuses. Des plateformes (MyCanal, Amazon…) ou des opérateurs FAI (SFR, Orange…) pourraient proposer la distribution de cette chaîne ce qui pourrait permettre d’augmenter les revenus.

Dans un document présenté aux présidents de Ligue 1, l’été dernier, les dirigeants de LFP Média ont décortiqué une simulation des revenus de la chaîne. A cette époque, les chiffres étaient largement surestimés, avec par exemple 25 millions d'euros par an de revenus issus de la publicité et de la diffusion dans les bars. Ces objectifs paraissent aujourd’hui très ambitieux mais permettent de comprendre le fonctionnement des droits TV et des prélèvements obligatoires sur les différentes commissions aux distributeurs tiers. Dans ce dossier de LFP Média, avec plus de 2 millions d’abonnés dès la première année (DAZN possède aujourd'hui autour de 500.000 abonnés), les revenus estimés pouvaient tourner autour de 543 millions d’euros, auxquels il fallait retirer 55 M€ de frais de fonctionnement annuel estimés. La LFP pouvait donc atteindre les 488 millions de droits TV après commissions aux distributeurs tiers, sans compter les 126 M€ de droits internationaux. Ce chiffre chute à 418 millions après les commissions et dépenses d'exploitations: c'est le scénario très optimiste de ce dossier présenté l'été dernier.

En cas de scénario avec une chaîne à 10 euros (HT) et seulement 500.000 abonnements, les chiffres seront très faibles pour la LFP après l'ensemble des prélèvements estimés l'année dernière. Un peu plus de 57 millions d'euros de droits TV domestiques pourraient être distribués aux clubs. L'écart est très important entre un projet qui regroupe 2 millions d'abonnés et un projet à 500.000 personnes. Le prix sera déterminant pour attirer les fans de football avec ce projet de chaîne 100% Ligue 1. RMC Sport a donc décidé de partir de ce scénario proposé aux présidents de Ligue 1 l’été dernier pour estimer les revenus potentiels de la Ligue 1 avec trois prix possibles (hors taxe) 25, 15 et 10 euros afin de regarder 100% des matchs de la Ligue 1 sur 10 mois d’abonnement. Les mêmes prélèvements sont effectués sur les différentes hypothèses.

Nicolas Pelletier