PSG : six ans après, le procès Yann Lorence s’ouvre enfin

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Ils seront deux, ce jeudi matin, dans le box de la cour d’assises de Paris. Pas plus, pas moins, ce que regrette d’ores et déjà la famille de Yann Lorence. « C’est un fait qu’il n’y avait pas que deux personnes ce jour-là qui ont frappé Yann » affirme Maitre Paul Le Fèvre, l’avocat des proches de la victime. Le 28 février 2010, ils sont même une trentaine à rouer de coups ce supporter de 37 ans, à quelques heures du classique PSG-OM, lors d’échauffourées entre les deux kops ennemis du Parc des Princes, Auteuil et Boulogne. «Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est tristement simple. On a une personne qui a été filmé, marchant paisiblement une bière à la main, ni provocante et encore moins violente, qui a été prise à parti par des sauvages qui l’ont frappé, mis au sol, roué de coups, avec des coups de pieds sur toutes les parties de son corps, notamment à la tête avec le coup de grâce, ce fameux saut à pieds joints sur la tête », selon l’avocat.
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Une scène d’une rare violence à laquelle Yann Lorence ne résiste pas: après être tombé dans le coma, ce dernier est déclaré en état de mort clinique, plusieurs jours après, à l’hôpital de Clichy. Six ans après, s’ouvre ce jeudi matin le procès sur cette mort tragique. Un procès qui durera cinq jours et grâce auquel la famille de Yann Lorence espère bien apprendre la vérité sur les circonstances de la mort de leur proche, « un homme isolé qu’on a mis au sol et qu’on a frappé comme un chien jusqu’à ce qu’il meurt » toujours selon Maitre Paul Le Fèvre.
« Les supporters supprimaient les éléments qui auraient pu aiguiller les enquêteurs »
Pourquoi un laps de temps aussi long ? « Ce qui explique ces 6 ans, c’est la gravité des faits et la difficulté à identifier l’ensemble de ces auteurs », affirme l’avocat. Une identification rendue compliquée, ardue par les supporters … eux-mêmes. « Il y a la lâcheté au moment des faits : frapper à 10 ou 15 un homme au sol c’est lâche, mais il y aussi la lâcheté durant l’enquête car personne du côté des supporters d’Auteuil n’a daigné donner des informations aux enquêteurs, précise Maitre Paul Le Fèvre. On a des éléments démontrant que les supporters, les uns les autres, supprimaient bien soigneusement tous les éléments sur leurs téléphones portables qui auraient pu aiguiller les enquêteurs. Ce n’est ni le fait de la partie civile, ni le fait de la justice pénale. Si on n’a pas l’ensemble des protagonistes des violences du 28 février 2010, c’est parce que tous se sont couverts.»
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Deux hommes seront donc néanmoins là, appelés à comparaêtre à la cour d’assises de Paris : Romain L. et Jérémy B. Deux hommes dont les avocats ont décliné les sollicitations de RMC Sport. « La famille est satisfaite que deux auteurs des violences sur Yann aient pu être identifiés et notamment celui qui est accusé des violences les plus graves sur la tête de la victime » glisse Maitre Paul Le Fèvre. Le fameux coup de grâce aurait été engendré par le premier, Romain L. Les deux hommes sont poursuivis pour violences volontaires commises en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ils encourent jusqu’à 20 ans de prison. C’est leur violence et celle de beaucoup d’autres le 28 février 2010 qui avait engendré la mise en place du plan Leproux, le processus de pacification des tribunes du Parc des Princes, le renforcement de la sécurité de l’enceinte et la dissolution des cinq associations historiques de supporters.
« On aurait pu attendre six mois pour s’interroger sur la réintégration des ultras »
Six ans après, le procès Yann Lorence s’ouvre aussi avec, en toile de fond, le retour récent des ultras au Parc. Un retour beaucoup trop précipité aux yeux de Maitre Paul Le Fèvre. « La concomitance entre ce sujet, qu’on remet sur la table et le procès est très malheureuse, juge l’avocat. On aurait pu attendre 6 mois pour s’interroger sur la réintégration des ultras. Ça pourrait être très intéressant pour tous ces gens qui réfléchissent à leur réintégration au Parc d’attendre le fruit de ce procès pour avoir un regard un peu plus fin sur ce dossier.»