PSG: Thiago Silva, le monstre qui s'est effrité

L'arrivée d'un monstre
Il a débarqué à Paris à l'été 2012, avec une étiquette ronflante scotchée à ses valises. Celle de meilleur défenseur du monde. Un statut gagné en Italie, sous le maillot de l'AC Milan. Il faut dire que ses trois saisons en Lombardie, ponctuées par un titre de champion (2011), avaient été assez éblouissantes. Le PSG n'a donc pas hésité à débourser 42 millions d'euros pour faire venir Thiago Silva aux côtés de Zlatan Ibrahimovic.
Un double transfert retentissant impulsé par Leonardo, lui aussi Brésilien et ancien de la maison rossonero. Accueilli comme un patron, Silva a eu droit à une présentation de prestige au balcon de l'hôtel Crillon, un palace situé au pied des Champs-Elysées. Avant de récupérer rapidement le brassard rouge et bleu.
Le capitaine qui survole
Et le nouveau taulier a tout de suite fait parler son élégance dans la capitale. Ses premières sorties ont ébloui le Parc des Princes, qui n'avait encore jamais vu un défenseur central de ce niveau au PSG. Impeccable techniquement, endurant, toujours bien placé, solide au duel, bon de la tête, propre à la relance, le n°2 a étalé une palette de compétences assez hallucinante. Sans parler de son sens de l'anticipation, de sa grinta et de son aura sur le pré. Avec lui, Paris a vite marché sur la Ligue 1.
Jusqu'à faire naître une certaine crainte dans les plus hautes sphères européennes. En huit ans, T.S. a étoffé son palmarès de sept titres de champions (alors que le PSG n'en comptait que deux avant son arrivée), cinq Coupe de la Ligue, quatre Coupe de France et sept Trophée des champions. Mais il n'a pas su emmener les siens au-delà des quarts de finale de la Ligue des champions, malgré un coup de tête inoubliable sur la pelouse de Chelsea en 2015...

Des fiascos mémorables
L'image de Thiago Silva a commencé à s'écorner après la Coupe du monde 2014 organisée au Brésil. Un tournoi lors duquel O Monstro a fondu en larmes à plusieurs reprises, submergé par l'émotion et la pression. Tout le monde a en tête son visage décomposé lors de la séance de tirs au but face au Chili en 8e de finale. L'image ressurgira trois ans plus tard, le 8 mars 2017, lorsque le PSG s'écroulera au Camp Nou lors de la fameuse remontada de Barcelone (6-1).
Un 8e de finale retour de Ligue des champions resté dans les annales pour lequel Thiago Silva continue d'être critiqué aujourd'hui. Unai Emery, son coach de l'époque, ne s'est pas gêné pour lui imputer la responsabilité de ce fiasco légendaire, en expliquant qu'il n'avait pas respecté ses consignes défensives. C'est sans doute un peu sévère vu la prestation générale des Parisiens, même si l'international brésilien a clairement failli à sa mission de capitaine ce soir-là.
Le problème, c'est qu'il y a eu ensuite l'épisode Manchester en 2019. Dans son jardin, Paris s'est à nouveau effondré sans raison face à une équipe bis de United (1-3). Toujours en 8e de finale retour. Toujours avec Silva en chef de meute. Beaucoup retiennent également que deux des plus beaux matchs européens du PSG se sont joués sans lui ces dernières années (le 4-0 contre le Barça et le 2-0 contre Dortmund). Difficile de n'y voir qu'un simple hasard.

Un cadre remis en question
Malgré son talent indéniable et certaines prestations XXL contre Liverpool ou Belgrade, Thiago Silva, qui a longtemps été très proche du président Nasser Al-Khelaïfi, ne s'est jamais complètement relevé de ses traumatismes en C1. Au point de voir son statut remis en cause ces derniers mois avec la montée en puissance de Marquinhos, le retour en forme de Presnel Kimpembe ou l'éclosion de Tanguy Kouassi. Sa dernière sortie à Dortmund, où il s'est fait mangé par Erling Haaland, a peut-être sonné le glas de son aventure parisienne.
En tout cas, Leonardo et la direction du club ont choisi de ne pas lui accorder la prolongation qu'il réclamait. A bientôt 36 ans (en septembre), le natif de Rio et son énorme salaire (environ 1,5 million d'euros mensuel) vont devoir se trouver un nouveau challenge. Ce sera peut-être à Fluminense, son ancien club (2006-2008), dont il est récemment devenu socio. Ce sera en tout cas loin de Paris, avec qui il prolongera tout de même son contrat de deux mois pour boucler la saison en cours. Et peut-être disputer les finales des coupes nationales ou la fin de la Ligue des champions en août.
Reste à connaître maintenant le dénouement de cette histoire contrariée. Pas sûr que Thomas Tuchel fasse encore beaucoup appel à Thiago Silva, même si l'entraîneur allemand n'est pas avare de surprises. Les ultras, avec qui il entretient d'excellentes relations, souhaiteront en tout cas certainement lui rendre hommage. Il faudra peut-être le faire revenir une dernière fois à la rentrée pour ça.