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Réforme des retraites: Pourquoi les footballeurs seront parmi les grands perdants

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Le projet de réforme des retraites, avec la perspective de la mise en place d’un système universel, enflamme le débat national en France. L’occasion de s’interroger sur le rapport des footballeurs avec les retraites et les cotisations. Régime spécial ou général? Quid des joueurs évoluant à l’étranger? Quel impact la réforme aura-t-elle sur eux? RMC Sport vous livre les réponses.

La retraite des footballeurs, ça marche comment?

Comme pour tous les salariés assujettis au régime général. Les footballeurs sont sous le régime de l’article L 311-2 du Code de la sécurité sociale. "Le footballeur qui touche une rémunération versée par un club en contrepartie de certaines obligations (entraînements, matches, activités, etc.) peut cotiser auprès du régime général", explique le site retraite.com. "Au même titre que les cadres d’une entreprise privée, les footballeurs cotisent tous les mois à partir de leur salaire pour la caisse de retraite universelle des cadres du privé", complète Pierre Rondeau, expert en économie du sport et consultant RMC Sport. Les taux de cotisations, elles-mêmes calculées sur la base de la totalité des revenus découlant de l’emploi de footballeur (les rémunérations perçues pour la commercialisation de l’image collective de l’équipe ne sont pas considérées comme un salaire et ne permettent pas de cotiser pour la retraite), sont les mêmes que ceux des salariés du privé: 14,95% des revenus – part patronale à 8,30%, part de l’employé à 6,65% – dans la limite du plafond de la Sécurité sociale.

Mais les manieurs de ballon ne voient pas le retour de cotisations avant longtemps après l’arrêt de leur carrière sportive. Alors que la moyenne d’une carrière professionnelle est de six années et demie selon l’UNFP, les footballeurs doivent attendre l’âge légal de départ à la retraite pour faire valoir leurs droits et bénéficier de leur pension. "Quand bien même il prenne sa retraite sportive à trente-cinq ans, le footballeur n’aura pas le droit de toucher les parts de retraite cotisées à cet âge-là, explique Pierre Rondeau. Il devra attendre. Si un joueur a signé son premier contrat professionnel avant l’âge de vingt ans, il pourra prendre sa retraite officielle à soixante ans. Si c’est après vingt ans, il pourra prendre sa retraite à taux plein à soixante-deux ans. Mais entre trente-cinq et soixante ans, au nom de la loi, il ne touche rien, même s’il a cotisé, même s’il a dû arrêter sa principale activité professionnelle, même s’il a parfois cotisé beaucoup d’argent. Il y aura cette période de latence."

Julien Féret, un joueur qui a pris sa retraite à l'issue de la saison dernière
Julien Féret, un joueur qui a pris sa retraite à l'issue de la saison dernière © Icon Sport

Une fois les crampons raccrochés, il faut donc trouver un autre job et cotiser le nombre de trimestres suffisant. Le tout pour une pension calculée comme pour tous les salariés du régime générale (jusque-là en tout cas) sur la moyenne des vingt-cinq meilleures années, ce qui inclue celles sur les terrains mais aussi beaucoup d’autres dans l’après-foot. Bref, pas de quoi inciter les footballeurs à s’intéresser à la question lorsqu’ils sont encore en activité. "Est-ce que les joueurs pensent à leur retraite? Pas du tout ou très, très peu, estime Pierre Ducrocq, ancien joueur pro devenu agent et consultant RMC Sport. Tu es dans une profession où tu y penses encore moins que les autres car tu sais que tu en as pour entre dix et quinze ans de carrière, pas plus, donc la retraite te semble encore plus abstraite. Tu sais que tu cotises mais qu’il va falloir faire quelque chose d’autre derrière, travailler, si tu veux avoir le total des cotisations nécessaires dans le régime général. En tant qu’agent sportif, on est amené à en parler avec nos joueurs qui parfois peuvent se poser un peu la question mais c’est finalement assez vite évacué. On leur conseille surtout de conserver tous leurs documents pour avoir toutes les traces nécessaires." 

Et Philippe Lafon, directeur général de l'UNFP (le syndicat des joueurs professionnels), d’enfoncer le clou: "Déjà, leur parler de reconversion est difficile. Le footballeur ne pense qu’à jouer, la retraite est bien loin pour lui. Il peut y penser à travers un patrimoine qu’il essaie de se constituer pour plus tard mais pas d’un point de vue de se demander ce qu’il fera ou ce qu’il percevra à la retraite. A l’UNFP, on axe donc d’abord sur la reconversion car 90% seront obligés d’avoir une activité après leur carrière. Ils sont très peu à être à l’abri financièrement et ceux-là auront aussi un intérêt social ou culturel à avoir une activité donc on axe beaucoup sur l’aspect formation et l’après-carrière pour ne pas la subir mais en être acteur en la préparant au mieux."

Pourquoi les footballeurs ne bénéficient-ils pas d’un régime spécial?

Parce que ça coûterait bonbon à l’Etat. "Dans le cadre français, il n’existe quasiment aucun régime spécifique pour les sportifs professionnels, footballeurs compris, constate Pierre Rondeau. Le seul régime qui existe pour les sportifs de haut niveau, c’est celui des danseurs de l’Opéra de Paris, qui date du XVIIe siècle et qui est uniquement propre à eux." Et pourquoi pas les autres? Chargé d’enseignement aux Universités Lyon 3 et Paris 1, Xavier Aumeran expliquait cette spécificité "davantage un vestige de l’histoire qu’un modèle pour l’ensemble des activités sportives" dans La lettre de l’Observatoire des Retraites de janvier 2018: "La logique apparaît difficilement transposable à l’ensemble des sportifs". Et de conclure: "Un régime spécial propre aux sportifs rémunérés nécessiterait, au regard du nombre important d’assurés sociaux concernés, une subvention colossale de la part de l’Etat." 

Pas faux. Les footballeurs remplissent pourtant les critères qui ont permis aux danseurs l’Opéra de conserver leur régime. "On pourrait même englober tous les sportifs de haut niveau", constate Pierre Ducrocq. "On pourrait supposer que les footballeurs devraient se manifester pour exiger un régime spécifique, approuve Pierre Rondeau. De quel droit devrait-on supposer qu’un footballeur qui a dix ou quinze ans de carrière ne pourrait pas, au même titre que les danseurs de l’Opéra de Paris, toucher une retraite à la fin de sa carrière? Comme ces danseurs, ils n’ont pas fait d’études et ont arrêté l’école à quatorze ou seize ans, ils ne sont souvent pas diplômés et ils vont devoir arrêter leur carrière à trente-cinq ans quand tout le monde s’arrête à soixante."

Les danseurs et danseuses de l'Opéra de Paris bénéficient du seul régime spécial pour des sportifs de haut niveau en France
Les danseurs et danseuses de l'Opéra de Paris bénéficient du seul régime spécial pour des sportifs de haut niveau en France © AFP

Mais il y a un gros hic. "Le régime des danseurs de l’Opéra de Paris est financé en partie par le ministère de la Culture et ne concerne que 150 personnes dans toute la France, qui peuvent prendre leur retraite à taux plein dès l’âge de quarante ans soit au moment de leur retraite sportive, reprend Pierre Rondeau. Ils peuvent donc toucher leur retraite au moment de leur retraite sportive. C’est justifié par le fait que ça ne concerne que peu de personnes, à des salaires inférieurs à 10.000 euros par mois et avec une retraite plafonnée aux alentours de 7000 euros par mois. Si on imaginait élargir ce régime spécifique aux footballeurs, on supposerait que les 600 footballeurs professionnels en France pourraient toucher leur retraite dès l’âge de trente-cinq ans, avec un montant de la retraite calculée à partir de leurs cotisations entre dix-huit et trente-cinq ans. Il faudrait le déterminer mais supposons que le taux soit de 70%: avec un salaire mensuel moyen en Ligue 1 de 45.000 euros, on pourrait s’imaginer qu’il faudrait verser 30.000 euros par mois de retraite aux footballeurs retraités dès l’âge de 35 ans et jusqu’à leur mort, et ce tous les ans! Ce serait un gouffre financier incommensurable. Et ce ne serait pas financé par le ministère de la Culture mais par celui des Sports, qui voit déjà ses dotations baisser. Le coût financier très élevé ne pourrait pas être compensé par les ressources du ministère." 

Dans l’absolu, on l’a vu, cela n’aurait pourtant pas été une hérésie. Sauf sur le plan financier. Alors les footballeurs doivent s’adapter. "Tu es footballeur pendant quinze ans et derrière tu es consultant, entraîneur, ou tu es complètement sorti du milieu du football et tu fais autre chose, comme ça peut se faire dans n’importe quelle profession, rappelle Pierre Ducrocq. Sauf que là, tu as peut-être eu la chance de gagner très, très bien ta vie. La difficulté est que tu mets tout entre parenthèses très jeune, notamment les études, et que tu es amené à bosser très tôt. C’est là où le pécule de fin de carrière intervient, mais aussi l’intelligence de chaque individu à se préparer pour la suite. L’intelligence et puis le courage et l’envie. A un moment donné, il ne faut pas être fainéant, il faut y aller, bosser, parfois remettre le nez dans des cahiers. C’est aussi la culture du travail. Il ne faut pas se dire qu’on fait une carrière de quinze et qu’ensuite on est tranquille toute sa vie. Ça arrive pour certains mais c’est très rare."

C’est quoi ce pécule de fin de carrière?

S’ils ne touchent pas leur pension de retraite avant soixante ou soixante-deux ans, les footballeurs professionnels peuvent percevoir une somme d’argent très vite après l’arrêt de leur carrière sportive. L’UNFP leur propose en effet depuis 1964 le "pécule de fin de carrière", régime complémentaire géré avec la LFP et l’UCPF (syndicat des clubs professionnels) via l’assureur Axa. "C’est un régime de solidarité qui permet aux joueurs de régler la dernière année d’impôt après leur carrière et d’engager la reconversion à travers une activité commerciale, un magasin, un investissement particulier, pour exercer leur vie future", résume Philippe Lafon. "C’est une aide en plus intégralement privée, qui ne dépend pas du système de la Sécurité sociale, précise Pierre Rondeau. Même s’il y a une réforme des retraites, ce ne sera donc pas supprimé." 

L’idée? Les clubs (2,5%) et les joueurs (4%) cotisent chaque mois, sous le libellé "prévoyance LFP", avec en plus le syndicat qui rajoute au pot à hauteur d’environ un million d’euros par an, pour constituer "une caisse de prévoyance" (site de l’UNFP). "Il faut avoir exercé au moins quatre ans d’activité professionnelle ou fédérale en France, en ayant été professionnel au moins un an, pour en bénéficier, poursuit Philippe Lafon. Tous les joueurs professionnels en France y ont droit, même un étranger. Si ce dernier n’a pas fait quatre ans en France, il y a remboursement des cotisations. Il ne perdra donc pas d’argent. Par contre, les joueurs français qui partent à l’étranger stoppent ce régime qui n’est applicable qu’en France. D’autres pays, comme la Belgique, l’Angleterre ou l’Italie, ont également un pécule spécifique à eux, avec des pourcentages différents, qui permet au joueur de compléter."

"Là où c’est intéressant, c’est que c’est une aide payée par tous les joueurs et universelle, reprend Pierre Rondeau. Qu’on soit Neymar ou le dernier joueur de Ligue 2, qu’on ait un salaire de 36 millions d’euros par an ou de 3000 euros par mois, on paiera une somme. Et tout le monde pourra en bénéficier. Les footballeurs participent au pot commun de la retraite universelle et en même temps se financent un pot commun de façon autonome." "Ce dispositif permet d’avoir la même somme pour tous", insiste Philippe Lafon. Tous les joueurs cotisent en effet à un taux identique tout au long de leur carrière, même si le pourcentage de cotisation est plafonné, les mieux rémunérés cotisant donc plus qu’ils ne toucheront. Mais toucher quoi, dans les faits?

Benjamin Nivet (au centre) va pouvoir toucher un bon pécule après 23 ans de carrière professionnelle
Benjamin Nivet (au centre) va pouvoir toucher un bon pécule après 23 ans de carrière professionnelle © Icon Sport

Six mois au moins après la fin de leur carrière, et sans délai de prescription même si le montant sera calculé au maximum trois ans après l’arrêt de la carrière pour cadrer avec le niveau du pécule du moment, les anciens footballeurs professionnels peuvent contacter l’UNFP – et pour être précis Virginie Eberhard, dont le numéro de téléphone est précisé sur le site du syndicat pour permettre aux joueurs de savoir comment faire la démarche pour constituer un dossier, ce qui peut parfois prendre "plusieurs mois" – et réclamer un montant soumis à cotisations et donc imposable (depuis 1991) correspondant à "une base annuelle multipliée par le nombre d’années de contrat professionnel ou fédéral effectuées par le joueur". Aucune obligation d’être adhérent à l’UNFP n’est exigée.

Avec un pécule annuel de 8700 euros brut (8200 en 2018, l’UNFP tentant de l’augmenter chaque année), un Benjamin Nivet qui vient de dire adieu aux pelouses après 23 ans de carrière va ainsi pouvoir toucher près de 190.000 euros! De quoi voir venir pour la suite et entamer sa reconversion avec sérénité. Logiquement, le pécule intéresse donc plus les néo-retraités que les cotisations pour toucher sa pension de retraite à au moins soixante ans. "En fin de carrière, 99% des footballeurs pensent plus au pécule de l’UNFP, qui est quelque chose de beaucoup plus concret, confirme Pierre Ducrocq. Tous les joueurs sont au courant. Et s’ils ne le sont pas, ils sont mis au courant par leur entourage. L’UNFP se charge aussi de les informer au fur et à mesure et surtout à la fin de carrière pour leur stipuler qu’ils peuvent récupérer leur pécule. Ça permet de redistribuer un peu. C’est une sorte de parachute pour attendre ta retraite normale mais c’est surtout quelque chose qui te permet, en général pendant un, deux ou trois ans, de pouvoir avoir une somme d’argent qui te permette de basculer sur autre chose et de ne pas être dans la nécessité, pour se former à un nouveau métier par exemple." 

Car l’idée du footballeur nanti et à l’abri toute sa vie ne touche que la partie émergée de l’iceberg. "C’est vrai pour un tout petit pourcentage de joueurs mais c’est complètement faux pour une grosse partie, pointe Pierre Ducrocq. On ne va pas pleurer mais quand certains joueurs finissent une carrière où ils ont joué sous contrat fédéral pendant dix-quinze ans dans des petits clubs de Ligue 2, où ils ont gagné des salaires confortables sur le moment entre 6000 et 8000 euros, ce ne sont pas des salaires qui te permettent de te mettre à l’abri pendant vingt ans et d’avoir fait des investissements immobiliers dans tous les sens ou des choses comme ça. C’est donc un pécule qui est le bienvenu pour ces joueurs-là." Et qui n’est pas la seule aide apportée par l’UNFP aux retraités du ballon rond. "Certains nous demandent de les accompagner au-delà du pécule, raconte Philippe Lafon. Certains n’ont pas les cotisations reconnues, ont des fiches de paie qui manque, cet aspect de reconstitution de carrière qui est parfois difficile même s’il sera de plus en plus facile avec les nouveaux outils mis en place."

Pourquoi les footballeurs vont être parmi les grands perdants de la réforme?

C’est sans aucun doute l’idée la plus provocatrice quand on étudie les retraites des footballeurs. Doivent-ils descendre dans la rue pour manifester contre la réforme? Sur le plan de l’éthique ou de la morale, quand on parle de gens qui tapent dans un ballon pour gagner en général bien mieux leur vie que le citoyen lambda, on tend vers un grand non. Mais quand on étudie la chose de près... Soumis au régime général, les footballeurs voient leur pension calculée sur la moyenne de leurs vingt-cinq meilleures années sur le plan du salaire. "Un footballeur qui a dix ans de carrière sportive et qui ensuite se reconvertit comme consultant, coach ou vendeur, peu importe, pouvait se dire que sur sa moyenne des vingt-cinq meilleures années, ils allaient prendre ses dix ans de footballeur à salaire très élevé et quinze d’un autre métier à un salaire plus faible, explique Pierre Rondeau. Avec ce projet de réforme, on calculera sur l’ensemble des quarante-deux années, soit l’intégralité de la carrière. Les footballeurs peuvent donc s’inquiéter d’une perte financière et se dire qu’ils vont être perdants puisqu’on calculera maintenant sur quarante-deux ans avec environ trente-deux ans d’un salaire bien plus faible que celui d’un footballeur avec même souvent des périodes de chômage."

Les footballeurs de Ligue 2 (ici Orléans) pourraient être parmi les grands perdants du projet de réforme des retraites
Les footballeurs de Ligue 2 (ici Orléans) pourraient être parmi les grands perdants du projet de réforme des retraites © Icon Sport

On comprend vite que les footballeurs professionnels d’en bas, ceux qui traversent leur carrière dans des clubs de Ligue 2 ou National, seront bien ceux en première ligne. Pas les Kylian Mbappé ou l’aristocratie du ballon rond, qui ont de toute façon de quoi voir venir. Mais l’opinion publique ne pourrait sans doute pas accepter de protestations de la part d’une profession dans laquelle la frange supérieure s’en met plein les fouilles. "J’ai très envie de dire, et ce sont mes convictions personnelles, que ce serait malvenu pour quelqu’un qui a la chance de faire une profession qui gagne très bien sa vie pour la partie émergée de l’iceberg de dire que la réforme ne va pas être à notre avantage et de descendre dans la rue manifester, estime Pierre Ducrocq. Il y a des gens bien plus en difficulté que ça. Quand tu as la chance pendant dix-quinze ans de gagner bien ta vie voire très bien ta vie, à toi de t’organiser pour mettre un peu de côté, investir, assurer la suite en faisant des formations pour pouvoir enchaîner sur autre chose. Tu retombes dans quelque chose de plus normal sur le plan salarial mais tu auras au moins eu quinze ans avec des salaires beaucoup plus costauds que la majeure partie des gens, ce qui est déjà un privilège. A un moment donné, il faut que tout le monde fasse des efforts et revienne à des choses plus adaptées avec le monde d’aujourd’hui. On ne peut pas tous rester sur nos acquis ou nos petits privilèges de 1960 ou de 1980."

Et l’ancien joueur, entre autres, du PSG de conclure: "Le petit footballeur va vraiment être impacté sur ce qu’il touchera à la retraite par cette réforme, bien sûr. A lui de préparer la suite encore plus que le footballeur de Ligue 1 qui peut se mettre plus à l’abri et prendre un peu plus de temps pour voir tout ça." Un avis partagé par Philippe Lafon et l’UNFP: "Ce sera forcément moins bon pour eux quand on regarde les chiffres sur le papier. Mais ce n’est pas aux footballeurs de se plaindre car les réformes se font de manière générale et solidaire donc si on veut qu’un système puisse être pérenne, il faut l’accepter. Le footballeur sera impacté d’une manière ou d’une autre. A lui de prévoir son après-carrière d’un aspect professionnel, avec une activité, et d’un aspect patrimoine."

Quid des étrangers jouant en France et des joueurs français évoluant à l’étranger?

C’est la dernière question qui intrigue sur ce sujet. Les joueurs étrangers évoluant nous, et inversement, ils font comment? Pour la première partie, l’idée est assez simple: aucune cotisation, pendant un temps tout du moins. "En France, on a voté un régime spécial pour les impatriés, et notamment tous les étrangers qui n’ont jamais travaillé en France et qui viennent s’y installer, explique Pierre Rondeau. Ce régime exonère de cotisations retraite pendant une période de cinq ans. C’est une baisse d’impôts pour eux mais aussi une absence de cotisations. Neymar, par exemple, ne paie pas de cotisation retraite actuellement mais ne cotise pas non plus pour la retraite. S’il reste six, sept, huit ou neuf ans en France, il cotisera pour la retraite commune et donc la sienne après ces cinq premières années. Il pourra donc espérer demander une partie de ses cotisations quand il aura soixante ou soixante-deux ans."

Neymar (premier plan) ne cotise pas en France quand Kylian Mbappé continuera de le faire s'il part un jour en Espagne
Neymar (premier plan) ne cotise pas en France quand Kylian Mbappé continuera de le faire s'il part un jour en Espagne © Icon Sport

Et nos expatriés tricolores dans tout ça? "Pour les joueurs français qui évoluent à l’étranger, ça dépend des accords qui existent entre les pays, poursuit notre expert en économie du sport. Pour les pays de l’Union européenne, la plupart du temps, il y a un accord avec la France et ce que vous cotisez dans le pays étranger revient à la caisse de retraite nationale." Parmi les championnats dans lesquels nos joueurs s’exportent le plus, seule la Premier League verse dans l’incertitude sur ce plan à moyen terme. "La question pourrait se poser, mais on n’a pas la réponse pour l’instant, concernant le Brexit, reprend Pierre Rondeau. Si les Anglais le confirment, comment se passeront ces accords de cotisations pour les joueurs français évoluant outre-Manche? Est-ce que les cotisations payées avec leur contrat anglais seront automatiquement transformées en cotisations en euros en France ou disparaîtront et resteront dans le giron britannique?" 

Alexandre HERBINET (@LexaB)