Rennes: une interdiction de stade requise contre le père du jeune qui a agressé le directeur du centre de formation

L'agression avait eu lieu le 23 avril dernier au centre d'entraînement de la Piverdière au terme d'une défaite de l'équipe réserve du Stade Rennais contre le Stade Brestois. Ce vendredi, Robert Françoise était poursuivi pour avoir volontairement commis des violences ayant entrainé une incapacité de travail à la victime supérieur à huit jours (en l'occurrence quinze jours). Lors de l'audience, la juge a rappelé le déroulé des faits.
Robert Françoise a regretté son geste
Trente minutes après le match, Denis Arnaud a été agressé par l'accusé alors qu'il regagnait son véhicule. Présent au bord du terrain, Robert Françoise aurait refusé de lui dire bonjour puis l'abousculé, frappé et plaqué contre un grillage avant que des témoins interviennent. Le père du joueur a notamment reproché à Denis Arnaud que son fils Noah soit laissé libre de tout contrat pour la prochaine saison, ce que la victime a réfuté. Après l'agression, le directeur du centre a souffert d'une fracture d'une côte, de lésions, de douleurs et d'une réaction anxieuse sévère. Il n'avait pas pu reprendre son travail et avait eu quinze jours d'arrêt. Le centre de formation du Stade Rennais avait été mis à l'arrêt durant trois jours.
Devant le tribunal, Robert Françoise a regretté son geste et reconnu avoir poussé Denis Arnaud mais nié avoir donné ce coup de poing dans les côtes. "Je ne vais pas me défausser de mes responsabilités. J'aurais dû avoir eu avoir la hauteur nécessaire pour me contrôler. Je ne désirais pas le saluer car cela faisait plusieurs mois qu'on avait des relations de convenances. J'ai insisté sur ce que je lui reprochais et il m'a dit "qu'est-ce que vous allez faire?" C'est ce mot, cette phrase qui m'a marqué mais je n'aurais pas dû en arriver là. On s'est écharpé. Je l'ai repoussé. Je l'ai attrapé. Je suis revenu deux fois à la charge car il me provoquait mais je ne lui ai jamais donné un coup. Je ne vais pas me défausser car c'est un acte stupide et égoïste. Sur la vidéo, on ne me voit pas asséner de coup et je ne l'ai jamais fait".
"La vraie victime c'est Noah, mon fils"
Pour expliquer les mauvaises relations, Robert Françoise a expliqué que les relations avec le directeur du centre se passaient mal dès la signature du premier contrat professionnel de son fils, affirmant que Denis Arnaud aurait notamment appelé le sélectionneur national Landry Chauvin en charge des U19 pour ne pas prendre Noah en équipe de France jeunes et que quand Bruno Genesio est arrivé au club, il avait caché au coach rennais que son fils avait un contrat professionnel. "Je ne suis pas là pour me défausser car la vraie victime c'est Noah, mon fils", a déclaré l'accusé coupé sèchement par la juge. "Non la victime, c'est d'abord M. Arnaud. Vous êtes poursuivi pour des faits violents, Monsieur. La première victime, c'est lui".
Le syndicat des entraineurs et éducateurs, l'UNECATEF, présent en tant que partie civile et représenté par Maitre Didier Lacombe, a réclamé une condamnation. "Agresser un entraineur, c'est agresser chaque éducateur. Dans la presse, les récits d'agression se multiplient chaque semaine. Le fond de cette histoire, ce n'est pas Noah mais les ambitions de son père qui espère que son fils sera le prochain grand joueur, le prochain Mbappé. Mr Françoise regrette mais n'a fait que se plaindre de lui-même. Il assume ces gestes mais se présente comme la victime. Cette agression a créé un grand émoi. C'est un mauvais message qui demande condamnation".
Délibéré rendu le 28 juin
Maitre Thierry Fillion, l'avocat de Denis Arnaud et du Stade Rennais, continue: "Au Stade Rennais, cette affaire a beaucoup ému car M. Arnaud est le chef de 25 éducateurs représentant 150 joueurs et le Stade Rennais est reconnu pour sa formation. C'est évidemment catastrophique en termes d'images et cela a perturbé la vie du club. Le plus important c'est Monsieur Arnaud qui est toujours très marqué, fragile psychologiquement. Il s'inscrit totalement en faux avec les allégations de M. Françoise. Il n'a jamais voulu nuire à la carrière de Noah. Et rien ne peut justifier le comportement de M. Françoise. C'est d'une extrême violence".
Le procureur a évoqué les valeurs du foot "le respect des autres et de soi. C'est un sport de valeur de fair-play et du contrôle de soi et dans cette affaire, on a tout le contraire. Ce n'est pas qu'un coup de sang. Trois fois minimum, Mr Françoise revient à la charge sur M. Arnaud. Quels que soient les griefs qu'il peut avoir contre la victime, quand on laisse son fils dans un centre de formation, on le laisse comme dans une école et on n'a pas à intervenir dans les choix". Le procureur réclame une peine de 800 euros d'amende, l'obligation d'un stage de citoyenneté, une interdiction de contact avec Denis Arnaud et une interdiction de pénétrer dans une enceinte sportive pendant un an. Le délibéré sera rendu le 28 juin prochain.