Toulouse : comment Dupraz a réussi son pari

Désormais, on sait qui accompagnera Troyes en Ligue 2 la saison prochaine. Et c’est un petit exploit pour Toulouse, qui était encore bloqué à dix points du premier non-relégable au soir de la 28e journée, quasiment condamné à accrocher le wagon pour l’échelon inférieur. Car ce ne sera pas le club d’Olivier Sadran que l’on retrouvera la saison prochaine à l’étage inférieur, mais Reims et le GFC Ajaccio. Ce fameux soir de mars, le président du TFC décide de créer un électrochoc au sein de l’effectif en remerciant Dominique Arribagé et en nommant Pascal Dupraz, un habitué des « missions commandos » avec Evian TG.
De quoi faire renaître l’espoir puisqu’après un nul inaugural à Marseille que le nouveau coach violet a vécu à l’hôpital à la suite d’un malaise à l’entraînement, suivi de trois victoires sur les cinq derniers matchs de championnat (contre Bordeaux, Caen et Bastia), Toulouse gardait une chance de maintien à l’aube de l’ultime journée du championnat. Chance qu’il a saisi, au terme d’une soirée complètement folle. Avant de se déplacer à Angers ce samedi, le TFC, 17e, a un point d’avance sur Reims et le Gazélec Ajaccio. Donc son destin en main. L’opération maintien est en passe d’être une réussite, mais le scénario est fou. Alors que Reims étrille Lyon (4-1), Toulouse, deux fois mené au score (1-0 puis 2-1), manque de sombrer. Mais s’accroche et finit par renverser la vapeur.
"J’ai pris le taureau par les cornes"
La raison du renouveau toulousain ? Le fait que, et c’est ce qui a séduit le président Sadran lorsqu’ils se sont rencontrés, Pascal Dupraz n’a jamais évoqué la Ligue 2. Dans son esprit, l’opération sauvetage a toujours été de l’ordre de l’envisageable. Et il n’a jamais voulu se résoudre à préparer une saison en deuxième division. Le technicien l’explique d’ailleurs mieux que personne, pour atteindre l’objectif de la remontada, il fallait poser les bases du succès. « J’ai pris le taureau par les cornes, explique-t-il. Pour moi, il y a un cadre à respecter. Une fois que le cadre est défini, c’est plus facile de le respecter. Donc j’ai commencé par définir un cadre. Et puis je m’aperçois que ce cadre, peu à peu, on le respecte. Et puis à l’intérieur de ce cadre, il y a de la vie, il y a des joueurs avec toutes leurs ressources. Et ce que chacun des joueurs doit amener à ce groupe, c’est ces ressources justement. Si on y ajoute un supplément d’âme, on peut peut-être créer le truc. »
Il a aussi fait des choix
Le nouveau coach toulousain a également dû faire des choix, en « bousculer » certains, imposer des règles, comme la ponctualité. Le jeune Zinédine Machach est le premier à en avoir fait les frais, direction l’équipe réserve. Il n’hésite pas non plus, un soir de victoire face à Bordeaux, à dire devant les médias que certains n’adhèrent pas encore au projet. Akpa Akpro et Spajic étaient notamment visés. Il fait du management, caresse parfois ses joueurs dans le sens du poil, comme lorsqu’il est dithyrambique au sujet de Ben Yedder et Braithwaite. Et quand il le faut, il brandit le bâton. Ça marche, le groupe adhère, obtient trois succès en cinq matchs, en sachant que le match nul à Lorient aurait pu se transformer en victoire si Ben Yedder ne s’était pas vu refuser injustement un but.
Avec l’appui de Ben Yedder… et du banc
Wissam Ben Yedder, « un bonbon » comme le dit Pascal Dupraz, pour lequel il a plus la grande attention. Symbole du renouveau de l’équipe, il a d’ailleurs inscrit sept de ses seize buts en Ligue 1 sur les sept matchs de la nouvelle ère Dupraz. Dont un déterminant ce samedi soir, celui du 1-2, qui a maintenu en vie des Toulousains en proie au doute. C’est plein d’émotions que le joueur toulousain, amené à voler vers d’autres cieux, a quitté le terrain d’Angers. Certes, Pascal Dupraz avait dit à ses joueurs « qu’il s’occupait de la dernière journée ».
Mais le pari du « Coach » n’aurait pas été possible sans l’apport de son totem en attaque… et, aussi, du reste de son groupe. Celui qui a adhéré et cru à son discours. La preuve ultime ? C’est son banc de touche – Trejo et NInkov passeurs décisifs, Bodiger buteur – qui a renversé Angers. L’issue du feuilleton du maintien. Et toute une ville.