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"Cela peut faire avancer les choses": l'ancien arbitre Nicolas Pottier explique son coming out après la polémique Gueye

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Nicolas Pottier, ancien arbitre international français, a décidé de faire son coming out en réaction au refus d’Idrissa Gueye, milieu de terrain du PSG, de porter un maillot pour lutter contre l’homophobie le week-end dernier. Après son témoignage en début de semaine sur RMC, l'ancien officiel en a dit un peu plus.

La polémique Idrissa Gueye l’a poussé à franchir le pas. Nicolas Pottier (42 ans), ancien arbitre international français, a fait son coming out sur les réseaux sociaux lundi en réaction au refus du milieu de terrain parisien de porter le maillot floqué d’un numéro aux couleurs arc-en-ciel pour lutter contre l’homophobie.

Après s'en être expliqué en début de semaine sur RMC, l'ancien officiel en a dit un peu plus sur sa décision de communiquer.

"Certains arbitres m’en ont voulu de m’être exposé"

"Cela faisait 10 ans que cela me rongeait, confie-t-il à Ouest-France. Mais il me fallait un angle d’attaque, une opportunité. Elle est venue avec une question d’actualité, sur l’affaire Gana Gueye. J’avais twitté pour condamner son attitude, un journaliste m’a appelé. J’ai pensé que c’était le moment… Je me dis juste que cela peut faire avancer les choses. Aider tous ceux et celles qui vivent la même chose que moi, mais n’osent pas l’exprimer. Des gamins de 14, 15 ans, ont un courage incroyable de le faire. D’autres ne le font pas, ou sont exclus de leur famille pour ça."

Il témoigne de la manière dont il a vécu son homosexualité durant sa carrière. "Caché, longtemps, explique-t-il. J’ai commencé à arbitrer en L1 à 26 ans, en 2005. Pendant cinq ans, j’ai vécu totalement caché. Avec un néant en matière de vie sociale. Pas question d’aller dans des bars gays. De risquer d’être vu tenant la main d’un garçon. Je ne vivais qu’arbitrage, en ayant peur d’être démasqué. En 2010, je me suis dit que je devais vivre ma vie, et qu’arriverait ce qui arriverait. Mais ça a volé en éclat."

Le suicide de l’un de ses amis, gay, en 2011 l’a fait plonger "au bout de l’enfer" en manquant les tests pour l’Euro 2012, puis ceux pour la Ligue 1. Il confie avoir repris pied à partir de 2013 avec la promulgation de la loi du mariage pour tous. Nicolas Pottier ne pense pas que des joueurs connaissaient son secret pendant son activité d’arbitre qu’il a arrêtée en 2013. "Des joueurs, je ne crois pas, confie-t-il. Des arbitres oui. Et puis certains m’en ont voulu de m’être exposé, parce que cela risquait de les exposer eux aussi."

Les insultes homophobes le motivaient

Pour lui, franchir le pas pour les joueurs s’avèrent encore très compliqué. "Je vois, je ressens des choses, confie-t-il. Mais il y a tellement d’enjeux, de risques à s’exposer dans une carrière courte." Comment vivait-il les insultes homophobes dans les stades? "Ça me motivait. Je me souviens d’un Lorient – Bordeaux en 2010 ou 2011, où pendant 45 minutes on a eu droit à des 'Arbitres, enculés…' C’est un des matches les plus propres qu’on ait arbitrés."

NC