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"Un retour 15 ans en arrière": pourquoi la fin du dialogue entre les groupes de supporteurs et les autorités inquiète

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Ce samedi, lors de son Assemblée Générale organisée à Paris, l’Association Nationale des Supporteurs a annoncé au micro de RMC une rupture totale du dialogue avec les autorités, les services de renseignements et les SLO (personnes en charge de la liaison entre les clubs et les supporters). Cette décision, qui fait suite au processus de dissolution engagé par le ministère de l’Intérieur, est très contraignante pour l’organisation des rencontres partout sur le territoire.

"Pour nous, cette décision est purement politique". Tom, leader des Green Angels, groupe de supporteurs de l’ASSE visé par une procédure de dissolution, se montre ferme au micro de RMC. "Cette décision est politique et elle est dans l’intérêt unique de M. Bruno Retailleau", complète le leader du groupe de fans des Verts. Et d’ajouter: "Au regard de l’impréparation de cette décision, cela montre surtout qu’elle n’a aucun sens. Personne n’a réfléchi aux conséquences dans les tribunes françaises. Aujourd’hui, Bruno Retailleau utilise un bouton uniquement politique et médiatique".

Lors de son Assemblée Générale ce samedi à Paris, l’Association Nationale des Supporteurs a annoncé la fin du dialogue, jusqu’à nouvel ordre, avec les autorités, les renseignements territoriaux, la DNLH et avec les SLO (ces personnes ont la charge de la liaison entre les clubs et les supporters). En clair, avec cette décision forte les autorités naviguent à vue et n’ont plus aucun contact avec les groupes de supporteurs qui soutiennent ce mouvement. Ils sont plus de 150 partout sur le territoire.

"C’est une fausse bonne idée, en matière d’organisation des rencontres sportives et de maintien de l’ordre autour des rencontres", complète Tom.

Sondés par RMC, des SLO et des policiers spécialisés dans la gestion du maintien de l’ordre sont sur la même longueur d’ondes que les groupes de supporteurs concernant les conséquences de ces procédures sur les week-ends de football. Cette décision ne baissera pas le nombre de policiers et gendarmes mobilisés autour des rencontres.

"Détruire les groupes, c'est détruire le dialogue"

Concernant Saint-Étienne, les deux groupes de supporteurs seront entendus le 1er avril par la commission spécialement composée en charge de ce dossier des dissolutions de groupes de supporteurs. "A Saint-Étienne, nous sommes dans une ville de 200.000 habitants, tout le monde nous connait, on n’intervient pas uniquement les jours de matchs. On joue un rôle social dans la ville, avec les jeunes…", explique Tom, au micro de RMC. Les groupes de supporteurs souhaitent aussi mettre en avant qu’aucun autre gouvernement en Europe n’a débuté des procédures de dissolutions contre des groupes de ce type, en dehors du "gouvernement d’Erdogan en Turquie, c’était en 2016".

Pour le moment, la Brigade Loire n’est pas concernée par cette première salve de la procédure du ministère de l’Intérieur. Mais, comme de nombreux groupes français, ils sont solidaires des deux entités stéphanoises. "Détruire les groupes, c’est détruire ce dialogue, complète Romain, porte-parole de la Brigade Loire. Le ministre de l’Intérieur souhaite une diminution des forces de l’ordre autour des matchs, ça sera tout l’inverse. Quand on évoque la dissolution de la structure d’un groupe, on ne parle pas de l’interdiction des membres d’entrer au stade. Les matchs suivants, ils iront dans les kops. La situation ne va qu’empirer".

Les autorités sans interlocuteurs

"Sans les informations qui remontent aux Renseignements Territoriaux ou aux clubs sur la façon dont est organisée une rencontre, cela va créer une crainte encore plus grande pour les autorités locales avec une mobilisation des forces de l’ordre encore plus grande pour anticiper un éventuel risque", ajoute Romain. Cette décision pourrait aussi, selon plusieurs sources institutionnelles, pousser les autorités à augmenter les interdictions de déplacements de supporteurs dans les prochaines semaines.

En temps normal, des réunions de sécurité sont programmées en amont des rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 pour faire un point complet sur les conditions de sécurité. Ces réunions s’appuient notamment sur les fameuses notations de la Division Nationale de Lutte contre l’Hooliganisme et sur les informations de terrain des Renseignements Territoriaux. Ces deux dernières entités se servent énormément des remontées de terrain pour établir leurs rapports et permettre la création d'un dispositif de sécurité adapté autour des matchs.

"Cette absence totale de dialogue, c’est un retour 15 ans en arrière", termine Romain.

Enfin, la rupture de dialogue avec les SLO doit entraîner une prise de position des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 sur ce sujet. "Les clubs doivent aujourd’hui prendre position", affirme l’ANS lors de son AG.

Nicolas Pelletier