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Youssouf Fofana (Monaco): "J’ai pris en maturité"

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Entretien RMC SPORT - En difficulté à l’arrivée de Philippe Clement, le milieu défensif s’épanouit à nouveau aux côtés de son compère Aurélien Tchouaméni. A 23 ans, l’ex-Strasbourgeois a retrouvé des jambes et du rythme au point de séduire son entraîneur. "Ils se sont fait leur place ​eux-mêmes", expliquait Philippe Clement la semaine dernière. Youssouf Fofana ne compte pas la lâcher.

Youssouf, vous avez connu trois mois compliqués de décembre à février à jouer des bouts de matchs alors que vous vous étiez imposé comme titulaire la saison dernière. Comment l’avez-vous vécu ?

Ça fait partie de la carrière d’un joueur et ma période est arrivée. C’était un peu plus compliqué. A ce moment-là j’étais moins prêt physiquement, ça m’a aidé car je me suis concentré sur moi et moins sur ce que je devais faire de plus sur le terrain par rapport à untel ou untel. Je voulais dans un premier temps être à 100% avant d’aspirer à une place de titulaire.

Comment s’est fait ce retour jusqu’à vos récentes bonnes performances ?

J’ai beaucoup parlé avec le coach. Les dix premiers jours qui ont suivi son arrivée je n’avais aucun contact avec lui (il était positif au COVID donc à l’isolement). Quand je suis revenu, on a été présenté comme le duo Tchouaméni-Fofana mais il n’y avait pas le Fofana. Il s’est demandé pourquoi, comment on pouvait travailler pour que ça redevienne comme avant. On y est allé étape par étape, ç’a mis du temps mais le plus important est d’avoir reformer cette paire dans les grands matchs.

Depuis le match contre Lens en Coupe de France (ndlr, 30 janvier) j’ai commencé à faire des retours sur vidéo avec le coach et un membre de son staff ce que je ne faisais pas forcément. Je me suis aperçu que ça fonctionnait bien donc on a poursuivi. Le match face à Paris (victoire 3-0) a été complet pour moi car dans tous les aspects sur lesquels nous avons travaillé j’étais présent. La vidéo m’apporte des petites billes. Quand je n’ai pas pris l’info avant ou que je suis un peu moins lucide je sais que j’ai toujours une solution et la vidéo me permet de la voir, de savoir comment me placer sans forcément regarder autour de moi.

Il y a un mois vous reprochiez à un journaliste, en conférence de presse, qu’on était trop durs avec vous…

On était dans une situation compliquée. Les médias ont comme référence la saison dernière. Dire que nous ne sommes pas au même niveau que l’an dernier et que l’AS Monaco est mort n’est pas convenable. Je trouvais que ça ressortait souvent. On est une équipe jeune, on est souvent sur les réseaux et on échangeait à propos de ça. Ce n’était pas le bon moment pour lire ce genre de choses. Je ne dis pas qu’on avait besoin de personnes qui nous caressent dans le sens du poil mais au moins nous oublier et se concentrer sur les meilleures équipes que nous, ça nous aurait peut-être fait du bien.

On entend ici comme partout l’expression "match après match" mais ces derniers temps c’est devenu très fréquent à Monaco. Est-ce que c’est parce que vous étiez trop focus sur le classement ?

Pour ma part oui. On avait tous un objectif c’était de retrouver la Coupe d’Europe et de faire mieux que la saison dernière c’est-à-dire se qualifier directement pour la Ligue des champions. Durant la saison, on voyait que ça ne se dessinait pas comme on voulait. Dans ce cas-là il faut revenir aux bases, jouer 90 minutes en se disant c’est peut-être le dernier match de la saison il faut le gagner puis ainsi de suite. On voit qu’en ce moment ça nous sourit. On va jouer deux concurrents directs vendredi (Rennes) et mercredi (Monaco). Si on gagne ces deux prochains matchs on est de retour comme compétiteur, on fait peur. Ce sera peut-être trop tard mais on est là quand même.

Vous vous êtes montrés à la hauteur contre les gros du championnat (victoires contre Rennes à l’aller, Marseille, Lens, Lyon, Paris) le plus dur est finalement passé avec Metz et Troyes ?

On devait prouver et montrer qu’on pouvait battre des équipes de bas de tableau, on l’a fait et c’est une bonne chose mais dans le foot il faut toujours prouver. Rennes est une des meilleures équipes cette saison, cela fait quelques années qu’il nous le montre. Il faudra reconfirmer encore qu’on peut aussi battre ceux qui sont devant nous.

Vous retrouverez Jonas Martin que vous avez connu à Strasbourg…

Oui c’était un cadre et moi je venais d’arriver dans le vestiaire. J’ai beaucoup appris de lui que ce soit sur le terrain ou en dehors, comment se comporter dans un vestiaire. On n’a pas échangé avant ce match mais je suis très content de le retrouver pour lui montrer ce que je sais faire.

Philippe Clement est arrivé avec l’étiquette de "gentil" et pourtant il a élevé la voix quelques semaines seulement après son arrivée. Vous aviez besoin d’être bougés ?

Au premier abord quand on rencontre le coach c’est vrai qu’on se dit qu’il est vraiment tranquille mais il est comme tout le monde, quand ça ne se passe pas de bien il va pousser des petits coups de gueule, il nous l’a montré. Il fallait s’acclimater pour lui comme pour nous, je pense qu’il est redevenu beaucoup plus tranquille désormais (rires).

Qu’est-ce qui a changé dans la manière de vous entraîner par rapport à ce que vous faisiez sous Niko Kovac ?

Pour commencer les horaires ont changé, de 9h45 on est passé à 9h et ça ne changera jamais. Quarante-cinq minutes ça compte ! (rires). Au départ on s’entrainait un peu plus longtemps mais avec le coach Kovac c’était beaucoup plus intensif, on avait moins de pauses, c’était vingt secondes pour boire. Le coach Philippe favorise lui la qualité. Si on a besoin de cinq minutes on prend cinq minutes. Ils ont chacun leur méthode, avec le coach Kovac on enchaînait les bornes avant de toucher le ballon, maintenant on intègre le ballon, on prend plus de plaisir parce qu’on est footballeur avant tout (rires). Ensuite, ce n’est pas la même vision du foot. Avec le coach Kovac c’était plus direct et oppressant alors qu’avec le coach Philippe c’est plus calme, patient, dans la durée et je pense qu’on le ressent. Même si on gagne par des petites marges j’ai l’impression qu’on est beaucoup plus dangereux en fin de match.

Vous parliez de la paire Tchouaméni-Fofana, le voir performer en équipe de France fait-il de lui un modèle au poste de récupérateur ?

Aurel c’est Aurel, Youssouf c’est Youssouf, on est deux joueurs différents mais en même temps similaires. Qu’il aille en Equipe de France je trouve ça beau et je le prends pour moi aussi car je suis souvent associé à lui, c’est comme si je l’emmenais vers le haut. Je fais mon truc de mon côté et si on peut y aller à deux on y va hein (rires).

Mercredi prochain, le derby face à Nice sera votre 100e match de Ligue 1, comment analysez-vous votre évolution depuis votre premier match avec Strasbourg ?

Ah bon ? Je ne savais pas (rires). Sur le terrain j’ai eu une grosse progression dès le début avant de stagner quelques mois avant de venir à Monaco. Ensuite il y a eu le COVID, une petite baisse, une petite progression puis une nouvelle petite baisse (il sourit). Je n’ai pas été régulier mais la courbe est assez haute je pense. Sur le plan humain j’ai vraiment évolué, surtout sur les personnes qui m’entourent. J’ai pris en maturité.

A l’AS Monaco vous avez beaucoup de monde à votre disposition mais vous travaillez en plus avec d’autres personnes au quotidien, en lien avec le club.

Oui, en peu de temps j’ai enchaîné les matchs et il fallait mettre des choses en place autour de moi que ce soit un cuisinier, un préparateur mental, physique, un psychologue… si vous m’aviez dit ça il y a trois ans je vous aurais dit non. Je sais maintenant que c’est bénéfique. Mon cuisinier me suit tous les jours depuis un an et demi, je ne faisais pas attention par rapport à mes séances d’entraînement à ce que je mangeais le midi et le soir. Un préparateur physique en plus de celui du club… il y a quelques années c’était non. Un jour de repos était un jour de repos. Là je prends du temps pour m’améliorer, ce n’est pas vraiment poussé, c’est surtout de la prévention. Je pense que ça fait partie de la maturité.

Prochaine étape, un coach personnel pour travailler devant le but ? (Il est toujours à la recherche de son premier but en L1 cette saison)

Franchement je l’ai déjà au club après si je peux le prendre en dehors c’est top aussi. Je me mets dans des positions de frappe plus intéressantes, elles paraissent plus dangereuses qu’avant, sont beaucoup plus cadrées, j’espère maintenant que ça rentrer. Pour ma 100e en Ligue 1 dans le derby ? Ce serait top (rires).

Clément Brossard