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Ce qui attend Helena Costa à Clermont

Helena Costa est très attendue en Auvergne.

Helena Costa est très attendue en Auvergne. - -

Une femme sur le banc d’un club de foot professionnel, c’est une grande première en France. Depuis l’annonce de la nomination d’Helena Costa, le Clermont Foot (L2) est au centre de tous les attentions. Et ce n’est sans doute que le début.

« Les gens sont étonnés, mais des femmes sont managers de F1, chefs d’entreprise ou font de la politique. Alors pourquoi pas dans le football ? » Claude Michy, le président du Clermont Foot, plante le décor. Depuis mercredi matin, son club d’habitude si calme est submergé par la vague Helena Costa. L’homme fort du stade Gabriel-Montpied vient de réaliser un gros coup en nommant sur son banc la saison prochaine la première femme entraîneur d’un club pro de football en France. « C’est évident que cela permet de parler du club. Dans ma décision, ce fut un des éléments. Ce sera une attractivité. C’est un coup médiatique », avoue-t-il sans détour.

Les 17 joueurs actuellement sous contrat ont appris la nouvelle le matin même. Avec surprise. « Tout le monde m’en parle, m’appelle, ou me contacte sur les réseaux sociaux. C’est impressionnant, lâche le défenseur Emmanuel Imorou. On mesure l’engouement que cela suscite. ». Pour le Béninois et ses partenaires, cette nouveauté génère beaucoup de curiosité : « On s’est interrogé sur ce que ça allait changer, sur sa rigueur, sur son approche du foot, etc. Avec quelques blagues, concède-t-il. Est-ce qu’elle va réussir à se faire respecter ? Comment cela va se passer si elle entre dans le vestiaire et que l’on est sous la douche ? Ces questions sont présentes.»

Imorou : « Elle va devoir s'imposer tout de suite »

Son coéquipier Jacques Salze estime lui que ce ne sera pas une révolution à Clermont : « On a déjà la particularité d’avoir une kiné femme. Le fonctionnement du vestiaire ne variera pas. De toute façon, on lui devra l’autorité, c’est notre coach. » Si Helena Costa arrive avec des bagages solides dans le Puy-de-Dôme (formation de Benfica, équipes féminines de Odivelas, sélections du Qatar et de l'Iran, recruteur pour le Celtic), la question sur sa légitimité n’a pas tardé à fuser. Claude Michy s’y est d’ailleurs préparé : « Certains vont peut-être dire qu’ils ne souhaitent pas être entraînés par une femme. Ça fait partie du jeu. Il n’y a jamais 100% de satisfaits.»

Pour Imorou, la technicienne portugaise de 36 ans va devoir convaincre. « Les femmes et le foot peuvent avoir un rapport compliqué pour certaines personnes. Elle sait très bien qu’elle sera attendue. Pas spécialement par les joueurs, mais par la presse et par les supporters. Elle va subir énormément de critiques. Elle va devoir s’imposer tout de suite. » Les Clermontois s’attendent à un renouveau, qui passe par une adaptation réussie. « Les ambitions sont d’évoluer toujours plus haut, se structurer encore, reprend Salze. Elle va être épaulée par le staff. Je ne sais pas si elle nous connaît, mais elle fera confiance aux personnes qui nous suivent déjà. » Helena Costa n’a pas encore posé le pied en Auvergne que les attentes sont déjà grandes. Et ses premiers pas promettent d’être scrutés de très près.

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Michy n’en est pas à son coup d’essai

Claude Michy aime les challenges. Le président clermontois avait notamment débauché Régis Brouard chez les amateurs de l’US Quevilly suite à leur parcours exceptionnel lors de la Coupe de France 2010. Et il est fier de tenter ce nouveau pari nommé Helena Costa « On peut se permettre d’essayer, confie-t-il. Des fois il vaut mieux être précurseur que suiveur, même si le risque est plus important.  C’est nouveau, mais il faut bien que les choses changent un jour. ». Ce passionné d’automobile a commencé par changer lui-même, en mettant son caractère de côté, comme il explique avec humour : « Quand j’ai choisi Michel Der Zakarian ou Régis Brouard, je l’ai fait par instinct. Là, c’est pareil. J’ai essayé de ne pas être ébloui parce que je parlais à une femme. J’ai tendance à être macho.»

La rédaction