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Créteil : Froger raconte son agression

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Victime d’une agression en présence de salariés du club fin août au stade Duvauchelle, sur son lieu de travail, Thierry Froger est en arrêt maladie jusqu’au 20 septembre. L’ancien entraîneur de Lille va-t-il rester sur le banc de Créteil (L2) ? Il a témoigné dans Luis Attaque, ce mercredi sur RMC.

Thierry Froger, êtes-vous toujours l’entraîneur de Créteil ?

Pour l’instant, je le suis toujours officiellement. Mais je suis toujours en arrêt maladie.

Racontez-nous cette agression…

Sur mon lieu de travail, une personne, qui ne souhaitait pas me dire bonjour et que j’ai interpellée pour savoir ce qu’elle faisait là, m’a mis une baffe qui m’a fait reculer de deux mètres. C’était en présence de deux salariés du club, face au vestiaire des joueurs et à quelques mètres du vestiaire du staff. J’ai porté plainte. L’agresseur dit que je lui ai mal parlé, que je l’ai poussé et qu’il a mal réagi. Cette interprétation a été confirmée par les deux témoins. Le souci, c’est qu’il y a une caméra dans les couloirs. Sur une photo prise de ces images, on me voit plié en deux en train de me tenir la joue gauche. C’est à l’endroit où j’ai pris la baffe qui m’a fait reculer de deux mètres. Ce sont des salariés du club mais ils soutiennent la version de la personne en face. Ils ont dit que je lui avais dit : « Dégage ! » Mais quand je leur montre cette photo, ils ne savent pas pourquoi je suis comme ça.

Qui était cette personne qui ne souhaitait pas vous dire bonjour ?

On a été confronté par la police et cette personne dit qu’elle connait le président, le directeur général, les joueurs, le staff médical et le staff technique… mais pas moi. Je suis là depuis janvier 2015, il dit qu’il vient au stade mais il ne me connait pas. Je vais vous dire pourquoi il était au stade ? Il était venu se faire un strap chez le kiné des pros en présence des joueurs. Il a traversé le couloir pour aller dans la partie réservée aux professionnels et la scène s’est passée là.

Avez-vous été soutenu par vos dirigeants ?

En 1998, le même jour, le 24 août, je me suis fait agresser par un supporter qui m’a cassé une dent et m’a mis un hématome à la lèvre (à Lille, ndlr). Je m’étais défendu seul et j’avais été licencié un mois après. Dans la lettre de licenciement, un des griefs était que j’avais provoqué les supporters. J’ai porté plainte pour un franc symbolique et j’ai gagné. Là, je me suis retrouvé dans la même situation. J’étais seul aux urgences. Je suis parti porter plainte et les dirigeants m’ont contacté après, le soir et le lendemain. Mais je me suis dit : « Quel sens donner à son boulot si on se fait agresser sur son lieu de travail ? »

Avez-vous reçu des soutiens de la Fédération ou de l’Unecatef ?

Au début, non. Puis j’ai eu un message de monsieur Thiriez qui m’a fait plaisir et l’Unecatef m’a appelé pour m’assurer de son aide. J’ai aussi reçu une multitude de coups de fils d’entraîneurs professionnels mais aussi d’amateurs qui vivent ça tous les week-ends, qui se disent démunis et qui m’ont dit d’aller au bout. Mais qu’est-ce que le président de la Fédération a fait ? Rien. Le président du club, lui, a été voir le président de l’agglomération et le maire pour essayer de trouver des solutions car le stade Duvauchelle a la particularité d’avoir une partie publique et une partie privée.

Pourquoi les deux témoins, des salariés du club, appuient-ils la version de votre agresseur ?

Il faut leur demander… En tout cas, l’agresseur les connait et ils le connaissent. Il y a des images où ils font la route ensemble en discutant entre la salle de kiné et le vestiaire.

Créteil est-il un club sous l’influence de bandes ?

Si je suis une victime, le club aussi. Quand la personne me dit que je me suis mal comporté par rapport à un joueur, ça veut dire quoi ? Je ne sais pas. Tout ce que j’ai fait, j’en ai parlé avec les dirigeants. Tout a été validé par eux et on a vu tous les joueurs à l’intersaison.

Pour être précis, l’entourage de certains joueurs de Créteil met-il la pression, jusqu’à la violence physique, s’ils ne sont pas alignés sur le terrain ?

Si on interprète sa phrase, « tu t’es mal comporté vis-à-vis d’un joueur », ça peut revenir à ça. Il faudrait l’interroger et savoir pourquoi. Si ce que je fais ne lui plait pas, qu’il aille voir les dirigeants, j’ai été nommé par eux !

Le club a fait savoir qu’il recherchait un nouvel entraîneur. Votre sentiment par rapport à cela ?

J’ai rencontré le président vendredi dernier. Je sortais d’une réunion avec les dirigeants et d’une entrevue avec les témoins salariés. Il me dit qu’il comprend mais qu’avec mon arrêt de travail jusqu’au 20 septembre, il ne peut pas attendre. Je lui ai dit qu’il faisait ce qu’il voulait en tant que président. Il me dit que j’aurai un poste quand je reviendrai. Mais mon poste, c’est entraîneur. Ça fait 23 ans que je fais ça et j’ai les compétences pour.

Peut-on imaginer un départ à l’amiable ?

Je veux travailler. Le projet est monté depuis juin, les gens me disent que c’est intéressant et on me prive de mon travail. Ça me fout en rogne. J’ai envie de travailler à Créteil. Bien évidemment, il faut accepter que le président soit inquiet. Le match où je n’étais pas là, on a pris 4-1 à Dijon. C’est peut-être ça qui déclenche les choses. Ils veulent absolument qu’il y ait un entraîneur très vite pour s’occuper de l’équipe et je le comprends.

la rédaction avec Luis Attaque