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Dayan : « Lens est dans une position catastrophique »

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Luc Dayan dresse un constat inquiétant sur la situation financière actuelle de Lens, 15e de Ligue 2 au lendemain d’un revers contre Monaco (4-0).Le président du club, habitué à ce genre de mission sauvetage, veut encore y croire.

Luc Dayan, vous vivez un début de saison difficile à la tête du RC Lens…

Le club est en souffrance et a du mal à redresser la barre au niveau sportif, même s‘il y a eu de bonnes nouvelles extra-sportives cette semaine. J’ai l’habitude. C’est à chaque fois des dossiers compliqués à gérer. Il y a le poids du passé, des problèmes économiques, politiques et un environnement particulier. C’est un très grand club comme Nantes, où je suis passé avant (ndlr : deux mois en 2007). Il y a une forte attente mais le football a évolué et ces grands clubs n’ont pas forcément su s’adapter. La descente les a plongés dans des situations économiques catastrophiques. On a un modèle économique qui ne nous permet pas de survivre correctement lorsque l’on descend en Ligue 2 avec le budget de ces villes-là.

Dans quelle situation économique est le club ?

S’il n’y avait pas eu le Crédit Agricole le club aurait déposé le bilan. On a perdu 15M€ l’an dernier et cette année on va probablement en perdre une dizaine, donc on est dans une structure déficitaire. Le stade va être renommé Bollaert-Delelis en hommage à l’ancien maire de la ville décédé récemment et qui avait lancé le football à Lens. La bonne nouvelle c’est que les collectivités se sont engagées dans le cadre de l’Euro 2016 en France à rénover Félix-Bollaert, ce qui nous donne une perspective. Parce que ma mission n’est pas que de gérer le club mais aussi de trouver un successeur au Crédit Agricole entré dans le club contraint et forcé mais qui n’a pas vocation à y rester. On va pouvoir rentrer dans une phase de décision constructive. Ce que j’ai fait les deux premiers mois, c’est baisser les budgets et la masse salariale pour passer la DNCG tout en construisant une équipe capable de jouer au foot.

Lens est le poumon de la région

Lens peut-il redevenir un grand club ?

Oui. Lorsque je suis arrivé à Lille il y a dix ans, le club était 17e de Ligue 2 et tout le monde pensait qu’il n’y aurait jamais rien. Lens c’est pareil. Il y a un public extraordinaire et ce soir (ndlr : vendredi) il y avait encore 17 000 spectateurs en Ligue 2. C’est le poumon de cette région et toute la culture footballistique du Nord-Pas-de-Calais, c’est Lens. La réactivité est très forte ici comme à Saint-Etienne. Ce sont des clubs populaires, aimés. Après, ce club est dans une position catastrophique. Quand Gervais Martel a fait tout son formidable travail entre 1996 et 1998, il a financé le centre d’entraînement de La Gaillette et fait venir de grands joueurs.

Comment expliquer une telle descente aux enfers ?

Le modèle économique du foot est tel que lorsque vous gagnez, l’argent rentre. Mais lorsque vous perdez, tout tourne à l’envers. C’est un club, qui, sportivement, n’aurait jamais dû descendre. A partir du moment où c’est le cas, il est dans un gouffre. C'est-à-dire qu’en un an, il fallait trouver 60M€ pour couvrir les pertes liées à la descente, plus celles de l’année de Ligue 2. Mais je pense que l’équipe peut retrouver sa place, car lorsqu’elle remontera en Ligue 1 on fera 35 000 spectateurs de moyenne et les sponsors reviendront de partout, parce qu’il y a plus de ferveur à Lens qu’ailleurs.