Lens-Bastia, la foire d’empoigne continue

Gervais Martel - -
« On est très serein ». Au bout du fil, la voix de Pierre Marie Geronimi ne cache pas la moindre inquiétude et ne trahit pas, non plus, le moindre doute. C’est sûr de son fait que le président bastiais avance et expose ses arguments. « Sur ce match-là, on a tous les éléments et tout sera mis en œuvre pour qu’on ne subisse pas de sanctions. Pourquoi ce serait le cas, puisque même sur l’ensemble des rapports des officiels, il n’y a absolument rien de mentionné qui puisse nuire au Sporting Club de Bastia ? »
A en croire le patron du club corse, le SCB peut dormir sur ses deux oreilles. Tranquille. Bousculé dans le dos par Gabriel Cichero, Geronimi est sûr de son fait, sûr également de la responsabilité du défenseur lensois, accusé d’avoir ensuite agressé un dirigeant bastiais, Alain Seghi, alors que celui-ci refaisait ses lacets dans le tunnel du stade. « Sur la vidéo, on voit bien Cichero bousculer le président de Bastia, comme il a pu le dire, au même titre que les bousculades qu’il y a eu avec les stadiers, répond Gervais Martel. J’ai entendu dire que les gens de Lens n’ont pas porté assistance à personne en danger. C’est incroyable de dire ça, d’autant qu’il n’y avait pas que des gens de Lens dans ce tunnel. Il ne faut pas reporter ce qui s’est passé sur le terrain avec le reste. Je suis désolé pour le dirigeant de Bastia, auprès de qui j’ai pris des nouvelles. »
Martel : « Je ne suis pas serein »
Mais le président artésien ne compte pas pour autant endosser toute la responsabilité des événements de samedi. Si Cichero, « une fois tous les éléments connus », sera puni, Martel ne veut pas voir son club payer des débordements dont il ne serait pas le seul déclencheur. « Cichero a fait une faute qu’il n’aurait pas dû faire, on est tous d’accord là-dessus. Mais il s’est passé des choses anormales à partir de la 87e minute, sur une faute anodine de Sow qui n’a même pas contesté. S’est alors ensuivie une bousculade énorme, d’abord entre joueurs, puis devant le banc du RC Lens. Il y avait au moins 70 personnes sur le terrain. On ne peut pas tolérer qu’il y ait autant de monde sur un terrain. Le rôle d’un président de club n’est pas d’être sur la pelouse. Est-ce que l’on voit le président de l’Inter ou du Real descendre sur le terrain ? Il n’y a qu’en France où on voit ça. »
Un premier tacle adressé à son homologue Geronimi. Ce ne sera pas le seul. « Malgré toute l’affection que je porte à ce club et à ses dirigeants, pour le club de Bastia, c’est malheureusement un petit peu bis repetita. Quarante cartons rouges ont été distribués cette saison en Ligue 2. Dix ont été donnés aux Bastiais. Ce n’est pas la venue de Lens qui a provoqué ça. » Un point pour Martel, semble-t-il, même si Geronimi rappelle qu’à Bastia « des morts, il n’y en a pas, contrairement à certains stades et des envahissements de terrain n’ont plus. » Ce jeudi, la commission de discipline tâchera de mettre un point final à ce dossier houleux. « Moi, je ne suis pas serein, concède Martel. Je l’aurais été si on avait parlé de football jusqu’à la fin de la rencontre. » Espérons que cela soit le cas dès jeudi soir.