"Si le club veut franchir une étape, il faut changer": pourquoi le Paris FC a choisi Jean-Bouin

Le Paris FC et le stade Charléty ont toujours été intimement liés mais le club parisien ne s’y est installé durablement qu’en 2007. Le départ à Jean-Bouin la saison prochaine n’est donc pas vécu comme un traumatisme. Loin de là.
L’entraîneur Stéphane Gilli, au club depuis 2018 (avec un intermède avec le Maroc entre 2020 et 2022) est heureux de déménager: "C’est un moment important pour le Paris FC. Le PFC, c’est Charléty mais c’est compliqué pour créer une ambiance, pour recevoir des partenaires. Il fallait changer quelque chose et Jean-Bouin, c’est un super stade. J’aime beaucoup personnellement, j’y suis déjà allé pour voir le FC Versailles ou les féminines. On peut créer quelque chose de fort là-bas. (...) Le PFC, c’est Charléty. Mais si le club veut franchir une étape, il faut changer quelque chose."
Faire encore mieux que les 8.700 supporters de moyenne cette saison
L’objectif affiché du Paris FC est de fidéliser un maximum de supporters, ce qu’aucun club de la capitale n’a réellement su faire face à la concurrence gargantuesque du Paris Saint-Germain. Grâce à la curiosité post-rachat par la famille Arnault et à la gratuité des billets mise en place depuis la saison dernière, le PFC peut compter sur le soutien de 8.700 supporters par match en 2024/2025. Un chiffre en augmentation exponentielle depuis plusieurs années.
En 2021/2022, l’affluence moyenne peinait à atteindre 2.900 spectateurs, avant de croître sans arrêt. "Charléty, c’est dur pourtant. On l’a vu pour le match contre Pau vendredi dernier. Quand il fait froid, qu’il pleut, c’est compliqué pour les supporters."
Un loyer qui pourrait atteindre 3 ou 4 millions d’euros annuels
Jean-Philippe Krasso, le buteur du Paris FC, ne se projette pas encore à Jean-Bouin, où il n’a jamais joué: "On m’en a dit beaucoup de bien mais en attendant, on est focus sur Charléty. Il faut essayer de très bien finir l’histoire dans ce stade. Pourquoi ne pas faire une grande fête pour le dernier match de la saison et clôturer le passage Charléty?"
L’international ivoirien rêve évidemment d’un match qui validerait la montée en Ligue 1. Suite logique pour le club parisien prévient le coach Gilli: "Beaucoup de choses vont se passer, le déménagement en est une. Il y aura ensuite l’agrandissement du centre d’entraînement. Le club est en train de grandir, de se développer." Le changement de stade n’est pas neutre en effet puisque le Paris FC devra verser un loyer de l’ordre de plusieurs millions d’euros annuels au Stade Français. Un chiffre qui pourrait atteindre 3 ou 4 millions selon les options validées par les deux clubs.
"Ça va faire comme à Londres, avec plein d’équipes proches"
La question de la sécurité n’est pas encore totalement tranchée mais tous les acteurs - le Paris FC, le Stade Français, la ville de Paris, la préfecture de police ainsi que les Ligues professionnelles de rugby et de football - sont en lien pour trouver les meilleures solutions. La complexité sera de gérer le calendrier de trois équipes pros dans deux sports différents, et peut-être parmi trois championnats différents si le PFC ne monte pas en Ligue 1.
Pour la ville de Paris, avoir Jean-Bouin juste en face du Parc des Princes et du PSG est une difficulté majeure mais cela pourrait avoir son charme selon Jean-Philippe Krasso. L’Ivoirien a connu cette situation à Belgrade, lorsqu’il jouait pour l’Etoile Rouge dont le stade Marakana est en face du stade du Partizan, l’ennemi intime. "C’est clair que c’est marrant de faire 100m et d’être chez l’adversaire. J’aime bien, je pense que ça va ramener du monde et de l’ambiance au stade. Ça va faire comme à Londres, avec plein d’équipes proches les unes des autres."
Foot et rugby sur la même pelouse, le coach parisien ne se fait pas de soucis
Dernière question majeure: la pelouse. Le Paris FC prendra donc en charge le changement de la pelouse, qui passera du synthétique à l’hybride, obligatoire pour le football professionnel en France. Mais le PFC jouera parfois juste après le passage des rugbymen, des rucks et des mêlées.
Stéphane Gilli fait confiance aux jardiniers: "On a déjà joué à Quevilly-Rouen Métropole, le lendemain d’un match du Rouen Normandie Rugby. Et il avait énormément plu. Le terrain était bon. C’est la qualité de la pelouse et de l’entretien qui fera la différence. Je ne me fais pas de soucis, j’imagine que les dirigeants du Stade Français et du Paris FC ont fait le nécessaire pour anticiper cette question. Il y a beaucoup de réflexion de part et d’autre quand il y a un engagement pareil."
Dans six mois, toutes les questions devront avoir une réponse puisque le Paris FC entamera la première de ses quatre saisons minimums à Jean-Bouin, en espérant remplir une bonne partie de ce stade de 20.000 places.