Soupçons de matches truqués en L2 : le déroulé des événements

Trois matches disputés par le Nîmes Olympique la saison passée sont dans le collimateur de la justice. - DR
Pourquoi la justice s’en mêle ?
Plusieurs matches du Nîmes Olympique disputés la saison dernière sont soupçonnés d’avoir été truqués. L’an dernier, les Crocos nîmois avaient échappé de justesse à la relégation en National. Trois rencontres font actuellement l’objet de perquisitions et sont dans le collimateur des enquêteurs du Service central des courses et jeux (SCCJ).
Les trois matches ciblés
Trois matches de Nîmes attirent tout particulièrement l’attention des enquêteurs : la victoire des Gardois face à Angers (3-2), la lourde défaite contre Dijon (1-5) ainsi que le match nul contre Caen (1-1) à l’occasion de l’avant-dernière journée, le 13 mai dernier (1-1). A l’époque, ce match avait été qualifié de parodie de football par de nombreux supporters, qui n’avaient pas hésité à siffler les Normands à la mi-temps.
L’imbroglio Caen-Nîmes
Le 14 mars dernier, le Caen-Nîmes de la 28e journée de Ligue 2 avait déjà provoqué de sérieux remous. L’avion des Gardois n’était pas parvenu à se poser à temps à Ornano en raison de problèmes de visibilité. Finalement, l’appareil s’était posé à Beauvais et les Nîmois n’avaient pu arriver à temps à Caen pour y disputer leur match. Logiquement, Caen avait demandé le gain du match sur tapis vert, Nîmes se défendant en invoquant un cas de force majeur.
Un cas de force majeur que retient la LFP qui donne alors le match à jouer. Caen fait alors appel de cette décision, et est suivi par la commission d'appel de la LFP qui donne match gagné sur tapis vert aux Normands. Mais Nîmes n’en reste par là et saisit le CNOSF, dont l'avis va dans le sens d'un match à jouer. Et sera validé par le bureau de la LFP.
Sauf qu'en 2 mois, le contexte a changé. Si à l'issue de la 28e journée, et avec donc un match en moins, Caen comptait 6 longueurs de retard sur le podium et les Nîmois étaient relégables, deux mois plus tard, les deux équipes n'ont besoin que d'un petit point pour atteindre leur objectif : la montée pour les Normands, le maintien pour les Gardois. Ce match sera donc joué dans un contexte très particulier, les deux équipes se contentant du score nul (1-1) à l’heure de jeu, enchaînant tour à tour les séquences de passes à dix. Au coup de sifflet final, les 22 joueurs présents sur la pelouse lèvent les bras : Caen est en Ligue 1, Nîmes est maintenu en Ligue 2 !
Qui est dans le viseur ?
Une dizaine de personnes étaient en garde vue ce mardi matin. Parmi les suspects arrêtés figure le président du Nîmes Olympique, Jean-Marc Conrad (le domicile de ce dernier ainsi que le siège du club gardois ont été perquisitionnés), transféré à la PJ de Montpellier, mais aussi Jean-François Fortin, le président du Stade Malherbe de Caen, promu en fin de saison dernière en Ligue 1, et son directeur de communication, Pilou Mokkedel. Ce sont les écoutes téléphoniques mises en place après la mise en examen de l’actionnaire de Nîmes, Serge Kasparian -écroué dans le cadre de l’affaire du cercle de jeu Cadet- qui auraient mis la puce à l’oreille des enquêteurs et qui auraient mis en relief de forts soupçons de matches truqués et des actes présumés de de « corruption active et passive ».
Un autre homme a été placé en garde à vue ce mardi matin. Il s'agit de l'entraineur de Dijon, Olivier Dall'Oglio. L'entraineur de Caen Patrice Garande a lui été entendu comme simple témoin dans cette affaire, ainsi que Xavier Gravelaine, actuel directeur général du club normand mais qui n’était pas en poste la saison passée. A cette heure, aucune arrestation n'a été faite à Angers, selon un proche du club.
Ce qu’en dit Olivier Delcourt (Dijon) :
« Moi, j’ai juste eu sa femme ce matin, après qu’il ait été appréhendé, a déclaré au micro de RMC Sport Olivier Delcourt, président de Dijon, au sujet de la garde à vue de son entraîneur, Olivier Dall’Oglio. Il avait été placé en garde à vue ce matin à six heures. C’est une enquête de la brigade des jeux concernant les matches avec Nîmes. Pour moi, j’ai été comme lui, très surpris ce matin. Je connais l’intégrité de mon coach, je suis solidaire. Ce match-là, on le gagne 5-1, donc voilà je ne peux pas imaginer… Je n’imagine rien d’ailleurs. Il y a une enquête qui est en cours, les enquêteurs vont faire faire leur job. J’espère qu’Olivier va sortir le plus vite de cette garde à vue. A Dijon, on a rien à cacher à personne, je suis tout à fait serein concernant cette affaire. »
Ce qu’en Saïd Chabane (Angers) :
« Ce qui est certain, c'est que je suis étonné et que tout mon effectif, tout mon staff étaient présents ce matin, moi y compris, a déclaré Saïd Chabana, président du SCO d’Angers. Je ne sais pas qui a été arrêté à Angers, mais il ne fait pas partie du club... du moins à l'heure actuelle. Moi, je suis arrivé il y a trois ans et depuis trois ans, je me bats pour relever l'image du club. Je le vis très mal que le nom du club soit cité. C'est tout ce que je peux vous dire, si cela ne nous dérange pas. Je le vis très mal. »
Ce qu’en dit José Pasqualetti (Nîmes) :
« Sincèrement, je ne sais même pas quels sont les chefs ‘’d’accusation’’ entre guillemets, a précisé d’emblée José Pasqualetti, entraîneur du Nîmes Olympique. Je ne sais pas. J’ai entendu dire par rapport à des matches de l’année dernière,… Moi, déjà, je n’y étais pas. Après, laissons faire les choses. Il est évident que le mot qu’on a fait passer ce matin aux joueurs, c’est : ‘’écoutez les gars, restons concentrés sur notre job. On a suffisamment à faire, nous, sur le terrain. Laissons faire les choses. Il y a des gens compétents qui sont là pour ça. Et puis, on a confiance au président, il n’y a pas de souci.’’ Je ne sais pas quels sont les tenants, je ne sais pas quels sont les aboutissants. Donc à partir de là, il m’est difficile de vous dire quoi que ce soit si ce n’est que je suis focalisé sur le match de Créteil. »
Ce qu'en dit Gravelaine et Garande (Caen) :