Tours-Grenoble dans le viseur de la justice

Des soupçons autour du match Tours-Grenoble ont conduit à l'ouverture d'une procédure judiciaire - -
« Des soupçons quant à la sincérité du résultat pèsent sur la rencontre en Tours et Grenoble. » Le service central des courses et jeux du commissaire Jean-Pierre Alezra a été saisi par le Parquet de Paris le lundi 2 mai, après que l’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL) ait jugé utile d’alerter le Ministère Public. Un faisceau d’indices avait éveillé les soupçons des opérateurs de paris en ligne et de l’ARJEL dès le vendredi 29 avril.
Dans la soirée, alors que se disputait la 33e journée du championnat de Ligue 2, les opérateurs avaient arrêté de prendre les paris sur le match. « On a dénoté des montants de paris anormaux, une même origine géographique, et des paris qui donnaient massivement Grenoble gagnant », explique Alezra. Les premières collectes d’informations ont dénoté 640 000 euros de mises, soit cent fois le montant habituel pour un match de L2, provenant à 70% de la région Sud-Est de la France.
Le soir des faits, l’ARJEL a alerté la Ligue qui a fait surveiller de près le déroulement de la rencontre qui se jouait sur la pelouse du Stade de la Vallée du Cher. « La Ligue de Football Professionnel a été informée que des encours de paris anormaux avaient été pris sur le match Tours FC – Grenoble Foot 38. La LFP a donné instruction à ses délégués de vérifier avec la plus grande vigilance le déroulement de cette rencontre afin de relever les éventuelles anomalies », indiquait le soir même la Ligue. Grenoble menait 2-0 à moins de dix minutes de la fin du temps réglementaire grâce à deux buts de Jean-Jacques Mandrichi (27e, 53e s.p.), avant que Tours n’égalise par Jérémy Blayac (83e) et Romain Sartre (89e).
« L’enquête s’annonce difficile »
Interrogé à la fin du match Sartre n’avait pas caché son agacement : « Paris pas paris, je n’en avais rien à cirer. Je voulais gagner un match car je n’ai pas encore gagné ici. Je suis un joueur professionnel, si on est revenu à égalité, ce n’est pas pour les paris. Si je veux parier je n’ai qu’à jouer au poker. »
Pour autant, et selon une source proche du dossier, le scénario du match n’a pas dissipé tous les doutes. C’est ainsi que trois jours plus tard, l’ARJEL décidait de ne pas classer l’affaire. Une première pour ce gendarme des paris en ligne crée en mai 2010 dans le cadre de la libéralisation des jeux et paris en ligne, qui n’avait jamais saisi la justice pour motif de soupçons de match arrangé. « C’est une première du genre en France, fait remarquer Alezra, et l’enquête s’annonce difficile. »