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Valencony : « On aurait dit l’apocalypse »

Bruno Valencony

Bruno Valencony - -

Vingt ans après le drame de Furiani (18 morts et 2 300 blessés), aucun match de football ne sera disputé ce week-end en France. Présent dans le stade le 5 mai 1992, Bruno Valencony, gardien de Bastia à l’époque, se souvient.

Bruno, où étiez-vous lors de l’effondrement de la tribune ?

J’étais sur le terrain. On était à la fin de l’échauffement. Les Marseillais étaient rentrés sur le terrain. Même si je ne l’ai pas vu en direct, il y a eu un bruit comme un château de carte qui s’effondrait. D’une ambiance de folie, c’est passé à un grand silence. On a entendu les cris, les pleurs. Franchement, c’était très impressionnant.

Quelles ont été les premières réactions des joueurs ?

On ne s’est pas rendu compte tout de suite car ce n’était pas évident de s’imaginer ce qui se passait derrière cette tribune. Avec les joueurs, on avait nos familles qui étaient dans la partie restée en place. La première chose, c’était d’aller voir nos proches pour voir s’ils étaient encore bien dans la tribune. On les a fait sortir par l’avant en détachant les grillages. Et puis, au fur et à mesure, les blessés arrivaient sur le terrain et on s’est rendu compte que c‘était très grave. On est allé chercher des couvertures dans le centre de formation, dans les chambres. Parce qu’il y avait besoin de couvrir les blessés. On a fait le maximum qu’on pouvait, rassurer les gens qui étaient un peu en panique.

Comment avez-vous vécu les heures qui ont suivi le drame ?

Ca a été très très long. Les hélicoptères sont arrivés sur le terrain. C’était impressionnant. On aurait dit l’apocalypse. Après, on n’a pas vraiment fermé l’œil de la nuit. Ça n’a pas duré une soirée, ça n’a pas duré une nuit, ça a duré des semaines, parce qu’on allait voir les blessés dans les hôpitaux, on allait aux enterrements pour les personnes décédées.

Vingt ans après, le stade est toujours vétuste…

C’est sûr que malheureusement, ça aurait pu déboucher sur des travaux plus rapides. Un stade étant fait sur l’endroit même où s’est passée la catastrophe, ça aurait pu être un stade qui garde en mémoire ce moment passé. Vingt ans après, la dernière tribune est terminée, et ils pensent déjà à faire des travaux sur la première qui prend l’eau, qui n’est pas aux normes. Il y a des choses qui ne vont pas. C’est désolant de voir ça alors qu’il s’est passé quelque chose de grave à l’époque.

Les responsables sont-ils aujourd’hui clairement identifiés ?

Nous, les joueurs, franchement, on nous pose souvent la question. On nous demande : « Les responsables, les procès, la tribune qui n’était pas aux normes, l’effondrement, tout ça… » C’est difficile à dire. Bon après, celui qui a dit que ça allait tenir alors que ça n’a pas tenu, oui, c’est une faute très grave.