Brest-Real Madrid: comment le club breton se prépare à vivre le "plus grand match de son histoire"

"Ça va être un match immense oui, mais plus que pour nous. Pour le club, pour la ville, pour les supporteurs." Hugo Magnetti a bien compris l’attente. Le Brestois d’adoption depuis 2018, deuxième plus ancien de l’effectif derrière l’enfant du pays Brendan Chardonnet, sait que ce match de Ligue des champions face au Real Madrid (mercredi, 21h) va être un moment à part.
Qui pouvait imaginer voir un jour Brest et le Real Madrid s’affronter sur la scène aux étoiles? Personne. En tout cas, pas les supporteurs comme Christophe, bonnet du club sur la tête: "C’est improbable. C’est la meilleure équipe d’Europe depuis des années en face. Improbable!", répète-t-il comme pour se convaincre. "On a tous des rêves de gosse mais quand j’étais gamin, Brest était en CFA donc on ne pouvait pas imaginer vivre ça. Mes premiers matchs c’était Pontivy et Plabennec et quelques années après c’est Barcelone ou le Real Madrid", lance-t-il avec un large sourire. "C’est le choc des deux mondes et on est le Petit Poucet. David contre Goliath!" La comparaison mythologique revient souvent chez les supporteurs. Mais pour Yoann, qui a fait les quatre déplacements européens (Salzbourg, Prague, Barcelone et la semaine dernière Gelsenkirchen), "qui sait vu l’état d’esprit qu’on a?" "On vit un truc de fou", ajoute-t-il. "A chaque match, on se dit c’est du bonus mais là on peut jouer les 8es! Allons-y. Il faut profiter du moment à fond. On va les regarder droit dans les yeux."
Ces deux supporteurs sont d’accord. Brest va jouer le plus grand match de son histoire. Un avis que partage la légende du club Yvon Le Roux. "C’est la plus belle affiche depuis que le Stade Brestois existe, bien sûr. C’est le meilleur club au monde. C’est une affiche de rêve", affirme t-il. "Et ce qui fait rêver encore plus, c’est qu’on soit devant eux au classement et qu’on peut le rester. C’est inimaginable." "Le Real, c’est Zidane à l’époque. C’est Cristiano, c’est Kaka. C’est un club magnifique. J’espère qu’on va jouer ce match de la meilleure des manières", lance Madhi Camara. Hugo Magnetti appuie: "Ce sera une fierté mais il ne faudra pas les regarder et faire les petits enfants. Il faudra jouer notre jeu et faire un grand exploit."
Tribune de presse trop petite, recherche de places désespérée et cortège jusqu’au stade
Véritable atout lors des victoires face à Sturm Graz (2-1) et au PSV Eindhoven (1-0) et pour le nul décroché face au Bayer Leverkusen (1-1), le stade du Roudourou va encore se transformer en chaudron. Il n’a pas nécessité d’aménagements spécifiques pour accueillir le Real Madrid. Ce ne sera qu’à partir des barrages (ou 8es de finale) que des travaux supplémentaires seront indispensables. Le Roudourou version LDC devrait battre son record de fréquentation en raison des places réservées par l’UEFA qui n’étaient pas toutes utilisées. Cette fois, elles le seront. La tribune de presse sera elle aussi pleine à craquer et le club a dû trancher dans le vif car les demandes dépassaient largement les 73 places disponibles. 100 médias nationaux et internationaux vont travailler sur le match. C’est deux fois plus que les précédentes rencontres. 30 journalistes et observateurs espagnols sont attendus en Bretagne ainsi que 12 photographes. En tribune VIP, la ministre des Sports Marie Barsacq est annoncée. Le parcage réservé pour les supporteurs madrilènes lui ne sera qu’à moitié rempli (440 personnes attendues sur 900 places), tous venant des peñas françaises officielles du Real Madrid.
Il y a évidemment beaucoup de frustrés parmi les supporteurs brestois qui n’ont pas pu avoir de places. Il n’y a quasiment pas eu de billets grand public mis en vente. Les joueurs eux-mêmes croulent sous les requêtes. "Au moins 100 à 150 demandes", raconte Brendan Chardonnet qui comme chaque joueur n’a eu droit qu’à 10 places. "Je ne réponds plus aux messages, c’est tous les jours." Tout le monde veut en être évidemment. L’ambiance s’annonce folle et pour la chauffer encore plus, les ultras brestois défileront pour la première fois au départ du bar "Le Lapin Rouge" avec fumigènes et chants jusqu’au Roudourou. On attend 2000 personnes dans le cortège.
Hôtel privatisé trois jours et déjeuner présidentiel Le Saint-Pérez
Le Real Madrid, lui, atterrira en Bretagne ce mardi en veille de match avec au programme la conférence de presse d’avant-match pour Carlo Ancelotti et un joueur à 18h15, puis les Madrilènes s’entraineront de 19h à 20h au Roudourou. Ils séjourneront au Novotel de Saint-Brieuc, situé à 30km de Guingamp. Cet établissement haut de gamme était le cadre habituel du PSG lors de ses derniers matchs au Roudourou. Le Bayer Leverkusen y a aussi pris ses quartiers en octobre dernier. Florian Wirtz, Martin Terrier et ses coéquipiers étaient d’ailleurs allés se balader le matin du match. Mbappé, Modric et Bellingham feront-ils de même? Les 90 chambres de l’hôtel ont en tout cas été privatisées par le Real pendant trois jours avec une sécurité évidemment renforcée. De nombreux chasseurs d’autographes sont attendus, surtout avec un match le mercredi.
Accueillir Madrid est enfin un évènement pour les dirigeants du Stade Brestois. Tout sépare les petits Finistériens des mastodontes madrilènes. Moins de 50 millions de budget pour Brest, 940 millions minimum estimé pour Madrid, des différences de salaires abyssales, le 130e indice UEFA pour les Bretons alors que Madrid est leader incontesté… Le traditionnel déjeuner protocolaire d’accueil entre dirigeants le jour du match sera l’occasion pour le président brestois Denis Le Saint de discuter avec son homologue Florentino Pérez, qui sera bien présent. Il se tiendra dans un très beau restaurant du Centre Bretagne, nous fait-on savoir sans en dire plus, pour des raisons de sécurité, explique le club. Avec peut-être au menu des choux-fleurs, artichauts ou autres légumes et fruits du président brestois dont l’entreprise est l’un des leaders du domaine en France. Denis Le Saint sera accompagné notamment de Pascal Robert, le directeur général, et de Grégory Lorenzi, le directeur sportif. L’ambassadeur d’Espagne en France est également annoncé au plan de table. Florentino Perez se verra remettre en cadeau un coffret contenant une boussole, symbole de la tradition maritime de la ville, le fanion du match, des maillots collectors et du vin. Du rouge et du blanc. Les deux couleurs du club.