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Comment Pastore est redevenu un taulier du PSG

Javier Pastore

Javier Pastore - AFP

Flamboyant depuis le début de la saison, Javier Pastore est en train de taire les critiques qui l’accompagnent depuis plus de deux ans. Omniprésent dans le jeu du PSG, l’Argentin est devenu l’un des hommes clés de Laurent Blanc. Un retour en grâce en quatre temps. Explications.

Une confiance enfin retrouvée

Quarante-deux millions d’euros. Pendant près de trois saisons, Javier Pastore a longtemps eu ce montant collé à la peau. Premier gros transfert du PSG version qatari, le milieu de terrain a logiquement été sous le feu des projecteurs dès son arrivée à l’été 2011. Traqué et jugé par tous les observateurs, l’ancien maître à jouer de Palerme impressionne d’entrée et justifie son statut d’étoile montante du football mondial. Avec 16 buts en 33 matches de Ligue 1, il réalise des débuts tonitruants, qui ne suffisent toutefois pas au PSG pour finir champion de France. Ensuite… plus grand-chose ! El Flaco va vivre une longue période de disgrâce durant laquelle il subit constamment les critiques, perd sa place à Paris et en sélection argentine, endure les sifflets récurrents du Parc des Princes et voit sa confiance voler en éclats. Même sa belle prestation en quart de finale de Ligue des champions face au Barça en avril 2013 (2-2, 1-1), ponctuée d’un but au Camp Nou, ne relance pas la machine.

« Je pense que, dès fois, il était critiqué de manière un peu trop agressive, regrette Salvatore Sirigu, le portier parisien. Ça m’a fait un peu de la peine parce qu’il ne méritait pas forcément les traitements qu’il a reçus. » L’arrivée de Laurent Blanc durant l’été 2013 ne change pas forcément la donne. En tout cas pas tout de suite. Dans l’ombre de Zlatan Ibrahimovic, Pastore traverse une nouvelle saison galère. Souvent cantonné au banc, l’Argentin agace et déçoit. Mais, fort du soutien indéfectible de son coach, il s’accroche du haut de ses 25 ans et regagne le cœur du public un soir de Ligue des champions face à Chelsea, en quart de finale aller (3-1, le 2 avril dernier). Son magnifique slalom dans le temps additionnel agit comme le déclic. Après une fin de saison intéressante, un Pastore nouveau revient en août 2014. Des actions décisives à chaque match, rythmées par une qualité technique exceptionnelle. Titulaire à 13 reprises lors des 14 premières journées de Ligue 1, le natif de Cordoba redevient enfin une pièce maîtresse du jeu parisien. Et retrouve logiquement sa place au sein de l’Albiceleste.

Une préparation physique réussie

Son absence à la Coupe du monde au Brésil a peut-être été un mal pour un bien. En tout cas, la préparation estivale de Javier Pastore est l’une des raisons majeures de son renouveau cette saison. Titulaire lors de tous les matches amicaux, il s’est construit une vraie forme physique, lui permettant aujourd’hui d’enchaîner tous les trois jours. Pour preuve, le N°27 des Rouge et Bleu se distingue dès la première journée de Ligue 1 à Reims (2-2). Très en jambes et dans tous les bons coups, il délivre deux passes décisives à Zlatan Ibrahimovic, évitant une défaite d’entrée au PSG. Trois jours plus tard, l’Argentin remet ça à Naples lors d’un match amical de gala (1-2), durant lequel il étale toute sa classe pour inscrire le but vainqueur. « Cette saison, Javier a d’abord fait une bonne préparation, ce qui n’est pas étranger à la saison qu’il est en train de faire, reconnaît Laurent Blanc. Il a pris confiance et a profité aussi de certaines absences, reconnaissons-le. »

L’absence de Zlatan libératrice

Comme le dit justement Laurent Blanc, Javier Pastore a forcément été un peu aidé par l’absence de nombreux milieux de terrain parisiens : Cabaye, Matuidi, Verratti et Motta, de retour de la Coupe du monde, et Rabiot, mis à l’écart. L’Argentin en a profité pour enchaîner les matches et se faire une place dans le onze. Alors que la blessure au talon de Zlatan Ibrahimovic avait tout pour déstabiliser le PSG, elle va au contraire permettre à Pastore de prendre le contrôle total du jeu. Jusqu’à en devenir le véritable détonateur. Vendredi dernier à Metz (2-3), le milieu argentin a touché 112 ballons (avec 80% de passes réussies), inscrit son premier but de la saison en compétition officielle et offert aux spectateurs une incroyable roulette, qui a fait le tour de la planète. « Ça ne me surprend pas parce que je sais que c’est un joueur avec des qualités extraordinaires, assure Sirigu, son ancien partenaire à Palerme. Il peut faire la différence à n’importe quel moment du match. Forcément, avec la confiance, il a un peu plus de réussite en ce moment. »

Le soutien indéfectible de Laurent Blanc

Depuis son arrivée au PSG, Laurent Blanc a toujours soutenu Javier Pastore. Et même dans sa période la plus noire, l’ancien sélectionneur des Bleus n'a jamais lâché son artiste, persuadé de pouvoir le remettre en selle. « Avec cette confiance, Pastore a confirmé tout le bien que l’on pense de lui et tout le bien que je pense de lui depuis un certain temps, se réjouit l’entraîneur du PSG. J’en veux pour preuve le but qu’il a marqué à Metz. C’est lui qui est allé le chercher et c’est lui qui l’a conclu. Peut-être qu’il y a six mois, il aurait laissé le ballon à Ibra... » En plus de sa technique hors du commun et de vision du jeu panoramique, Pastore peut s’appuyer sur sa polyvalence, ce qui n’est pas pour déplaire à Blanc. Ce dernier l’utilise d'ailleurs à plusieurs postes de l’entrejeu : dans le milieu à trois, en meneur de jeu ou même parfois comme un faux ailier. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est le Parisien qui a le plus joué cette saison (derrière Sirigu).

Alexandre Mispelon avec L.B