Dortmund-PSG: au bord de la faillite en 2005, comment le Borussia s’est relevé

Proche de la banqueroute en 2005, le Borussia Dortmund, qui affronte le PSG en huitièmes de finale de la Ligue des champions (le 18 février, en direct sur RMC Sport) a vécu des heures très sombres au début des années 2000. "Le Borussia a ceci de particulier qu’il est l’un des rares clubs dans le monde cotés en bourse, rappelle Polo Breitner, spécialiste du foot allemand et auteur de 'l’énigme Tuchel'. Gerd Niebaum, l'ancien président avait décidé d’ouvrir le capital du club et s’est endetté jusqu’au moment où il ne pouvait plus le faire. Kicker avait titré 'la montagne de dettes'. On parlait de 100 millions d’euros de dettes à l’époque. Aujourd’hui, ça fait rigoler tout le monde." A l’époque, beaucoup moins.
Le club renaît de ses cendres
Criblé de dettes (à hauteur de 120 millions d’euros), le club doit sa survie à une campagne de sensibilisation des supporters auprès des autorités publiques qui finira par porter ses fruits. Les fans ont obtenu le report du paiement des intérêts et du loyer du stade, le Westfalenstadion (renommé Signal Iduna Park depuis). Dans le même temps, les dirigeants du Borussia présentent un plan d’assainissement des finances du club susceptible de remettre en selle le club culte du vieil ouest prolétarien. "Ils ont été forcés de faire des plans d'assainissements drastiques à partir de 2005, d’opérer des restructurations dans tous les sens", précise Polo Breitner.
La cure d’austérité approuvée par les principaux créanciers du Borussia permet au club de la Ruhr de retrouver une faible marge de manoeuvre. "Quand tu es un club de football, parfois il ne te reste que la formation, note notre spécialiste. Ils ont trouvé un coach qui n'était pas mauvais, Jürgen Klopp. Je l’ai vu commencer, il n’avait pas l’aura qui est la sienne aujourd’hui. Le centre de formation a sorti des joueurs comme Schmelzer, Grosskreutz Sahin puis Götze. Le club a aussi réalisé des petits transferts, est allé chercher Mats Hummels par exemple, ou Kagawa à l'étranger. Puis la magie de Klopp a opéré. Les "Bubis" (garnements) de Klopp étaient nés."
Un redressement spectaculaire
Le redressement est spectaculaire, tant par la qualité des résultats enregistrés sur le terrain (champion d’Allemagne en 2011 et 2012, finaliste de la C1 en 2013) que sur le plan économique. Le Borussia Dortmund parvient à développer un modèle pérenne grâce à une politique sportive ambitieuse mais peu onéreuse, qui l’installe dans le gotha du football européen, un cercle qu’il n’aurait jamais dû quitter en Allemagne. La victoire du Borussia Dortmund en Ligue des champions en 1997 intervient au coeur d’une période, "la seule dans l’histoire du football allemand depuis l'avènement du club bavarois, où un club est plus puissant et plus attractif financièrement que le Bayern Munich", rappelle Polo Breitner.
Une époque certes révolue, mais le Borussia, sur des bases saines, tend à rattraper le temps perdu, en grignotant intelligemment son retard sur l’ennemi juré bavarois. L’an dernier, le club a révélé un résultat comptable bénéficiaire pour l’exercice 2018-2019 avec un chiffre d’affaires qui a frôlé le record du club. Après impôts, le bénéfice net du club allemand s’élevait à 17,4 millions d’euros. Aujourd’hui, le club de la Ruhr affiche une excellente santé financière, engrangeant des profits lors de chaque exercice depuis plusieurs années désormais. Il est le club qui a survécu. Cela compte double pour les supporters qui se sont battus pour la survie du club à l’époque, et peut-être plus encore auprès des jeunes générations.
"Une véritable banque suisse"
"Le football allemand est très ancré localement, constate Polo Breitner. Ce qui m’a toujours frappé à Dortmund, c’est ce rapport à l’histoire. C’est leur ADN. Pour les jeunes générations, c’est aussi le club qui a survécu aux frasques financiers, les supporters - les 'not for sale' (pas à vendre) - celui des survivants qui sont parvenus à reconquérir le titre de champion d’Allemagne. Une image positive alors que l'ennemi de Schalke 04 est toujours celui d'un club à scandales. Les gens sont heureux, le club est sauvé, sain financièrement, une véritable banque suisse." L’avenir s’annonce radieux du côté de la Ruhr.