"Il s’est toujours senti culé": comment Luis Enrique a marqué le Barça de son empreinte

Au Barça, il y a eu deux Luis Enrique. D’abord le joueur, de 1996 à 2004. Idolâtré après son départ du Real Madrid, et cœur battant de l’équipe jusqu’à en devenir capitaine. Puis il y a eu l’entraîneur, de 2014 à 2017. Idolâtré car vainqueur de la Ligue des champions, et maestro derrière la MSN de Messi, Suarez et Neymar.
En réalité, cette deuxième version de Luis Enrique n’a jamais été loin. "Sur le terrain, c’était déjà comme un entraîneur", se souvient Javier Saviola, ex-international argentin et joueur du Barça. "Il avait déjà son leadership. Il voulait toujours que les joueurs soient à 100% et se comportait comme un joueur-entraîneur en donnant beaucoup d’indications. On se rendait déjà compte qu’il allait devenir coach", assure l’ancien coéquipier de Luis Enrique.
"C’était le relais sur le terrain, la main que le coach ne peut pas avoir directement dans le jeu", confirme Óscar Lopez, qui partageait également le vestiaire de Luis Enrique. "Comme capitaine, il gérait cette responsabilité. C’était un partenaire très compétitif, avec des idées déjà claires, un grand tempérament et une forte personnalité."
"C’était plus qu’un joueur de football"
Un investissement qui allait au-delà des terrains. "En dehors, c’était pareil. Il voulait que l’équipe reste concentrée, que l’on mange bien, que l’on se repose, qu’on soit au maximum de nos capacités. C’était plus qu’un joueur de football", raconte Javier Saviola.
Dix ans seulement après sa retraite en tant que joueur, il revient pour coacher l’équipe première, après un premier passage avec la filiale. Il est plus que jamais un Catalan d’adoption. "C’est ici qu’il s’est toujours senti très bien. Il s’est marié avec une Catalane, ses enfants sont Catalans. Il s’est toujours senti culé", témoigne Sergi Solé, rédacteur en chef au journal Mundo Deportivo.
À Barcelone, la saison passée, l’amour pour Luis Enrique a presque dépassé l’impopularité du PSG. Beaucoup de supporters avouent à demi-mots qu’ils étaient contents de voir leur ancien coach sacré. "Ici, si les gens pouvaient, ils feraient revenir Luis Enrique. Hansi Flick a toute l’affection locale et les gens sont très contents avec lui, mais Luis Enrique est encore jeune…" glisse Sergi Solé.
Un exemple au sein de la Masia
Au sein du club, son souvenir en tant que joueur puis entraîneur reste bien présent. "Il a passé de longues années au Barça. C’est une référence, surtout pour les jeunes qui sont formés à la Masia", promet Óscar Lopez, dernier entraîneur de Lamine Yamal avant son passage en équipe première. "Son professionnalisme, son sérieux, son efficacité, il le transmet à ses joueurs en tant que coach maintenant", ajoute celui qui cherche désormais un défi sur un nouveau banc.
Peu avait de doutes sur les capacités de Luis Enrique à devenir entraîneur, mais certains ne pensaient pas pour autant le voir aller si loin. "Qu’il soit devenu entraîneur, ce n’est pas une surprise colossale, mais à aucun moment je ne l’imaginais avoir ce destin", admet Emmanuel Petit, qui a joué avec lui au FC Barcelone. "Je ne devinais pas qu’il allait avoir une telle carrière d’entraîneur, et avec de tels principes de jeu."
La consécration au PSG
Aujourd’hui, difficile de remettre en question la place du coach parisien parmi les meilleurs du monde. Pourtant ce n’était pas forcément une évidence avant la saison passée, après une expérience mitigée avec la sélection espagnole, et au moment où les doutes entouraient le PSG. "1000 entraîneurs étaient passés depuis l’arrivée de Nasser Al-Khelaïfi. Finalement, c’est Luis Enrique qui a gagné, sans stars, sans Messi, sans Neymar, sans Mbappé, mais avec Dembélé, un joueur écarté en début de saison puis qui a mérité sa confiance", rappelle Sergi Solé du Mundo Deportivo.
"Cette dernière année au PSG l’a complètement consacré. Au Barça, nous savions qu’il était un grand entraîneur, mais à Paris il a confirmé tout ce qu’il avait montré ces dernières années", conclut l’ancien attaquant barcelonais Javier Saviola.
Ce mercredi soir, Luis Enrique devrait avoir le droit à un bel accueil au Stade Olympique de Montjuïc, qu’il a connu avec la délégation espagnole lors des JO 1992. En conférence de presse déjà ce mercredi, l’Espagnol a reconnu les visages d'anciennes connaissances, a serré des mains, et répété son amour pour "le soleil de Barcelone". Il tentera tout de même de jouer un mauvais tour au Barça, malgré tout…