Incidents Ligue des champions: faux billets et afflux de supporters, comment en est-on arrivé là?

Près de 24 heures après les débordements au Stade de France en marge de la finale de la Ligue des champions, le temps est désormais aux questions et aux enseignements à tirer. Le ministère des Sports veut d’ailleurs aller vite et a convoqué, ce lundi à 11h, une réunion avec toutes les parties prenantes pour comprendre comment tout cela a pu se produire. RMC Sport a eu connaissance de plusieurs éléments qui expliquent la tension extrême de samedi soir ayant provoqué le retard du coup d’envoi (36 minutes). Et beaucoup de choses se sont jouées bien en amont de la rencontre.
Tout a basculé vers 19h45
Comme d’habitude pour chaque événement de ce genre (finale européenne, Euro…), l’UEFA délègue à la Fédération du pays organisateur tous les aspects opérationnels, logistiques et sécuritaires. Samedi soir donc, c’était la FFF qui était l’organisatrice de la finale au nom de l’UEFA. Un avenant au contrat liant la FFF au Stade de France a été spécialement signé pour cet événement. Les stadiers tout autour de l’enceinte au niveau des grilles étaient donc sous la responsabilité de la Fédération. Mais lors des réunions préparatoires, un premier filtrage beaucoup plus large avait été décidé. Géré par la Préfecture de police avec le renfort de la préfecture du 93, il permettait de laisser passer uniquement les personnes munies de billets ou accréditations. L’idée était de fluidifier au maximum l’arrivée des supporters. Ce dispositif global a parfaitement fonctionné jusqu’à environ 19h45. C’est à cette heure-ci que la soirée a basculé.
Considérant le pedigree des supporters anglais, la FFF avait prévu une fan-zone Cours de Vincennes pour les supporters de Liverpool, un endroit sécurisé où ils pourraient faire la fête, vivre le match avec quelques excès peut-être mais sans risque important de créer un trouble à l’ordre public. Ils étaient entre 40.000 et 50.000 dans l’après-midi de samedi. A partir d’environ 19h, plusieurs dizaines d’entre eux ont pris les transports direction le Stade de France. Cela, la FFF ne l’avait pas prévu. Pourquoi autant de supporters ont-ils rejoint l’enceinte à ce moment-là?
La demande de Liverpool acceptée par l'UEFA pour les billets
La billetterie de l’UEFA est désormais entièrement digitalisée et gérée par blockchain, un système de sécurité décentralisé et inviolable avec vérification obligatoire de l’identité du client. Sauf que lorsque Liverpool a voulu gérer son quota de 20.000 places pour ses fans, le club anglais a indiqué à l’UEFA qu’il n’était pas capable de gérer ce type de billetterie et lui a donc demandé la possibilité d’émettre des billets papier. L’UEFA a accepté cette demande, qui augmente pourtant le risque de créer des faux billets. Elle a donné la possibilité au Real d’agir de même mais a reçu beaucoup moins de demandes espagnoles.
Entre 25.000 et 30.000 faux billets ont été recensés samedi soir. Beaucoup d’entre eux étaient détenus par des supporters des Reds présents dans la fan zone. Lorsque la marée rouge de Liverpool est sortie des transports proches du Stade de France, la situation s’est tendue car le dispositif est très vite devenu inadapté pour gérer une telle foule. Une première brèche s’est ouverte dans le pré-filtrage. Les forces de l’ordre n’avaient pas la capacité de vérifier si le billet présenté était un vrai ou un faux.
En arrivant devant les grilles, les stadiers n’ont pas pu maîtriser les événements. En effet, ils faisaient face à des supporters détenant un faux billet sans le savoir, d’autres qui en avaient des vrais mais qui n’ont pas pu atteindre la grille et enfin une population qui n’avait rien à voir avec le match, issue de la région parisienne, venue potentiellement pour chambrer les supporters espagnols sur le dossier Mbappé.
Dispositif renforcé pour France-Danemark
L’intervention des forces de l’ordre est donc devenue indispensable pour libérer les grilles, disperser les supporters et éviter un drame. La décision de l’UEFA de retarder le coup d’envoi du match a été saluée par les pouvoirs publics. A deux ans des Jeux olympiques de Paris, le gouvernement souhaite que toutes les leçons soient tirées sur cette soirée, afin d’éviter pareilles déconvenues. Des premiers éléments devraient sortir de la réunion de ce lundi au ministère des Sports. Le prochain match de foot au Stade de France est prévu vendredi (France-Danemark). Et même si le contexte est différent et ne provoque pas d’inquiétude particulière côté organisateur, le dispositif de sécurité sera renforcé.