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Ligue des champions: comment l'Atalanta Bergame s'est invité dans le gratin européen

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Malgré des débuts catastrophiques, l’Atalanta Bergame a réussi à se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Une première à ce niveau pour le club italien, qui doit beaucoup à Gian Piero Gasperini. Arrivé en 2016, l’entraîneur italien a su imposer avec succès un style de jeu conquérant fait de prises de risque.

Un tirage au sort est toujours un moment un peu stressant. Celui des huitièmes de finale de la Ligue des champions, qui aura lieu lundi midi et sera à suivre en direct sur RMC Sport, le sera forcément pour tous les prétendants à la victoire finale. Mais pas pour l’Atalanta Bergame. Il y a deux mois, après une troisième défaite en autant de matchs, le club italien ne s’attendait sans doute pas à sortir de son groupe. Et pourtant, il sera bien au rendez-vous du prochain tour.

Malgré des débuts très compliqués pour leur première participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes, Alejandro Gomez et sa bande sont parvenus à déjouer les pronostics. Comme relevé par Opta, personne n’avait réussi avant eux à se hisser en huitièmes après avoir débuté une phase de poules de C1 par trois revers. Qualifiés grâce à leur victoire mercredi face au Chakhtior Donetsk (3-0), ils représenteront le football italien aux côtés de la Juve et du Napoli.

Une sacrée performance pour ce club qui ne compte qu’une Coupe d’Italie remportée en 1963 à son palmarès (et six titres de champion de D2), qui joue ses matchs européens à San Siro en attendant la fin des travaux dans son stade Atleti Azzurri d'Italia et dont la masse salariale (36 millions d’euros) n’est en rien comparable à celles des cadors européens.

Dans son histoire récente, l’Atalanta a aussi goûté au fond du classement en Serie A. La saison dernière, il lui avait fallu attendre mi-octobre pour décrocher une deuxième victoire et s’éloigner de la zone rouge. Sept mois plus tard, sa campagne se terminait par une troisième place historique derrière le duo Juve-Naples. Un redressement qui doit beaucoup à Gian Piero Gasperini. Nommé en juin 2016 à la place d’Edoardo Reja, il a fait de l’Atalanta l’une des formations les plus séduisantes d’Italie, tout en lui apportant rigueur et efficacité. Sur le plan tactique, sa méthode repose sur un 3-4-1-2 facilement adaptable en 3-4-2-1.

Un style de jeu conquérant et risqué

"Il a toujours misé sur trois défenseurs centraux. C’est ce qui a fait sa réussite, notamment au Genoa (2006-2010, 2013-2016), qu’il a fait monter en Serie A en 2007. Il n’a jamais dérogé à ses principes. Même à l’Inter Milan, où il a beaucoup souffert de ne pas avoir réussi et a eu un goût d’inachevé, il est resté sur cette ligne, sans plier face aux sénateurs du vestiaire", raconte Simone Rovera, spécialiste du football italien sur RMC Sport. Admirateur du Milan d’Arrigo Sacchi et de l’Ajax des années 1990, Gasperini prône une certaine ambition dans le jeu.

"Son équipe a une approche très conquérante, avec de vrais principes forts. Les défenseurs centraux n’ont pas froid aux yeux. Ils n’hésitent pas à jouer haut pour déstabiliser l’adversaire. Le style de l’Atalanta peut rappeler celui de l’Inter d’Antonio Conte, mais en moins rigide. Il y a beaucoup d’intensité et une prise de risque très importante. Même contre Manchester City en Ligue des champions, le gardien Pierluigi Gollini s’efforçait de jouer court et au sol pour assurer une première relance propre", abonde Julien Momont, journaliste et spécialiste tactique de RMC Sport.

Gian Piero Gasperini
Gian Piero Gasperini © ICON

Dans un tel schéma, le rôle des pistons est essentiel. Il leur faut un volume de course assez impressionnant pour avaler les allers-retours. Très impliqués à la construction, ils doivent à la fois être capables de soutenir le trio de la défense centrale et de se retrouver dans la surface adverse pour apporter le surnombre. Et ça fonctionne. A titre d’exemple, l’Allemand Robin Gosens et le Belge Timothy Castagne, alignés dans les couloirs contre le Chakhtior, ont tous les deux marqué.

Les éléments placés devant la défense, comme le Suisse Remo Freuler et le Néerlandais Marten de Roon, ont eux aussi pour mission d’assurer des relais courts, de faire parler leur puissance et d’imposer un gros pressing. La philosophie de Gasperini est également incarnée un cran plus haut par les deux joueurs évoluant en soutien de l’attaquant de pointe. Des rôles généralement campés par l’Argentin "Papu" Gomez, le Slovène Josip Ilicic ou le Croate Mario Pasalic, chargés notamment d’alimenter en bons ballons le Colombien Luis Muriel ou son compatriote Duvan Zapata.

Pas de stars dans l'effectif

"Gomez régale à la dernière passe. Ilicic est encore plus technique. Il a un sublime pied gauche, comme Paulo Dybala, et a gagné en altruisme", souligne Simone Rovera. Forcément, le style de jeu offensif de l’Atalanta a quelques limites. Sixième de Serie A, la "Dea" (la Déesse) est l’équipe qui a encaissé le plus de buts (23) parmi les membres du top 10. En Ligue des champions, sa défense a parfois été totalement dépassée, comme sur le terrain du Dinamo Zagreb lors de la première journée (défaite 4-0).

"Avec les risques pris par ses centraux, l’Atalanta se retrouve parfois en un-contre-un derrière. Ça peut lui poser de sérieux problèmes. Une équipe comme le PSG pourrait en profiter en cas de confrontation en huitièmes", appuie Julien Momont. Loin d’être attendu à ce stade de la compétition, Bergame ne compte aucune star dans son effectif, même si Zapata a pris une autre dimension la saison dernière avec ses 23 buts inscrits en championnat.

Gasperini révèle des talents

L’une des forces de Gasperini est de savoir tirer le meilleur de son effectif. Sous ses ordres, des joueurs ont explosé comme Leonardo Spinazzola, Andrea Conti ou Roberto Gagliardini. Tous sont devenus internationaux lorsqu’ils évoluaient à Bergame. Ils portent aujourd’hui les maillots de la Roma, du Milan et de l’Inter. Mais aucun d’entre eux n’est encore parvenu à retrouver son niveau de l’Atalanta. Comme si Gasperini était le seul à pouvoir les sublimer.

Sous contrat jusqu’en 2022, l’ex-entraîneur des équipes de jeunes de la Juve pourrait entrer encore un peu plus dans l’histoire de la "Dea" en cas de qualification pour les quarts de finale. Mais pour l’Atalanta, qui a retrouvé un environnement serein depuis son rachat en 2010 par Antonio Percassi - ancien joueur du club ayant fait fortune dans l’immobilier - l’objectif est d’abord de se maintenir dans le haut de tableau de la Serie A. Ce serait un bon moyen de prolonger la fête qui anime Bergame depuis mercredi soir.

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Rodolphe Ryo