Ligue des champions: les détails du projet révolutionnaire pour 2024, qui ferait mal à la Ligue 1

Le spectre de la Super Ligue européenne fermée revient avec insistance depuis plusieurs saisons. L’UEFA a réalisé des concessions dans ce sens en changeant au fil des ans le format de la Ligue des champions. Toujours au profit des grands clubs européens pour restreindre le risque de non-participation et multiplier les matches. Et donc les recettes (droits TV, billetterie…). Mais cela ne semble pas suffisant pour l’EAC, l’Association Européenne des Clubs, où pèsent essentiellement les cadors européens.
A l’orée de la saison 2024, la formule de la Ligue des champions pourrait ainsi à nouveau changer. Pour ressembler à une Ligue quasi-fermée. Le 19 mars, une réunion s’est tenue entre l’UEFA et l’EAC, cette dernière proposant sa nouvelle formule. Mais attention, les éléments ci-dessous de cette possible réforme sont encore en phase de discussion. Rien n’est acté pour le moment.
Le point sur la formule proposée par les grands clubs européens:
Il y aurait désormais une phase de groupe avec quatre poules de huit équipes. Les quatre premiers de chaque groupe seraient qualifiés pour les 8es de finale. Surtout, les six premiers de chaque groupe seraient sans doute automatiquement qualifiés, ou plutôt "maintenus", pour l’édition suivante de la Ligue des champions. Une réflexion existe sur ces dernières places qualificatives avec soit les six premiers qualifiés directement, soit les cinq premiers et un barrage entre le 6e et le 7e de chaque groupe.
Il resterait alors seulement huit places libres pour accéder à la Ligue des champions la saison suivante. Ces places pourraient être réparties entre les quatre demi-finalistes de la Ligue Europa et quatre places pour des championnats "mineurs" (Portugal, Russie, Pays-Bas, Suisse, Belgique, Turquie…) moins représentés dans le casting initial.
Comment se qualifier pour les clubs français?
Deux solutions. La plus "simple": faire partie du projet dès la première année. La plus compliquée: accéder à la C1 en atteignant les demi-finales de la Ligue Europa.
Cette nouvelle formule ne donnerait ainsi aucun billet pour la Ligue des champions via la Ligue 1.
Quels sont les objectifs de cette possible nouvelle formule?
Ils sont essentiellement financiers, le mérite sportif étant relégué au second plan. Cette formule augmenterait les revenus déjà conséquents de la Ligue des champions. Aujourd’hui, 96 matches de C1 sont disputés. Avec cette révolution, il y en aurait 224, soit 128 matches de plus. Ce qui provoquerait évidemment plus de revenus pour les clubs avec une augmentation des droits TV (+40% selon certaines estimations), de la billetterie et des revenus marketing.
Quel impact sur la Ligue 1?
Il serait très important. La Ligue 1 ne délivrerait plus aucun accès direct à la Ligue des champions. L’Intérêt du championnat de France diminuerait nettement, d’autant que les clubs présents en C1 donneront sans doute la priorité à cette compétition, vitale pour les finances, faisant sans doute tourner en L1.
Plus de matches de C1, cela entraînera aussi un casse-tête au niveau du calendrier qui est déjà surchargé. Pour atténuer ce fait, deux solutions sont à l’étude: supprimer la Coupe de la Ligue ou passer en L1 de 20 à 18 clubs.
Participants, calendriers… ces questions encore en suspens
Plusieurs inconnues existent encore dans cette possible réforme. Comment les clubs européens seront choisis pour la première édition? On peut imaginer que les arguments seront essentiellement économiques. Comment sera géré le calendrier, surtout lors des années de Coupes du monde ou de championnats d’Europe? Les clubs engagés délaisseront-ils leurs championnats domestiques? Les droits TV de ces championnats vont-ils baisser?
Mercredi, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, a réuni les dirigeants du football français pour discuter de cette réforme. Les prochaines échéances sont connues. Le 8 mai, une réunion aura lieu entre l’UEFA et les responsables des Ligues européennes. Puis le 14 mai, se tiendra une réunion de la commission des compétitions de l’UEFA, dont fait partie Didier Quillot, directeur général de la LFP.
L’avenir de la Ligue des champions pourrait alors se jouer. Avec des conséquences majeures sur le visage du football européen de clubs.