"Mes amis m’en veulent encore": mariage, week-end en amoureux… Ces supporters du PSG qui ont tout plaqué pour la finale de Ligue des champions

Les quelques mots écrits sur son smartphone après la demi-finale retour de Ligue des champions face à Arsenal, d’abord sur un ton plutôt léger, ont rapidement pris une tournure bien plus sérieuse. "J’ai écrit un texto à ma compagne à 1h du matin en rentrant du stade pour lui dire, le temps d’une petite blague, qu’il allait falloir annuler le week-end qu’elle avait prévu. Puis le lendemain, elle a compris que ce n’était pas une blague", nous glisse Antoine, 29 ans, fidèle du Parc des Princes depuis sa plus tendre enfance.
Comme cet enseignant de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), de nombreux supporters du PSG ont été contraints de bouleverser leur programme pour suivre la finale de Ligue des champions face à l’Inter Milan (samedi 31 mai) dans des conditions optimales. Week-end de l'Ascension oblige, les plans initiaux étaient souvent très éloignés de toute considération footballistique. Mais le parcours des hommes de Luis Enrique a changé la donne.
"Ma compagne nous avait organisé un week-end dans le Sud, car on vient d’avoir un bébé. C’était le premier week-end pour qu’on puisse voir autre chose, souffler, quitter l’appartement et la région", détaille Antoine. "J’ai la meilleure des compagnes et elle a évidemment plus que compris. Elle a tout annulé pour qu’on soit à Paris ce jour-là et que je puisse vivre cet évènement comme j’ai toujours rêvé de le faire. C’était notre premier week-end de jeunes parents, mais pour un tel événement, rien ne pouvait m’empêcher d’être avec mon club, ce n’était pas possible. Mon objectif était de le vivre sur Paris. J’aimerais beaucoup que le club organise quelque chose au Parc des Princes."
"Le PSG, je regarde les matchs tous les trois jours. Mon cousin, je ne lui parle pas tous les trois jours"
Ilian, 21 ans et étudiant en école de commerce, a vécu un dilemme similaire. À la base, il devait prendre l’avion pour se rendre au Maroc et assister au mariage de son cousin. "J’ai annulé ma venue au Maroc pour être là. Le PSG en finale, c’est vraiment quelque chose de spécial, un match impossible à rater. Le PSG, je regarde les matchs tous les trois jours. Mon cousin, je ne lui parle pas tous les trois jours. Le PSG, c’est quasiment la famille", sourit Ilian, qui a prévu de regarder le match avec des amis à Paris. "Dans ma famille, ils n’ont pas tous compris au début. Mais je leur ai expliqué que j’étais un fan du PSG, que le PSG était très important dans ma vie. Ils ont fini par comprendre. Mon cousin était surpris quand je lui ai donné la raison de ma non-venue, mais il a quand même compris, il sait que je suis un grand passionné de foot. Personne ne m’en veut."
Parmi les amoureux du PSG, tous n’ont pas été aussi transparents. Marjorie, 39 ans, devait initialement se rendre à l’enterrement de vie de jeune fille de l’une de ses amies, dans l’Yonne. L'événement était prévu depuis plus de six mois. "Depuis la demi-finale aller contre Arsenal (victoire 1-0, NDLR), j’étais convaincue qu’on serait en finale ce week-end-là. Je me suis dit: 'Il faut que je trouve une excuse pour ne pas y aller'", confie cette directrice des ressources humaines, originaire de Troyes (Aube) mais fan du PSG depuis une dizaine d'années et son arrivée dans la capitale pour des raisons professionnelles. "J’ai envoyé un message sur notre groupe WhatsApp. J'ai dit que j’avais un imprévu, que je devais prolonger mes vacances juste avant l’EVJF et que donc je ne pourrais pas venir. Bon, c’est un petit mensonge (sourire), mais je ne me suis pas trop étendue sur le pourquoi du comment. Parce que personne ne comprendrait que j’annule pour un match du PSG. Parmi les autres filles, aucune n’est branchée sport. Ce n’est vraiment pas leur truc. Elle me prendrait pour une extraterrestre."
"Il faut que je fasse attention à ne pas poster trop de choses sur les réseaux le soir de la finale"
En étant restée très vague sur les raisons de son absence à l’enterrement de vie de jeune fille de son amie, Marjorie devra donc jouer la carte de la discrétion le soir de la finale. "Il faut que je fasse attention à ne pas poster trop de choses sur les réseaux le soir de la finale. J’ai prévu de la voir dans le bar où je vais avec mes amis quand on n’est pas au Parc. C’est à Pigalle, près du Moulin Rouge, dans le nord de Paris. Il y a beaucoup de supporters parisiens là-bas", sourit-elle. "Tout le monde se connaît. Je vais y aller en avance, vers 17h je pense. Je suis habituée à arriver très tôt avant les matchs. Je viens à pied de chez moi, j’en ai pour une demi-heure. Je n’ai pas encore choisi le maillot que je vais porter, il faut que je fasse le bon choix."
Comme Marjorie, Marvin (21 ans) a également tout intérêt à faire profil bas. Initialement, il devait quitter Brive-la-Gaillarde (Corrèze), où il réside, pour se rendre à Annecy et passer un week-end entre copains. Il a finalement tout annulé pour prendre un billet d’avion en direction de Munich, théâtre de cette finale de Ligue des champions. Au grand dam de ses amis. "On était un groupe de quatre amis, donc maintenant ils y vont sans moi. Ils ont râlé car ils ne suivent pas trop le foot. Ils m’en veulent encore d’ailleurs, mais c’est mon choix et ils comprendront."
"Si j’ai raté un mariage et qu’ils perdent…"
Marvin a pris cette décision radicale sans avoir la certitude d’avoir sa place pour le match. "Je n’ai toujours pas les billets du match, j’essaye de remuer ciel et terre pour en avoir. Je me rends à Munich, je serai devant le stade à 16h avec l’espoir d’avoir un billet jusqu’à la dernière minute. Si je n’ai pas de place, je vivrai l’ambiance en dehors du stade, dans un bar ou devant un écran géant", souffle-t-il.
Si la billetterie a généré beaucoup de frustration et de colère chez les fans du PSG, nombre d’entre eux étant repartis bredouilles après des heures d’attente, le simple fait de pouvoir suivre la finale dans de bonnes conditions ravit les supporters qui étaient censés vivre cet évènement de loin. Reste désormais le stress de l’issue du match, histoire de ne pas s’enfoncer aux yeux de ses proches. "J’ai une chance incroyable d’avoir une compagne qui a accepté d’annuler nos plans. Mais je pense qu’après la finale, je vais avoir droit à deux ou trois petits piques sur le fait qu’elle a annulé quatre jours de vacances pour mon équipe. Je vais devoir me rattraper je pense (sourire). Ils ont plutôt intérêt à gagner, car sinon je suis mort", se marre Antoine. "Honnêtement, j’espère vraiment qu’ils vont gagner", appuie Ilian. "Car si j’ai raté un mariage et qu’au final ils perdent, ça serait quand même le pompon sur la Garonne."