PSG-Dortmund: comment les ultras ont vécu le match à l’extérieur du Parc

Des gens perchés dans les arbres, d’autres sur les grilles de Roland-Garros. Une foule compacte et galvanisée, massée des deux côtés de la route, en bordure du périphérique. Des chants bruyants et continus. Une vraie électricité dans l’air. A l’appel du Collectif Ultras Paris, des milliers de supporters sont réunis le long de l’avenue de la Porte d’Auteuil, ce mercredi, dans le 16e arrondissement. Plusieurs heures avant le choc contre Dortmund en 8e de finale retour de la Ligue des champions.
Et l’effervescence se change vite en hystérie lorsque le bus du PSG se présente au bout de la rue. Escorté par un important dispositif de sécurité, le car des champions de France fend la foule déchaînée. Le véhicule est enveloppé par un immense nuage rouge, aux couleurs des fumigènes craqués sur plusieurs centaines de mètres. A l’intérieur, les partenaires de Marquinhos tapent sur les vitres et saluent chaleureusement leurs supporters, qui entament ensuite un long cortège jusqu’au Parc des Princes.
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Des téléphones et la radio pour suivre le match
Emmenée par les groupes d’ultras, la colonne rouge et bleu donne de la voix et tire plusieurs feux d’artifice sur le trajet. Avant d’investir l’avenue du Général Sarrail, menant à la tribune Auteuil. Une fois devant leur virage habituel, environ une heure avant le match, les supporters se déploient tout autour du périmètre de sécurité, validé par la préfecture de police. Et ils se chauffent les cordes vocales en attendant le coup d’envoi. Avec quelques pogos impressionnants, filmés par des riverains sur leurs balcons.
Une fois le match lancé à 21h, certains dégainent leur portable pour garder un œil sur RMC Sport 1. D’autres branchent leurs écouteurs sur la radio. En l’absence d’écran géant, la plupart ne voient pas le match. Mais ce n’est pas la priorité. Ce qui compte, c’est que les hommes de Thomas Tuchel entendent leurs encouragements sur la pelouse du Parc, à huis clos en raison de l’épidémie de coronavirus. Le Covid-19 n’est d’ailleurs pas tellement au menu des discussions sur le parvis d’Auteuil, transformé en parcage extérieur. Bras dessus, bras dessous, les ultras parisiens enchaînent les chants, les applaudissements et les joyeuses bousculades. Sans vraiment se soucier d’autre chose.

Feux d’artifices et clameurs décalées
De nouveaux feux d’artifice sont tirés pour que les joueurs puissent les voir de la pelouse. Certains fans sont en contact avec leurs proches, qui leur assurent: "On vous entend grave à la télé, vous êtes énormes, lâchez rien!" De quoi décupler la motivation des troupes. Reste ce match, décisif, stressant, encore plus dans cette configuration. Les plus connectés se chargent d’informer leurs potes de l’évolution du score, mais ils ont plus ou moins d’avance les uns sur les autres, en fonction de leur réseau. De quoi créer un certain flottement lors des moments chauds.
Une première clameur s’élève à la 25e minute de jeu. "But de Cavani", hurle quelques personnes, déclenchant un début d’euphorie… avant de se rendre compte que la frappe de l’Uruguayen a été détournée par le gardien de Dortmund. Trois minutes plus tard, en revanche, c’est l’explosion. Une clameur assourdissante s’élève de la foule. Pas de doute, Paris vient de marquer. "C’est Marquinhos, ah non, c’est Neymar", "On s’en tape, il y a but!". Les chants redoublent d’intensité. Tout le monde veut y croire, même si la méfiance reste palpable après les récents échecs en Ligue des champions.
Un brouhaha indescriptible
Les visages se décrispent complètement avant la pause, lorsque Juan Bernat double la mise. Comme pour l’ouverture du score, la clameur s’élève de la foule avec un décalage en fonction des "informateurs". Mais tout le monde se retrouve vite à sauter en rythme pour fêter cette première période réussie. "Il paraît que Kimpembe est énorme", annonce quelqu’un. "On a la possession, Haaland est nul", renchérit son voisin. La mi-temps offre un petit break pour recharger les batteries. Certains en profitent pour aller se soulager ou chercher à boire. Mais le gros de la mêlée reste en poste et relance des chants puissants dès l’entame de la deuxième mi-temps.
L’intensité monte d’un cran au fil des minutes. L’anxiété aussi. Les regards vers les quelques téléphones qui passent le match se font plus insistants. On se renseigne sur le temps qu’il reste entre deux chants. "Plus que quinze minutes". "Plus que dix", "Plus que cinq, allez, allez." Nouvelle clameur. "On a marqué? Non, carton rouge pour Emre Can!" Ça va le faire, ça y est, enfin! Tout le monde le sent bien. Les gens détournent peu à peu les yeux des écrans pour se laisser porter par l’ivresse générale. Le PSG est quasiment en quarts de finale. Il ne manque plus que la délivrance. Elle intervient dans un brouhaha indescriptible...
Di Maria déclenche le chaos
Les supporters se tombent dans les bras, se checkent et s’embrassent. Les messages des proches pleuvent avec des cœurs, des poings, des rires. Le soulagement est immense. La joie profonde. Très vite, la rumeur se propage: "Les joueurs arrivent, ils viennent nous voir". Quelques instants plus tard, Angel Di Maria saute à pieds joints sur le rebord du premier étage du stade, torse nu, et harangue les supporters. De quoi déclencher un gros mouvement de foule et une cavalcade effrénée jusqu’à l’entrée du Virage Auteuil. "Tous les joueurs sont là, c’est la folie". Tant pis pour le périmètre de sécurité.
Massés au pied du Parc, les fans parisiens savourent ce moment unique, les poings brandis, le sourire jusqu’aux oreilles. Nouvelle pluie de fumigènes. La communion est intense, à la hauteur de la délivrance. Presnel Kimpembe s’assoit en mimant la célébration d’Erling Haaland. Neymar et Kylian Mbappé profitent du moment, les pieds dans le vide. Edinson Cavani pointe la foule du doigt, comme pour lui dédier cette qualification. Les CRS se chargent de repousser les premiers rangs de supporters lorsqu’ils arrivent trop près des grilles. Certains contournent par la droite et tombent nez-à-nez avec Layvin Kurzawa. Le latéral gauche est sorti du stade pour venir célébrer dans la rue avec les ultras. Il reste quelques instants avant d’aller rejoindre ses partenaires aux vestiaires.
Des célébrations d’Haaland sur les trottoirs
Après un dernier chant, les joueurs s’en vont un par un et laissent leurs partisans avec des étoiles plein les yeux. Quelques pétards retentissent sur le bitume. Un groupe prolonge la fête en chantant. Personne n’a vraiment envie de partir. Mais il le faut bien, alors tout le monde se disperse dans les rues adjacentes. Sur le chemin du métro, des petits groupes se prennent en photo en reproduisant la célébration d’Haaland. D’autres arrêtent les voitures pour hurler leur joie. Le PSG est en quart de finale de la Ligue des champions et au fond, ce n’est qu’une victoire (2-0). Mais pour tous ces supporters, ce soir, c’est bien plus que ça.