Real-PSG: où placer le naufrage de Madrid dans l’histoire des fiascos parisiens ?

La mauvaise habitude commence à devenir une marque de fabrique. Après deux années de progression, récompensées par une finale et une demi-finale, le PSG est retombé dans ses pires travers en Ligue des champions. De manière spectaculaire, comme souvent. Alors qu’ils l’avaient emporté 1-0 à l’aller et qu’ils dominaient leur sujet après l’ouverture du score de Kylian Mbappé, les Parisiens se sont totalement écroulés face au Real Madrid, mercredi, en 8e de finale retour (3-1).
Une bourde de Gianluigi Donnarumma a suffi à tout faire voler en éclats. Karim Benzema, dans un état second, en a profité pour inscrire un triplé en dix-sept minutes, avec l’aide d’un Luka Modric revigoré. Le public de Bernabeu, jusqu’alors éteint, s’est réveillé pour accompagner ce moment de pure folie. Un de plus dans l’histoire récente du PSG sur la scène continentale...
Pire que la remontada de Barcelone?
Comme à Barcelone ou contre Manchester United, le cauchemar est né d’une erreur de gardien. Mais la mauvaise sortie de Kevin Trapp, les mains glissantes de Gianluigi Buffon et la prise de risque de Gianluigi Donnarumma ne peuvent justifier à elles seules de telles débâcles. Au lendemain de cet énième drame, Paris est à nouveau groggy. La tête plongée dans ces souvenirs les plus sombres, assommé par les rires moqueurs de ses adversaires. Le peuple rouge et bleu a honte. Il y a de la colère et du dépit aussi. Avec une question: est-ce le pire fiasco de l’histoire du PSG? A l’heure de hiérarchiser les catastrophes, difficile d’être affirmatif. Mais le naufrage de Bernabeu fait clairement partie du débat.
Avec son côté inédit, l’ampleur du score et la reprise de Sergi Roberto à la dernière seconde, la remontada du Barça restera sans doute inégalable. Paris a encaissé un score de tennis au Camp Nou (6-1), en 8e de finale retour, après avoir régalé au Parc des Princes trois semaines plus tôt (4-0). Cette soirée irrationnelle du 8 mars 2017 a marqué un tournant dans l’histoire de la Ligue des champions, peu habituée au renversement de situations entre un match aller et un retour. Celle du 9 mars 2022 n’aura sans doute pas le même impact. Mais sur d’autres aspects, elle semble plus dérangeante malgré tout. Déjà parce que le PSG a maîtrisé les débats durant plus d’une heure à Bernabeu, alors qu’il avait pris l’eau dès le coup d’envoi en Catalogne. Mais aussi parce qu’il semblait supérieur à cette équipe du Real, dans quasiment tous les domaines. Face au Barça de Messi, Neymar et Suarez, les coéquipiers de Marquinhos s’étaient fait corriger par une constellation de cracks. Contre le Real de Benzema, ils ont perdu leurs moyens devant une équipe a priori prenable.
Comparable à la débâcle contre Manchester United?
Sur ce point, la déroute de Madrid ressemble peut-être plus au flop de Manchester United en mars 2019. Toujours en 8es de finale. Après avoir dompté Old Trafford (0-2), les partenaires de Kylian Mbappé avaient tout gâché devant leur public, punis par un penalty de Marcus Rashford dans le temps additionnel (1-3). Mais ces Red Devils, amputés d’une partie de leurs tauliers, étaient nettement moins fringants que le Real Madrid. Et la rencontre avait lieu au Parc des Princes.
Un autre paramètre est à prendre en compte au moment de mettre sur les tables toutes ces humiliations: l’attente qui entoure le PSG. Et sur ce plan, la "Benzemada" est de loin la plus douloureuse. En recrutant Lionel Messi l’été dernier, en plus de Neymar et Kylian Mbappé, le club de la capitale était annoncé comme l’un des grands favoris de la compétition. Avec deux top gardiens (Donnarumma et Navas), des latéraux prometteurs (Hakimi et Nuno Mendes), un taulier charismatique (Sergio Ramos) et un banc plus profond que les années précédentes. Sans parler de son expérience de finaliste et demi-finaliste. Personne n’imaginait ce Paris-là sortir piteusement dès les 8es.
La suite d’une longue série d’échecs
La désillusion est d’autant plus grande qu’elle s’ajoute à plein d’autres échecs cruels depuis l’arrivée des propriétaires qataris à l’été 2011. Il y a eu Pedro avec le Barça en 2013, Demba Ba avec Chelsea en 2014, Kevin De Bruyne en 2016 avec Manchester City ou Riyad Mahrez l’an passé, toujours avec les Skyblues. A chaque fois, le PSG a entrevu la qualification et à chaque fois, il a eu les pieds qui tremblent au moment de conclure. Comme dans un mauvais rêve, qui se répète inlassablement. Ça fait beaucoup en une décennie.