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Riolo : "Bien mais insuffisant…"

Daniel Riolo

Daniel Riolo - -

Daniel Riolo revient sur le match PSG-Chelsea, ce mardi en 8e de finale aller de la Ligue des champions (1-1).

« Juste avant le coup d’envoi, via Twitter, j’ai dit que j’envisageais un gros match du PSG. J’ai ajouté que cette performance serait peut-être insuffisante. Un PSG à la hauteur de l’évènement donc.

Je ne rappelle pas ça pour jouer au grand mage, non. C’était absolument banal. Comment imaginer en effet que les Parisiens nous servent la soupe tradi Ligue 1 ? Cela aurait été une faute professionnelle de la pire espèce. Ce groupe a trop de qualité. Il pense trop à la Ligue des champions pour ne pas être impliqué le moment venu. Ce PSG se gâche trop au quotidien pour ne pas élever le niveau quand il le faut.

Le problème, c’est qu’être en phase avec l’évènement, c’est le minimum ! Et comme je le dis souvent, s’extasier du normal, c’est pas normal.

Vous avez vu les commentaires d’après match ? Le Président était ravi : ‘‘Bon match, on méritait de gagner…’’

Blanc semblait soulagé d’avoir tenu tête à l’adversaire, comme s’il avait eu peur de prendre une raclée. Les joueurs ont enchaîné dans le même esprit.

J’ai entendu et lu la même chose dans beaucoup de commentaires d’après-match. C’est comme si d’avoir vu le PSG faire un match intense, répondre au combat, au défi, était suffisant ! Comme si avoir été digne avait effacé la réalité du résultat.

On était revenu deux ans en arrière quand après l’élimination 2-2 puis 1-1 face au Barça en quart, on avait retenu la tenue générale de l’équipe. Le propos avait du sens à cette époque. Mais cela veut dire quoi ? Qu’en deux ans, rien n’a bougé ?

Entre temps, après une victoire inutile en match de poule face au Barça en septembre, on a entendu le président du PSG parler de moment historique et L’Equipe s’est empressé de ranger ce match au Panthéon du sport français. 

Pendant que notre PSG se perd en grandiloquence et emphase, Chelsea est rentré à Londres avec un bon résultat et 70 à 80% de chance d’aller en quarts de finale. Le match de l’année du PSG, n’était qu’un match important pour Chelsea et cette différence est importante. L’approche psychologique n’est pas la même. De ce côté-là, en mettant Luiz au milieu, Blanc s’est montré actif quant à l’évènement. Sans être l’idée du siècle, ça a eu le mérite de mettre Blanc en situation positive. C’est assez rare pour être souligné.

Comme je le disais, le PSG a ensuite livré son match de l’année. Tout le monde au top. Implication, intensité. Des hauts et quelques bas, mais prestation réussie. Cavani à ce niveau, c’est comme le symbole de la soirée et de la performance du PSG. Pour ne pas être éliminé dès le match aller, il fallait voir un PSG pas vu cette saison, c’est ce qu’on a vu.

Le souci, c’est qu’en face, Chelsea n’a quasiment jamais perdu le fil. Des matches de ce genre, Chelsea en dispute très souvent. 0-0, ça va. 1-0, c’est parfait. 1-1, c’est pas mal du tout. Les Blues n’ont même pas eu à passer par la case ‘‘défaite 2-1’’, largement jouable. Chelsea a toujours affiché beaucoup de calme tandis que le PSG oscillait entre peur et confiance. Paris jouait pour un exploit, la tête et le cœur chaud. Une finale au lieu d’un 8e… Et c’est en ça, principalement sur ce point, que le PSG ne progresse pas. Les réactions d’après match, l’attitude sur le terrain prouvent cet état d’esprit finalement propre au petit qui affronte le gros.

Chelsea a fait très peu, OK. Courtois a été excellent, OK. Et alors ? Ce qu’a fait Chelsea, on l’a vu mille fois non ? C’est un classique en Coupe d’Europe. Quant à Courtois, un club comme Chelsea a un grand gardien, quoi de surprenant ? Le contraire serait anormal.

C’est finalement le genre de match qui engendre des commentaires du genre ‘‘le droit d’y croire’’, ‘‘mériter mieux’’ ou des mots tels ‘‘frustration’’, ‘‘regrets’’… Ces expressions sont peut-être les plus utilisés après les matches des équipes françaises en Coupes d’Europe depuis que celles-ci existent… »

Les joueurs

« David Luiz au milieu, ça a donc marché. Il faut souligner que sa mission était également parfois de reculer et de faire le 3e défenseur axial. C’était ainsi parfois un 3-4-3. Le souci, c’est que même si Chelsea a peu attaqué (notamment en 2e période), Luiz n’a pas assez apporté offensivement, se contentant de couper les liaisons, de faire le ménage. A ce poste-là, c’est mieux quand le 6 sait aussi orienter aussi le jeu.

Cette mission revenait à Verratti. L’Italien me laisse comme souvent un sentiment étrange. Et sa jeunesse n’excuse plus rien. Il joue sa 3e LDC maintenant. Et il avait été meilleur au Camp Nou, il y a 2 saisons. C’est un crack technique, il sait tout faire, il régale, le public l’aime. On aime ce genre de joueur, il donne tout. Mais moi, il m’agace. Quand on a devant soi un prodige, on veut qu’il soit vraiment au top. Qu’il donne quand il faut donner, qu’il lâche la balle au bon moment, qu’il aille de l’avant au lieu pour la régalade de revenir en arrière. Qu’il progresse dans son attitude, dans son jeu long. Il peut tout faire. Mais aujourd’hui Verratti doit choisir. Soit devenir un joueur de salon, parfois génial. Soit devenir un vrai cador de niveau mondial.

Ibrahimovic n’a pas raté son match. Loin de là, il a même été très présent. Seulement quand on est un joueur hors norme, on doit faire le truc que les autres ne vont pas faire. On doit être l’élément déterminant, celui qui sort du collectif pour récompenser l’équipe. On attend encore que ça arrive dans un gros match.

Pour le reste, tous les joueurs (ex : Cavani) ont montré un visage qu’on ne voit pas habituellement. La thèse du foutage de gueule en championnat tient donc la route. » 

Daniel Riolo