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Mercato: Neymar, Memphis, Payet... Pourquoi le Brésil est la nouvelle destination à la mode

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Alors que de nombreux joueurs évoluant en Europe s'envolent vers les Etats-Unis ou le Golfe pour terminer leur carrière, le Brésil a su attirer bon nombre d'habitués du Vieux continent. Une destination à la mode qui interroge.

Neymar, Oscar, Coutinho, Payet, Memphis... Les anciennes stars des clubs européens se pressent pour signer dans le championnat brésilien, malgré les offres colossales parfois faites par des clubs américains ou saoudiens. Un phénomène récent qui vient rebattre les cartes des destinations privilégiées pour une fin de carrière de footballeur. Si de tout temps le Brésil, considéré comme un pays phare de la discipline, a attiré des joueurs étrangers, jamais autant d'Européens n'ont évolué en Serie A au même moment.

Le retour de Neymar sur ses terres, après des expériences au FC Barcelone et au PSG, n'a donc rien de très original, lui qui avait toujours promis qu'il reviendrait un jour à Santos son club formateur. Mais les arrivées de Memphis (Corinthians), Martin Braithwaite (Gremio), Mohamed El Arouch (Botafogo), Dimitri Payet (Vasco de Gama), Hector Hernandez (Corinthians), Jamal Lewis (Sao Paulo) ou Yannick Bolasie (Cruzeiro) interrogent.

Un changement de règles pour autoriser plus d'étrangers

Une des premières explications à cette migration européenne en Serie A brésilienne s'explique par la réglementation: il y a deux ans, la limite de joueurs étrangers par équipe était fixée à deux. Elle est passée à sept en 2023 puis à neuf en mars dernier, après un vote unanime des clubs. Un changement de règles qui permet au Brésil non seulement de récupérer les habituels talents d'Amérique du Sud mais aussi de se pencher vers des noms plus clinquants outre-Atlantique, en quête d'une destination "exotique" pour terminer leur carrière.

Le football brésilien s'est aussi davantage ouvert, avec l'arrivée de coachs portugais triomphants comme Jorge Jesus et Abel Ferreira, ou la tentative de la Seleçao de faire venir Carlo Ancelotti à sa tête. Un changement structurel aussi, permettant aux clubs de devenir des sociétés anonymes (SAF), a entraîné l'augmentation des investissements étrangers, à l'image du rachat de Botafogo par Textor.

Un contexte global plus favorable mais pas de stratégie

Mais selon Rodrigo Capelo, expert des finances du football brésilien, cette arrivée massive d'Européens dans le championnat local n'a rien "d'une stratégie ou d'un changement structurel du football brésilien", qui préfère évoquer "une mode", dans les colonnes de The Athletic. "Les opportunités se sont présentées et les propriétaires des clubs ont senti qu'ils seraient bien accueillis par les supporters. Auparavant, ils ne recrutaient que des Brésiliens ou des Sud-Américains. Aujourd'hui, ils ont également la possibilité de recruter des joueurs européens. Cela fait beau pour les photos."

Lui rappelle que les joueurs européens ayant récemment signé au Brésil sont des joueurs qui n'avaient pas d'offres sur le marché occidental et qui ont préféré l'opportunité offerte par les clubs de Serie A. Le regain économique du pays depuis le retour de Lula au pouvoir et la baisse de la criminalité au sein du pays sont autant d'arguments expliquant aussi comment les clubs brésiliens peuvent attirer de tels talents.

Des visions court-termistes pour des recrutements périlleux

Mais pour l'expert, ces recrutements restent des folies, rappelant que le recrutement de Memphis et son salaire de 122.000 euros par semaine dans un contexte où les Corinthians sont endettés à hauteur de 355 millions d'euros pourrait mener à la faillite du club. Un contrat colossal permis grâce à l'un des sponsors du club, une entreprise de paris sportifs, qui paie une grande partie de ses revenus.

Dernier argument avancé par Capelo: la récurrence des élections à la tête des clubs. En campagne pour leur réélection tous les deux ans, les présidents de clubs peuvent être tentés de recruter une star, pour éventuellement faire oublier un bilan sportif moindre et séduire les supporters à court terme.

Mais si l'homme assure que c'est avant tout "l'irresponsabilité" des clubs qui permet de tels "coups", il existe aussi une réalité: à court terme, le championnat brésilien et les compétitions intercontinentales locales offrent davantage d'argent à leurs pensionnaires, grâce notamment à une augmentation des droits TV, permettant une hausse globale des recettes.

40 joueurs issus de clubs européens au Brésil depuis un an et demi

Sur place, les recrues étrangères profitent également d'un cadre de vie agréable, entre météo clémente, coût de la vie bien inférieur à celui qu'elles pourraient trouver aux États-Unis ou dans le Golfe et des infrastructures de qualité grâce au Mondial 2014. "La structure ici est similaire (à celle des grands clubs européens), peut-être même meilleure à certains égards", avait assuré Depay à sa présentation.

Le Néerlandais avait aussi fait part de sa joie d'évoluer dans le championnat brésilien, "la Mecque du football" selon lui. "Nous venons toujours chercher les talents brésiliens en Europe parce qu'ils ont quelque chose de spécial. Cette ligue a besoin d'une lumière venant de l'autre côté. Il est temps de montrer son potentiel. Cela se produira dans les prochaines années", avait-il conclu. Depuis la saison 2023-2024, 40 joueurs évoluant précédemment dans des clubs européens ont rejoint le championnat brésilien.

AC