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MLS : si Thierry Henry raccroche, que retenir ?

Thierry Henry

Thierry Henry - AFP

A 37 ans, Thierry Henry a peut-être disputé ce samedi le dernier match de sa carrière après l'élimination des New York Red Bulls en finale de conférence Est de la MLS. L’attaquant le plus prolifique avec les Bleus (51 buts) laisserait alors une trace indélébile mais aussi contrastée dans l’histoire du football français.

Clap de fin pour Thierry Henry ? Ce samedi, l’attaquant français des New York Red Bulls a peut-être joué le dernier match de sa carrière à New England (2-2) après l'élimination de son équipe en finale de Conférence Est. On ignore encore la décision de l'ancien Gunner mais à 37 ans, le Français, qui sera en fin de contrat le 31 décembre, pourrait bien dire stop.

Le meilleur buteur de l’histoire avec les Bleus

Que restera-t-il alors de ses 20 ans de carrière ? S’il est bien sûr impossible s’établir un résumé en quelques lignes, le natif des Ulis reste aujourd’hui encore l’attaquant le plus prolifique de l’équipe de France. Avec 51 buts en 123 sélections, celui qui était déjà champion du monde et champion d’Europe à 22 ans, a scoré deux fois plus que Karim Benzema (25 buts en 77 sélections). « Compte tenu de sa carrière et de tout ce qu’il a fait, réussi et apporté, moi je dirais simplement ‘‘respect’’, commente Luis Fernandez. Pour moi, il y a Platini et Zidane et derrière, il fait partie des cinq meilleurs joueurs français. »

Une légende vivante à Arsenal

S’il est aujourd’hui le joueur de cinq clubs (Monaco, la Juventus, Arsenal, Barcelone et les New York Red Bulls), s’il a remporté des titres partout sauf en Italie, s’il a glané, sur le tard (à 31 ans), la Ligue des champions avec le Barça, ce sont bien ses huit saisons avec Arsenal (plus une pige en 2012) qui l’ont hissé parmi les étoiles, flirtant parfois avec le Ballon d’Or. Il fut ainsi 2e en 2003 derrière Pavel Nedved et 3e en 2006, année d’une finale de C1 perdue au Stade de France contre… Barcelone, et aussi d’un but décisif contre le Brésil (1-0) en quart de finale de Coupe du monde, sur une passe de Zinedine Zidane, la seule adressée par le Galactique au Gunner. Mais à Londres, où une statue à son effigie est dressée devant l’Emirates Stadium, rien n’effacera ses 228 buts inscrits en 377 matches. Un record. Et pourtant…

Une main qui fait toujours parler

Avec de telles statistiques, une telle longévité, pourquoi sa cote d’amour en France ne rivalise-t-elle pas avec celle de Zinedine Zidane ? Sa main sur le but de William Gallas face aux Irlandais en barrage retour de la Coupe du monde 2010 (1-1), ajoutée à sa passivité, voire son impuissance, lors de l’épisode du bus à Knysna n’ont bien sûr rien arrangé. « Le seul petit reproche que j’ai à lui faire, c’est Knysna, glisse Luis Fernandez. J’aurais aimé qu’il prenne ça en main. Mais je ne sais pas pourquoi on s’acharne sur sa fameuse main (contre l’Irlande). C’est un garçon qui aime ce qu’il fait. Il l’a montré dans tous les clubs où il a joué. C’est un passionné. Il aime le football. Il le vit et a toujours été exemplaire. »

Une image brouillée

Pour Eric Di Meco, qui a vu « Titi » débuter en pros à Monaco, sa reconnaissance n’est clairement pas à la hauteur de sa carrière. « Pour moi, il a marqué l’histoire du foot français, explique le membre de la Dream Team RMC Sport. Quand on regarde son palmarès, son implication en équipe de France, est-il reconnu à sa juste valeur en France ? Moi, je pense que non. Il est parti très jeune de France (à 21 ans), il est devenu une légende à Arsenal. Tout l’amour qu’il a reçu en Angleterre, il l’a peut-être eu moins en France. On l’a vu à travers l’équipe de France, surtout, avec laquelle il a flambé aussi. Ce n’est pas un garçon qui court les médias pour avoir une bonne image. » Distant, froid et même arrogant. Ces étiquettes ont longtemps collé à la peau du buteur français. « Ce qui lui manque, c’est de ne pas avoir pu donner plus de sympathie, qu’il n’ait pas plus échangé, discuté, regrette Luis Fernandez. Zizou, on parle avec lui, on l’a rencontré. Jamais on n’a reçu Thierry Henry dans Luis Attaque et pourtant on a essayé de l’inviter. Il s’est mis en retrait. Il aime le football, il aurait pu le faire partager aux supporters ! » Et si l’intéressé commençait bientôt à rattraper ce temps perdu ?

Aurélien Brossier Journaliste RMC Sport