Mort de Pelé: l'assistant personnel du Roi raconte la légende

Le Brésil s’était préparé tant bien que mal à la disparition de la légende. Ce jour devait arriver. Pelé était-il prêt à partir?
Oui, oui. Il était tranquille, serein, parfois même délicat, même s’il connaissait la situation.
Quel était votre rôle auprès de Pelé?
J’ai travaillé avec Pelé durant de nombreuses années. C’est un grand ami de 40 ans, vous comprenez. C’est un ancien ami. Mon père jouait à Flamengo. Et mon amitié avec Pelé dure depuis maintenant plus de 42 ans, cela remonte à 1980.
Le monde entier pleure le roi Pelé… Le monde entier a aimé Pelé… Lui, comment vivait-il le fait d’être une légende?
C’est une légende. Il était très humble vous savez, il avait beaucoup d’humilité, mais il savait aussi qu’il était le meilleur du monde et de tous les temps. Mais beaucoup d’humilité, et ça, ça pouvait enchanter tout le monde. Tout chez lui se faisait avec humilité, ça s’entendait. Cette humilité a enchanté le monde entier. Il ne se voyait pas comme étant une légende, mais il était conscient que le monde savait qu’il était une légende.
De quoi était-il le plus fier?
C’est certain qu’il aimait sa famille avant toute chose, et la différence entre lui et les autres joueurs, c’est qu’il était conscient qu’il était le meilleur de tous mais qu’il ne pensait pas qu’il était le plus grand de tous. Vous comprenez ? Il était fier d’être Brésilien dans son pays. Il est arrivé juste pour atteindre le sommet du monde, l’homme le plus connu dans le monde entier.
Forcément, pour le commun des mortels, rencontrer Pelé était quelque chose d’unique. Il impressionnait tout le monde. Y a-t-il quand même des personnalités qui l'impressionnaient, lui?
Oui, c’était un grand fan de Nelson Mandela. Nelson était une personnalité, il l’appréciait vraiment.
L’a-t-il rencontré?
Oui, il connaissait Mandela, il était vraiment en admiration devant lui.
Pouvez-vous nous parler de VOTRE Pelé, celui que vous avez côtoyé au quotidien?
Oh ça, vous ne pouvez pas l’imaginer. Vous ne pouviez pas savoir, dès qu’une personne était avec Pelé, cette personne pensait qu’elle était avec une divinité. Tous les présidents du monde entier étaient fascinés par Pelé. Pelé était connu pour son humilité, cela a fasciné le monde entier. Il n’a jamais refusé un autographe, il était vraiment dans la bienveillance. C’est pour cette raison qu’il était peut-être considéré comme surhumain. Il y a peu de chance de voir un autre géant comme Pelé.
Vous devez comprendre qu’il était différent de tous les autres joueurs, comme Cristiano Ronaldo, Messi et Maradona. Il a eu beaucoup de patience et d’affection. Il a signé des autographes tout le temps en s’occupant de toutes les personnes proches de lui. J’ai beaucoup voyagé avec Pelé, vraiment beaucoup. Durant pratiquement 25 ans, nous avons toujours voyagé et il était toujours de bonne humeur. Je reprends l’exemple des autographes, mais il n’en a jamais refusé un. Et vous imaginez ce que pouvait représenter un de ses autographes.
Il n’arrivait pas à manger tranquillement, vraiment jamais, dans n’importe quel coin du monde ! Il ne pouvait pas sortir dans la rue, il ne pouvait pas avoir d’intimité, son humilité enchantait le monde entier. Je me souviens que quand nous allions dans les hôtels, Pelé prenait la direction de la cuisine avant d’aller dîner et il embrassait tout le personnel. Aucun joueur de football ne fait ça, aucun n’a fait ça dans le monde. Vraiment, on arrivait à l’hôtel pour aller dîner, nous allions dans la cuisine et les gens n’y croyaient pas. Ils voyaient Pelé, mais ils pensaient voir Jésus-Christ. C’était l’une de ses grandes qualités : l’humilité.
Pelé, c’est un sourire, un rire communicatif, un visage charmeur, comment était-il dans l’intimité?
C’est compliqué et ça dépend. Si vous parlez de lui en 1980, c’est une vie et si vous parlez de 1990, c’est une autre vie. Avant le mariage, c’était une première partie de sa vie. 20 ans se sont écoulés entre ces deux mariages. C’étaient vraiment des périodes différentes. Quand il s’est remarié, c’était un autre Pelé, un nouveau Pelé, alors ça dépend de l’époque.
Quel était son défaut?
Ah, son défaut à lui, ce n’est pas un défaut, enfin, je vais essayer de l’expliquer simplement. Ce n’était pas un défaut à part entière, mais c’était juste qu’il voulait aider le monde entier, tout le temps et n’importe qui. Mais il ne pouvait pas y arriver, c’était impossible. Il pleurait beaucoup quand il voyait les petits enfants pauvres. C’était vraiment une personnalité incroyable avec la main sur le cœur.
Vous avez côtoyé Pelé pendant 40 ans. Pouvez-vous nous confier quelque chose que l’on ne sait pas de lui, que les auditeurs pourraient apprendre ce soir en vous écoutant?
Il était très transparent, très sincère, donc c’est compliqué de vous apprendre quelque chose que vous ne savez pas. Quelque chose que vous ne savait pas non. Pour lui, le plus important, c’était avant tout la famille. Il aimait ses enfants. Mais même si je réfléchis bien, je ne peux pas vous apprendre quelque chose que vous ne savez pas. Sa vie a toujours été transparente, peu importe son époque, de footballeur ou de retraité. Il ne faut pas oublier qu’il est très lié à son passage aux Etats-Unis, c’est un moment très important pour lui. Il y a eu les moments de mariage, de célibats, sa nouvelle vie. Il y a plusieurs époques au sein même de sa vie. Que ce soit de 30 ans à 50 ans. Ou de 50 à 70 ans avec son remariage. Ce sont toutes des époques différentes. Il y a eu le joueur de football du Brésil qui a vécu là-bas de 16 à 36 ans. Ensuite, il y a eu la phase américaine de 35 à 37 ans avec le Cosmos. Puis ces moments à Rio de Janeiro. Nous avons beaucoup vécu ensemble dans cette dernière phrase.
Si vous l’aviez en face de vous, que voudriez-vous dire à Pelé?
Si je pouvais dire une ultime chose à Pelé? C’est qu’il va beaucoup me manquer et il va même beaucoup NOUS manquer. Le monde va pleurer pendant des années et on ne l’oubliera jamais en fait. Nous allons mourir, nous tous et même nos enfants allons continuer à entretenir cette flamme. Jamais un être humain ne pourra être aussi grand que lui. Aujourd’hui, j’ai le cœur brisé. Et je sais que le monde est triste. Sans lui, vous devez comprendre que le monde ne sera plus le même. Avoir son aura, son charisme, ce ne sera jamais refait. Il était géant, tout simplement. Aujourd’hui, le monde pleure et il va pleurer encore longtemps. À chaque fois qu’il y aura une nouvelle Coupe du monde, ce sera le seul et unique nom dont on se rappellera.
Je vais vous donner un exemple. Je me souviens que l’Allemagne a été championne, votre pays également, avec Zidane. Vous vous souviendrez toujours de ces titres…. C’est gravé dans l’éternité. Mais dans 1000 ans, il restera toujours dans les mémoires comme le numéro 1. Le monde entier le pleure et le pleurera. Il me manque beaucoup. Désolé, c’est compliqué de finir comme ça, mais il y a beaucoup d'émotions et je suis vraiment très triste.