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"Maladroit" mais "pas du tout raciste", Casoni répond aux accusations de racisme à Orléans

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Dans la tourmente depuis des accusations de racisme formulées par plusieurs membres de l'US Orléans (National 1) et rapportées par France Bleu, Bernard Casoni a livré sa version des faits ce mardi dans l'émission Rothen s'enflamme sur RMC. Le technicien reconnaît avoir été "maladroit" mais réfute tout racisme.

Jérôme Rothen: Bernard Casoni, confirmez-vous les propos rapportés par France Bleu Orléans

Les propos sur le Maghreb (La phrase "Vous n’êtes pas plus cons que des Maghrébins" serait couramment utilisée par l'ancien international français, ndlr), bien sûr. Le Maghreb c'était mes derniers clubs. Partout où je suis passé, je mets des principes en place. Donc ça a marché là-bas, comme ça a marché dans tous les pays du Maghreb que j’ai faits.

Donc j’ai dit que ce que j’avais mis en place là-bas, j’étais capable de le mettre en place à Orléans. Ce sont des phrases un peu bateau. C’est comme si j’avais entraîné au Canada et que j’avais dit "On n’est pas plus cons que des Canadiens".

Jean-Louis Tourre: Une autre phrase qui passe mal, c’est lors d’un entraînement. Il y avait un exercice à cinq contre cinq avec une équipe où il y avait que des joueurs de couleur. Et là, vous auriez dit: "Pour vous, pas besoin de chasubles car vous êtes tous noirs"...

Je vais vous expliquer pourquoi: les maillots d’entraînement sont noirs. Si on met des chasubles, on met des chasubles jaune ou orange. Il y avait un groupe de cinq qui était déjà en noir. J’ai dit "Ils sont noirs, donc pas besoin de mettre des chasubles". Tout simplement.

J-L. Tourre: C’est parce qu’ils avaient déjà des maillots noirs, pas pour leur couleur de peau?

Non, c’est parce que le maillot d’entraînement est noir. Cette version-là, mes joueurs me l’ont dit aujourd’hui encore. Moi je n’avais pas fait attention sur le moment.

Bernard Casoni accusé de racisme par des joueurs à Orléans – 09/10
Bernard Casoni accusé de racisme par des joueurs à Orléans – 09/10
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J. Rothen: Donc ça n’a rien à voir avec la couleur de peau?

Ça n’a rien à voir avec la couleur de peau.

"Ils se servent de ça pour m’attaquer"

 J-L. Tourre: Il y a un autre épisode où vous passez à côté de votre vestiaire, vous entendez une flatulence et là vous dites: "Ça, c’est un pet de noir." C’est vrai?

Je rentre dans le vestiaire. Je passe devant trois joueurs de couleur et il y en a un qui fait un gros pet. Je dis "Oh, il faut respecter les gens" et ils se mettent tous les trois à rire. Dans la rigolade, j’ai dit "Ça c’est un pet de noir". S’ils se permettent de rire, je peux rire aussi. Sur le moment, j’aurais pu les engueuler. Mais comme ils l’ont pris à la rigolade, je l’ai pris à la rigolade aussi. 

J. Rothen: Vous constatez qu’il y a certaines choses que vous ne pouvez plus dire, même avec de l’ironie ou en rigolant, sous peine de créer des polémiques?

Eux ont le droit de faire des choses mais moi je n’ai pas le droit de dire des choses? Eux ils se servent de ça pour m’attaquer car il y a des gens que j’ai remis en question dans le club, dans l’équipe.  

J-L. Tourre: Avez-vous dit "Il faut que l’effectif soit blanchi au mercato" ?

Jamais. Avec Matthieu Ligoule, qui est le recruteur, on a fait le recrutement ensemble et j’ai validé le recrutement. Sur neuf joueurs de pris, il y a un blanc. On ne peut pas m’accuser de faire quoi que ce soit sur le blanchiment de l’équipe. En plus, mon agent m’a proposé Dylan Lempereur et j’ai préféré prendre Morgan Jean-Pierre. Vous n’avez qu’à regarder comment ils sont l’un et l’autre…

"En 40 ans de carrière, je n’ai jamais vécu ça"

J-L. Tourre: Pour vous, ce sont des joueurs que vous vous êtes mis à dos et qui se servent de ça pour vous nuire? 

Mais bien sûr! Comme ils ont fait auparavant avec d’autres entraîneurs. Ça ne date pas de maintenant. Ça fait trois, quatre ans que le club est en difficulté. 

J. Rothen: On sent que vous êtes blessé…

Je suis blessé car ça impacte ma famille! En 40 ans de carrière, je n’ai jamais vécu ça. Comment on peut dire que je suis raciste? Ça fait 40 ans que je suis dans le football. En tant que joueur, je n’ai jamais eu de problèmes. J’ai été élevé dans le partage, j’ai été élevé avec des harkis, j’ai fait chambre avec des musulmans. En tant qu’entraîneur, j’ai été en Algérie, au Maroc, j’ai fait l'Aïd avec les gens, j’ai fait le Ramadan, j’ai lu le Coran… Dans tous les pays où je suis allé, j’étais accueilli. Pourquoi? Parce que je me mets comme vivent les gens. Des gens m’appellent pour retourner dans le Maghreb et me disent "On comprend pas ce qu’il t’arrive car tu n’es pas du tout comme ça".

J-L. Tourre: Vous êtes suspendu par le club. Comment pensez-vous que cela va évoluer?

Je ne sais pas. Moi je ne peux que remettre les choses à leur place. Pour l'instant, je suis suspendu, il va y avoir une enquête. Si je suis convoqué par la police, des gens vont peut-être devoir témoigner pour dire ce qu’ils ont entendu. Après, ce sera parole contre parole. Le parquet peut m’appeler aussi. En 40 ans de carrière, je ne me serais jamais imaginé ça.

"Bien sûr que j’ai été maladroit"

J. Rothen: Estimez-vous que vous avez été maladroit sur certaines phrases?

Bien sûr que j’ai été maladroit. Bien sûr. Mais je ne suis pas du tout raciste. De la façon dont c'est interprété, ça peut prêter à confusion. Ce sont des paroles que l’on pouvait dire il y a 20 ans mais que l’on ne peut plus dire maintenant, c’est tout. Je reconnais avoir été maladroit, mais impossible que l’on me traite de raciste. C’est contre mon éducation et ma nature. Tous les gens qui m’ont côtoyé sont étonnés.

J-L Tourre: Vous vous sentez blessé, touché?

Bien sûr que je suis touché et blessé car ce n’est pas la vérité. Tu ne peux pas savoir tous les messages que j’ai reçus. Ça impacte ma famille. Le seul regret que j’ai, c’est qu’on était en train de remonter, on avait mis des choses en place. J’aurais aimé pouvoir continuer à faire remonter les couleurs de l’USO car j’ai un président qui m’a toujours soutenu, qui m’a fait venir. J’aurais aimé lui apporter toute mon énergie pour faire remonter le club. Cette histoire est arrivée juste après une victoire pour nous remettre en difficulté… Ce n’est pas anodin non plus. Ce n’est pas facile, mais on va se battre pour que mon honneur soit lavé.

F.Ga avec Rothen s'enflamme