
New York, les conseils de Guardiola, Arsenal, les contacts en L1…: Vieira dit tout dans Team Duga

Patrick Vieira - AFP
Comment se passe votre aventure à New York ?
Ça se passe vraiment très bien, je suis vraiment très content. Quand on décide d’aller aux Etats-Unis, on se pose toujours la question de savoir si on a fait le bon choix, mais après la première saison que je viens de faire avec New York City, je suis vraiment content.
Comment avez-vous choisi de devenir entraîneur ?
A Manchester City, j’ai rencontré des gens extraordinaires qui ont eu beaucoup de respect par rapport à la carrière que j’ai eu et ce que je pouvais leur apporter. Une fois que j’ai fini ma carrière, ils m’ont demandé ce que j’avais l’intention de faire et je leur ai dit que je n’avais vraiment aucune idée, mais que je voulais rester dans le foot. Ils m’ont fait signer un contrat de deux ans. J’ai passé pas mal de temps dans chaque département du club pour savoir ce que je voulais vraiment faire. En passant un peu de temps avec les gamins de l’académie, la manière dont ils me regardaient, dont ils étaient attentifs aux discussions que je j’avais avec eux, je me suis dit que c’était vraiment quelque chose que je pouvais faire. J’ai décidé de me lancer et Manchester City m’a vraiment soutenu. Quand il y a eu l’opportunité de prendre les U21, ils m’ont demandé et dit qu’ils allaient mettre des gens à disposition pour m’aider à grandir et à être entraîneur. J’ai accepté parce qu’avec eux je me suis vraiment senti à l’aise et bien. C’est pour ça que je me suis lancé dans ce métier.
Avez-vous senti immédiatement que vous étiez fait pour ce métier ?
Je l’ai senti après ma première année passée avec les U21. Je me suis senti à l’aise et j’aimais ça, j’aimais être sur le terrain, préparer les entraînements, discuter avec mes adjoints pour préparer le match. Après cette première année, je me suis dit que c’était vraiment quelque chose que j’avais envie de faire, que j’allais me lancer à fond. J’ai décidé de passer mes diplômes et aujourd’hui je suis à New York City, qui fait un peu partie de la famille de Manchester City.
>> Team Duga en podcats
Pourquoi avoir opté pour New York City ?
C’est le projet qui me semblait le plus intéressant par rapport où j’en suis dans ma carrière d’entraîneur. En France, j’ai eu des discussions avec des directeurs sportifs ou des présidents qui étaient vraiment très intéressantes, mais je n’ai pas senti le soutien dont j’avais vraiment besoin. Je ne me sentais pas encore prêt. Les projets (en L1) étaient très intéressants mais après c’est au niveau du temps, sachant que je suis un jeune entraîneur et que des erreurs, j’allais sûrement en connaître. Je voulais vraiment continuer à apprendre et avoir le support autour de moi qui me permettrait de commettre et d’apprendre de mes erreurs. Je pense qu’en L1 ou dans un autre club, ça aurait été un peu plus compliqué. Là, je travaille dans un club où il y a des gens qui savent comment je travaille, je peux commettre une ou deux erreurs et je vais apprendre de ça. Et je sais que ces gens seront toujours derrière moi car ils ont un plan de carrière pour moi. Ça me donne la possibilité de pouvoir faire ce que j’ai envie. Après, on verra de quoi sera fait l’avenir.
Quels clubs de L1 vous ont contacté ?
Ce n’est pas intéressant. Il y a des entraîneurs en place aujourd’hui et ça se passe plutôt pas mal, alors ça ne vaut pas le coup de dire quels clubs.
A lire aussi >> Vieira a discuté avec de "très bons" clubs français
Le plan est de remplacer Guardiola un jour à Manchester City ?
On ne sait pas comment ça se passera mais je suis en train d’apprendre le métier. Il y a des gens qui croient beaucoup en moi et ça me donne envie de bien travailler pour ne pas les décevoir. On verra de quoi sera fait l’avenir. C’est très encourageant. L’idée est de rester en MLS et de voir comment ça va se passer à l’avenir. Ce qu’il faut, c’est être meilleur et voir les options et les propositions.
>> Team Duga sur Facebook et Twitter
Avez-vous des contacts avec Guardiola ?
On a des contacts car la saison (de MLS) était finie et j’ai passé une semaine avec lui à Manchester. J’ai regardé les séances, discuté avec lui de la manière dont il travaille. Bien sûr que le fait qu’on soit dans la même famille facilite un peu nos rapports et pour moi c’est extraordinaire. C’était très bien, il m’a pris dans son bureau. Il a regardé la plupart des matchs qu’on a joués, il m’a parlé de ce qu’il pensait un peu de l’équipe, des points à améliorer, des choses que je pouvais changer. C’était vraiment très intéressant. Il a vraiment été très disponible. C’était une bonne chose pour moi.
Regrettez-vous que tout ça ne se soit pas passé à Arsenal ?
(Rires) C’est vrai qu’après avoir passé neuf ans à Arsenal, c’est le club de mon cœur, celui où j’ai joué mon meilleur football. J’aurais aimé que la porte soit un peu plus ouverte pour moi ou d’autres joueurs qui ont passé du temps à Arsenal et qui aimeraient se lancer dans le métier d’entraîneur. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. J’ai eu beaucoup de chance de tomber à Manchester City au bon moment. Mais c’est vrai que ça laisse un peu de déception par rapport à Arsenal.
Arsène Wenger ne semble pas prêt à passer le flambeau…
Je ne sais pas. Moi, ou Thierry (Henry) et d’autres joueurs, je ne pense pas qu’on ait la prétention de faire de l’ombre à Arsène car ce n’est pas possible. Les choses doivent se faire normalement. Je ne sais pas les demandes des uns des autres mais dans mon cas, ce que j’attendais c’était juste un coup de fil pour me proposer de venir apprendre le métier à Arsenal, sans prendre la place de l’entraîneur des U21 ou des U19 car si ça se trouve ce sont des bons entraîneurs. Je n’en ai jamais parlé (avec Wenger). Et puis en même temps, il fait ce qu’il veut.
A lire aussi >> Premier League : Vieira égratigne Wenger… et Arsenal
Avez-vous eu des contacts avec la Fédération française ?
Non, depuis que j’ai quitté l’équipe de France, je n’ai jamais eu aucun contact avec qui que ce soit au niveau de la Fédération. Depuis 2010 on va dire (rires). Sachant qu’un joueur qui a eu la chance de porter le maillot de l’équipe de France 107 fois et qu’il a été vraiment fier de représenter son pays se lance dans le métier d’entraîneur, je pense qu’un coup de fil pour savoir quelles étaient mes intentions aurait fait plaisir. Mais c’est toujours comme ça, peut-être que d’être parti de France très tôt, les gens ont peut-être perdu mon numéro, je suis peut-être difficile à joindre, je ne sais pas. Mais quand je vois Diomède ou Sagnol en équipe de France de jeunes, c’est une très bonne chose.
Que pensez-vous des difficultés de José Mourinho à Manchester United ?
C’est très difficile pour lui. Quand on arrive à Manchester, avec les saisons précédentes qu’ils ont eu avec Van Gaal et Moyes, c’est un peu plus compliqué. Je ne sais pas s’il a perdu le fil. Je ne pense pas qu’il ait changé de philosophie ou de tactique. Je pense qu’il est dans le même état d’esprit, parce qu’il est toujours dans la confrontation, c’est lui le patron. Peut-être que les joueurs sont moins réceptifs, que la génération a complètement changé. A l’Inter on était un groupe assez expérimenté et il arrivait bien à le gérer. Le problème, c’est sûrement qu’il y a une nouvelle génération et que le message passe beaucoup moins parce qu’il y a des joueurs qui, peut-être, rentrent dans la confrontation et n’ont peut-être pas peur de dire ce qu’ils pensent. Ça rend les choses un peu plus compliquées.
Allez-vous prendre modèle sur Guardiola, Mourinho ou Domenech ?
(Rires) Ce qui est vraiment important est de prendre un peu de chacun, mais il faut que je sois moi-même. Si j’essaie de faire du Guardiola, du Mourinho ou du Domenech, c’est sûr et certain que je vais me planter parce que les joueurs le ressentent quand un entraîneur n’est pas lui-même, qu’il essaie de jouer, que son message n’est pas clair. C’est pour ça que je pense que cette expérience à New York va me permettre de savoir vraiment qui je suis, quelle direction j’ai envie de prendre, quelle idée de jeu j’ai vraiment envie d’avoir. C’est important de savoir qui je veux être comme entraîneur.