"Nous donnons cette possibilité à la Fédération de supprimer la Ligue": un sénateur détaille sa proposition de loi qui pourrait changer le foot français

Pour tirer les conséquences de leur mission d'information sur la financiarisation du football professionnel, les deux sénateurs Laurent Lafon (UDI) et Michel Savin (Les Républicains) ont déposé ce mercredi matin leur proposition de loi.
Alors qu'elle pourrait être débattue mi-mai au Sénat, cette loi, si elle était adoptée, aurait des conséquences directes sur les instances du sport, dont la LFP. Rémunération des dirigeants encadrée, reprise en main de la LFP par la FFF, lutte contre les conflits d'intérêts... Laurent Lafon a répondu aux questions de RMC Sport sur une Ligue qu'il juge "défaillante".
Q: À l'heure où la Fédération a lancé ses groupes de travail pour tenter de trouver des pistes de réforme du football professionnel, est-ce que les parlementaires mettent le monde du sport professionnel, et particulièrement le football, sous pression désormais?
R: "Oui, d'abord on regarde avec beaucoup d'attention l'initiative de la Fédération et on la soutient. Je crois que c'est très bien que le président Diallo ait pris ses responsabilités. Il manquait d'un pilote dans l'avion, il assume son rôle et c'est très bien ainsi.
Après on mesure bien les difficultés. Les freins qui existent vont s'exprimer dans les jours qui viennent si ce n'est déjà fait avec les groupes de travail. S'ils aboutissent à quelque chose, tant mieux, on adoptera notre proposition de loi. Si ça n'aboutit à rien parce qu'il y a des blocages trop importants, nous continuerons notre travail. Nous ne sommes pas dans un état de dire 'il faut attendre' ou 'il faut rediscuter, prendre son temps, etc...'
Je crois que le football professionnel est au bord d'une crise majeure. Certains clubs risquent de le payer très cher, très lourdement. Le législateur n'attendra pas pour agir et c'est tout le sens de notre débat."
Q: Derrière certains articles, vous visez clairement, mais pas nominativement, des dirigeants qui sont dans le football professionnel depuis longtemps, dont Vincent Labrune. Est-ce qu'aujourd'hui il y a un problème de personnes dans les organes de gouvernance?
R: "Sans langue de bois, on voit que les décisions qui ont été prises depuis quelques années ont à chaque fois été très malheureuses avec des effets catastrophiques pour le football professionnel. Dans n'importe quelle instance, pas uniquement dans le monde du sport, quand vous arrivez à une succession d'échecs, cela doit amener les responsables à s'interroger sur leur mode de gouvernance, sur la façon dont on prend une décision, sur le rôle joué par ceux qui dirigent.
On le regrette, c'est comme ça, le football professionnel n'est pas en mesure de faire cette auto-critique et je crois que cela ne leur permet pas d'avancer. La Ligue ne s'est pas créée ex nihilo, la Ligue vient du ministère du Sport, vient de la Fédération à travers un système de délégation et de subdélégation. Nous disons que c'est au ministère et à la Fédération d'organiser le football professionnel, d'autant plus quand la Ligue de football professionnel est défaillante, ce qui est le cas actuellement."
Q: Est-ce la mort à venir de la Ligue en tant que telle, la Fédération reprenant la main?
R: "La société commerciale est maintenant incontournable. Elle existe, personne ne pourrait la dissoudre et elle a une responsabilité clairement énoncée par la loi qui existe déjà: commercialiser les droits audiovisuels.
La Ligue, ce sont deux compétences: la commercialisation des droits qu'elle a cédée à la société commerciale et l'organisation du championnat de France. Rien n'empêche que ce soit la Fédération qui reprenne en charge cette organisation du championnat de France. Si vous avez transféré l'organisation du championnat et puisque depuis trois ans c'est la société commerciale qui doit commercialiser les droits, quelle est l'utilité de la Ligue?
Nous donnons cette possibilité à la Fédération de supprimer la Ligue qui par ailleurs a montré toutes ses défaillances depuis quelques mois."