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Papin : « L’après-Knysna a fait du bien à Ribéry »

Jean-Pierre Papin

Jean-Pierre Papin - -

Invité de Luis Attaque ce lundi sur RMC, JPP a balayé l’actualité du football français. Au menu : le choc Lille-Bayern, la forme de Franck Ribéry, le positionnement de Karim Benzema chez les Bleus, l’apport d’Olivier Giroud et le coup d’arrêt de l’OM. Entretien.

Vous avez évolué au Bayern Munich durant deux ans (de 1994 à 1966). Quels souvenirs en gardez-vous ?

C’est un club extraordinaire. Il essaye de garder son histoire à bout de bras. Les anciens sont là et font partie intégrante du staff comme Beckenbauer ou Rummenigge. Tous ceux qui ont été des grands joueurs du club sont à des postes clés. Ce sont des gens qui connaissent le football de l’extérieur et de l’intérieur. A partir de là, c’est beaucoup plus simple.

Le Bayern est une équipe résolument offensive. Lille peut s’attendre à souffrir ce mardi en Ligue des champions…

C’est une équipe qui joue chez elle comme à l’extérieur. Ce match à Lille est très important pour eux. Après deux journées, le BATE Borisov s’est invité à la première place du groupe. Donc une défaite du Bayern à Lille remettrait en question une qualification pour les 8es. Les Allemands n’ont pas le droit à l’erreur. Lille non plus. Ça devrait donner un match engagé avec du jeu et des buts.

Lille a-t-il les moyens de s’imposer ?

On a toujours les moyens. Quand on a faim, qu’on joue un gros, il y a des forces supplémentaires qui arrivent. Une autre motivation. On n’est pas comme d’habitude. Avec le cœur, dès fois, on peut renverser des montagnes. Les Lillois devront sortir un gros match, être disciplinés et jouer les coups à fond. Contre une équipe comme le Bayern, ils ne gagneront pas au rabais. Il faudra sortir une copie presque parfaite.

Que vous inspire le début de saison de Franck Ribéry ?

Je suis allé voir Franck deux ou trois fois au Bayern. Il est là-bas comme chez lui. C’est assez impressionnant. Il y a le Ribéry un peu introverti qu’on voit en France. Et là-bas, on a l’impression que c’est un autre. Il parle allemand. Tout le monde discute avec lui. Il est très sympa. Et sur le terrain, c’est monstre. Pour lui, c’est génial.

Il semble avoir retrouvé la confiance en équipe de France depuis quelques mois…

Il y a l’après-Knysna pour Ribéry. Knysna, ça a été un pavé dans la mare pour beaucoup. Il y a eu un déficit d’image pendant quelques mois vis-à-vis du public français. La première fois qu’il est revenu en équipe de France, il n’y a pas beaucoup de gens qui avaient aimé le retrouver. Mais il a pris sur lui. Et dès qu’il a marqué à nouveau, on a retrouvé un Ribéry beaucoup plus tranquille, percutant et serein. L’après-Knysna lui a finalement fait du bien. Ça lui a permis de prendre du recul.

Que pensez-vous des performances de Karim Benzema chez les Bleus ?

Je suis un peu surpris. Pour un attaquant de pointe, je ne le vois jamais devant les buts. Giroud est rentré 3 minutes en Espagne (1-1), il a été trois fois devant les buts et il a marqué. Ou tu es un attaquant comme Cristiano Ronaldo qui va chercher la balle et qui dribble tout le monde pour aller marquer ou tu es un attaquant de race et ton pain quotidien se trouve devant les buts. Tu ne peux pas aller le chercher à droite, à gauche ou au milieu. Ce n’est pas possible. Plus je vois jouer Karim en équipe de France, moins je le vois devant les buts. Ça me gêne un peu. Son meilleur rôle, c’est de tourner autour d’une pointe. Mais je ne l’ai pas encore vu dans cette position.

Olivier Giroud est-il incontournable en sélection ?

Ça dépend comment on joue. Avec des ailiers et des joueurs capables de centrer, Giroud est indispensable. Si on met autre chose en place, Karim sera peut-être en pointe tout seul. Mais dans le système actuel, pour moi, Giroud est indispensable.

Comment avez-vous vécu la défaite de l’OM à Troyes dimanche en clôture de la 9e journée de Ligue 1 (1-0) ?

C’est surprenant. Je ne m’y attendais pas. Troyes a produit moins de jeu mais a mis plus de cœur. Pour Marseille, la blessure de Gignac ne va pas faire du bien, c’est sûr. Mais ils récupèrent Rémy donc ça ne change pas grand-chose. Les blessures arrivent dans le football. On souhaite à André-Pierre de se remettre très vite. Il n’y a pas le feu à l’OM aujourd’hui. Mais il faut oublier cette défaite très vite parce que perdre chez le dernier, ce n’est pas bon pour le moral.

Marseille a-t-il les moyens de jouer sur plusieurs tableaux cette saison ?

Quand on est joueur, le championnat est important. Mais la Coupe d’Europe l’est aussi. Ça donne de l’expérience. Ça permet de rivaliser avec les meilleures équipes d’Europe. On se bat toute une saison pour essayer de la jouer. La laisser tomber parce qu’on a quelques joueurs en moins, ce n’est pas sportif. Après, je comprends très bien qu’il faut gérer les effectifs. Mais c’est frustrant pour les joueurs.

Auriez-vous aimé entraîner l’OM ?

Oui, bien sûr, ça m’aurait plu. Mais il y a d’autres choix qui ont été faits. Il faut le respecter.

Pensez-vous que Zlatan Ibrahimovic, l’attaquant du PSG, peut battre le record de buts de Josip Skoblar en Ligue 1 (44 buts) ?

J’espère qu’il va mettre 29 buts comme ça il ne battra pas mon record déjà (30 buts, ndlr) ! Sur une saison, marquer 30 buts, c’est possible. Mais il faut être performant et à 100% à tous les matchs. Avec le championnat, la Coupe d’Europe, les Coupes nationales et les matchs internationaux, il aura des coups de moins bien. Il ne faut pas qu’il se blesse souvent. Mais autrement, oui, il a les capacités pour battre des records.