"Parlez !": Thierry Henry exhorte les footballeurs à ne pas cacher leurs problèmes mentaux

C’est un sujet sensible au sein des vestiaires. Malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans leur quotidien, les joueurs professionnels s’épanchent rarement sur leurs problèmes mentaux. Au point de s’enfermer parfois dans des situations difficiles. Jusqu’au burn-out. Une situation face à laquelle Thierry Henry tente de les sensibiliser. Dans une interview accordée à L’Équipe, le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France exhorte les footballeurs à libérer leur parole. Pour se soulager d’un poids.
"On est en 2022, il faut s'ouvrir, lance le consultant Amazon Prime Video. Si un joueur a un problème mental ou autre, qu'il le dise. Que les gens n'aient pas une mauvaise réaction, c'est tout à fait normal. Parfois, tu ressens la pression de tes parents, de ton agent, des mecs de ta cité, des médias, des supporters, du coach.... ta propre pression. Quand tout s'accumule, c'est très dur. Il faut que ce ne soit plus tabou. Parlez ! ‘Je n'ai pas peur’, ‘je n'ai pas mal’, ce n'est pas vrai, ça n'existe pas."
"L’émotion, ça touche tout le monde"
Conscients d’être des privilégiés dans la société, les joueurs pros ne sont pas habitués à mettre des mots sur leurs émotions profondes. Peut-être craignent-ils la réaction de l’opinion publique alors qu’ils gagnent des fortunes pour jouer au football. "Je peux comprendre le débat... mais non, tranche Henry. Ce n'est pas ça qui fait que quelqu'un est heureux ou malheureux. Il y a des émotions qui sont dures à contrôler, qui partent parfois de l'enfance, il y a plein de choses. Mais il y a toujours ce rapport à l'argent. Et ça finit souvent dans l'opinion publique par: 'Il ne manquerait plus qu'il se plaigne celui-là !' Mais l'émotion, ça touche tout le monde."
L’ex-attaquant d’Arsenal illustre son propos avec des exemples de sa carrière personnelle. Et notamment la période qui a suivi la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998. Une période où il a enchaîné les matchs sans vraiment souffler. "En 1996, je fais l'Euro (U18), en 1997 le Mondial des moins de 20 ans et en 1998 la Coupe du monde, se souvient-il. Je les ai eues quand mes vacances entre mes 17 et mes 20 ans? Résultat: hernie discale. Je m'en rappellerai toujours, j'avais été renvoyé en Espoirs parce que, soi-disant, je ne faisais plus les efforts (…) Je suis en train de parler avec Raymond Domenech à Clairefontaine, je me tourne et d'un coup je ne peux plus bouger. Les réactions à l'époque, c'était: ‘Lui, il a pris la grosse tête, il ne veut plus jouer!' Non, j'avais une hernie. Vous voulez que j'énumère le nombre de matches sans coupure pendant trois ans? Au bout d'un moment, t'es obligé de prendre le mur en pleine gueule. Est-ce qu'on rappelle en ce moment que Sergio Ramos, cela fait dix-sept ans qu'il joue tous les matches à fond? C'est normal qu'à un moment donné son corps l'alerte."