Pourquoi les entraîneurs français sont si forts

Didier Deschamps élu "entraîneur FIFA de l'année 2018" - BEN STANSALL / AFP
La cérémonie des trophées The Best qui s'est déroulée lundi soir à Londres l'a démontré: les entraîneurs français sont au sommet. Didier Deschamps a été élu meilleur entraîneur de l'année par la Fifa, devant Zinedine Zidane, lui-même sacré l'an passé. Les deux anciens coéquipiers cumulent plus de 55% des voix à eux deux. Du côté des entraîneurs d'équipes féminines, c'est un autre Français qui a été sacré: Reynald Pedros, vainqueur de la Ligue des champions et du championnat de France pour sa première année sur le banc de l'OL.
Face à une telle domination, la rédaction de RMC Sport s'est demandée pourquoi les entraîneurs tricolores étaient si bons. Et nous avons dressé une liste de trois raisons.
Parce qu'il y a une vraie école des entraîneurs en France
Obtenir le statut d'entraîneur professionnel n'est pas chose aisée en France. C'est même un véritable parcours du combattant. La DTN (Direction technique nationale) et sa filière officielle dédiée à la formation, l'IFF (Institut de formation du football), s'attachent à fournir l'apprentissage le plus complet à leurs futurs entraîneurs, et s'assurent qu'ils soient parfaitement prêts avant de les lancer dans le grand bain.
Pour pouvoir entraîner une équipe pro, un postulant doit obligatoirement être titulaire du BEPF (Brevet d’entraîneur professionnel de football). Un graal qui s'obtient après un minimum d'une année de formation, et qui est considéré comme l'un des plus difficiles à obtenir en Europe. Pour pouvoir s'inscrire à cette formation, un ancien joueur, par exemple, doit justifier d'un minimum de 150 matches chez les professionnels ou de 10 sélections internationales chez les A. Et pour ceux qui ne sont pas d'anciens joueurs, la pré-sélection est encore plus ardue, laissant peu de chances aux aspirants entraîneurs d'atteindre leurs rêves.
Le contenu de la formation qui conduit au BEPF s'adapte aux évolutions du métier. En plus des apprentissages techniques et managériaux de base, les futurs entraîneurs sont désormais formés au media training, aux aspects juridiques et économiques, au mental, au bien être des joueurs dans leur environnement... Autant d'aspects qui leur permettent de faire face à toutes les problématiques possibles à la fin de leur formation. Pour résumer, il existe une vraie culture de la formation pour les entraîneur dans l'Hexagone.
Parce que les anciens grands joueurs se convertissent
La France a la chance de voir ses anciens grands joueurs souhaiter devenir entraîneurs une fois leur carrière terminée. Zinedine Zidane, Didier Deschamps, Thierry Henry, Laurent Blanc ou encore Patrick Vieira... Autant de grands noms qui ont fait les beaux jours de l'équipe de France en tant que joueurs, et qui ont choisi de se lancer comme entraîneurs.
Ces anciens excellents joueurs, une fois sur le banc, ont l'avantage de pouvoir transmettre leur expérience du plus haut niveau à leurs joueurs, de mieux les comprendre, et d'avoir l'aura pour être écoutés et respectés. Et contrairement aux autres pays, la France compte beaucoup de ses anciens joueurs dans cette configuration. A titre d'exemple, le Brésil n'a pas la chance de compter Ronaldo, Rivaldo ou encore Ronaldinho parmi ses entraîneurs.
La Fédération anglaise de football, qui souhaiterait que ses anciens grands internationaux se convertissent également en entraîneurs, a lancé en 2016 un programme dans ce sens, pour les aider dans leur apprentissage. Une initiative qui a porté ses fruits, puisque Paul Scholes, Frank Lampard et Steven Gerrard ont décidé de se lancer dans l'aventure. Un état d'esprit assez différent de la France, où les entraîneurs font preuve de beaucoup de motivation pour devenir entraîneurs, quitte à entamer un parcours du combattant pour y parvenir.
Parce que les joueurs s'expatrient
C'est un phénomène qui agace dans un premier temps, mais qui finalement porte ses fruits. Les joueurs français ont une fâcheuse tendance à quitter plus ou moins rapidement la Ligue 1 lorsqu'ils atteignent un bon niveau, pour rejoindre des championnats considérés comme plus prestigieux, tels que l'Angleterre ou encore l'Espagne.
Mais lorsque ces joueurs deviennent ensuite entraîneurs, ces expatriations prennent tout leur sens. Forts de ce mélange des cultures, ils peuvent mettre en place des stratégies issues de divers pays. A l'image de Didier Deschamps, dont le style "à l'italienne" au Mondial 2018, lui a sans doute été insufflé pendant son passage à la Juventus.
De même pour Zinedine Zidane, qui s'est inspiré du style de Carlo Ancelotti, dont il a été le joueur à la Juventus, puis l'adjoint au Real Madrid de 2013 à 2014. L'intensité physique, qu'il a également appris à développer à la Juve lorsqu'il était joueur, fait désormais partie de sa "pâte" d'entraîneur. Un style finalement bien personnel, grâce à l'ouverture d'esprit acquises lors de ses passages à l'étranger.