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Arsenal: Emery, une première pas si ratée contre City

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La défaite inaugurale d’Arsenal contre Manchester City (0-2) a malgré tout permis de constater les intentions du nouvel entraîneur des Gunners, Unai Emery: un pressing intense sans ballon, de la verticalité en transition, du jeu court en possession. Reste à peaufiner les mécanismes pour tourner à plein régime.

Finalement, Petr Cech renonce. Alors qu'Arsenal est mené 1-0 par Manchester City, à la 42e minute, le gardien tchèque des Gunners indique à ses défenseurs de remonter. Ce six mètres-là, il va le dégager loin devant, après avoir tenté de jouer court pratiquement tous les autres. Trop souvent, cela a fait frissonner l'Emirates, le pressing haut des Cityzens n'expliquant qu'en partie la fébrilité londonienne sur ces relances depuis l'arrière. Vingt minutes plus tôt, le portier casqué a même manqué de marquer contre son camp, en maîtrisant mal une passe latérale devant son but. Cette fois, donc, Cech allonge et les supporters d'Arsenal applaudissent, soulagés. Comme un désaveu pour un aspect majeur du plan de jeu d'Unai Emery.

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Face à City, Emery a affirmé son ambition et ses convictions

“Être compétitif, c’est s’adapter à la réalité de l’adversaire", professait le Basque dans la revue The Tacticall Room, en mai dernier. Aurait-il dû, dès lors, ne pas demander de relancer court depuis l'arrière face à l'une des équipes au pressing le plus redoutable d'Europe? C'est évidemment l'avis de Sam Allardyce, désormais consultant pour TalkSPORT : "C'est la faute de l'entraîneur. Ne demandez pas de faire contre Manchester City ce qu'il ne faut pas faire. Il ne faut pas jouer depuis l'arrière comme ça contre Manchester City. Qu'est-ce qu'ils font? Ils pressent, pressent, pressent, donc pourquoi essayer de jouer quand ils pressent, pressent, pressent? Même le public a applaudi quand Cech a envoyé un long ballon dans le camp adverse. On devient obsédé avec cette stupidité de: 'Relançons depuis l'arrière, écartons les défenseurs centraux de chaque côté de la surface, et jouons à partir de là.' C'est pourri de jouer comme ça tout le temps." Mais les supporters d'Arsenal auraient-ils applaudi si leur équipe s'était inclinée avec 18% de possession et six tirs à peine, comme l'Everton d'Allardyce (1-3) en mars dernier contre City?

“L’histoire ici est quelque chose, soulignait Emery dans sa conférence de presse de présentation, en mai dernier. Ils aiment jouer avec la possession du ballon. J’aime cette personnalité." Avec son approche face aux Cityzens, le Basque a envoyé un signal fort: il sera intransigeant sur ses principes de jeu. En prenant ce risque, qui n'a été que modérément préjudiciable puisqu'il n'a pas débouché sur un but encaissé et qu'il a permis, ponctuellement, de percer le bloc adverse, il a donné du poids à ses idées, affirmé son ambition et ses convictions. S'il n'y a pas renoncé contre Manchester City, il n'y renoncera contre personne. Le cap est fixé. Ce qui n'empêchera pas les adaptations ponctuelles dans ce cadre tactique précis.

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Mais il faudra du temps, évidemment. Les idées d'Unai Emery sont encore en phase de gestation, après un mois et demi de travail. Il est logique que les mécanismes ne soient pas parfaitement en place, et cela ne signifie pas pour autant que le chemin emprunté soit une impasse. Bernd Leno devrait être un meilleur relanceur que Petr Cech (le compte Twitter du Bayer Leverkusen, l'ancien club du gardien allemand, n'a pas manqué de le souligner) et Lucas Torreira ne commettra peut-être pas les erreurs déconcertantes de Granit Xhaka. "Manchester City a exigé nos meilleures performances et nous avons constaté que nous devions continuer à travailler, a reconnu l'entraîneur du PSG après le match. Ces quatre-vingt-dix minutes sont la façon dont je veux améliorer notre équipe. Nous l'avons fini avec l'esprit que je souhaite."

Une approche pro-active avec et sans le ballon

Cet esprit s'est incarné dans le pressing exercé par les Gunners, un autre aspect de la philosophie Emery. "Quand je perds le ballon, je veux le récupérer le plus vite possible, affirmait-il dans The Tactical Room. Partout où se trouve le ballon, mon équipe doit être positionnée pour presser et le récupérer. Si le jeu est arrêté, chacun à sa position. Si le ballon est en mouvement, on va presser, bien sûr dans le cadre d’une structure tactique. Ce sont mes deux lectures sur le plan défensif. Le ballon est en jeu, pression. Le ballon est arrêté, position." Ce placement initial, contre City, consistait en une approche très individuelle pour aller chercher haut: Aubameyang sur Laporte, Ramsey sur Stones tout en contrôlant Fernandinho dans son dos, Özil et Mkhitaryan sur les latéraux, et ainsi de suite. Le Gallois était généralement le déclencheur, la priorité étant donnée à la fermeture des passes axiales. Mais là aussi, les rouages collectifs sont encore perfectibles. Notamment pour que ce pressing s'effectue dans une meilleure harmonie et une synchronisation parfaite entre toutes les lignes, là où les milieux et défenseurs ont parfois tardé à suivre, dimanche. Il faudra aussi améliorer les enchaînements vers l'avant après la récupération du ballon, pour mieux exploiter les transitions offensives promises à Pierre-Emerick Aubameyang: les Gunners ont joué 33% de leurs passes dans leur tiers défensif, plus haut ratio de la première journée de Premier League.

Mais il est encore une fois très révélateur qu'Unai Emery ait refusé de courber l'échine et de se contenter d'un bloc défensif regroupé dans son camp. Le Basque exige une approche pro-active avec et sans le ballon, pour dominer les évènements plutôt que les subir. City, pour cette fois, a su modeler l'organisation londonienne à sa guise pour y ouvrir des brèches, sur les ailes notamment. Mais les Gunners ont affiché un dynamisme dans leur comportement défensif qui tranche avec la relative passivité parfois constatée ces dernières années.

Au PSG, Emery s'était résigné à demander à son trio offensif de défendre. Il avait aussi altéré sa manière d'être. "L'équipe ne s’adaptait pas à mon niveau d’agressivité dans le message, ni à l’intensité que je voulais et j'ai dû changer en fonction de ça, avouait-il à Daniel Riolo sur RMC Sport, en mai dernier. 50% de l’équipe fonctionnait avec le message d’agressivité et l’autre moitié voulait un message plus posé." Son exigence a l'air d'être mieux acceptée à Londres, et notamment par Aubameyang, Ramsey et Mkhitaryan, fers de lance du pressing.

Prochain test: Chelsea

Autre motif d'espoir: Arsenal n'affrontera pas Manchester City chaque semaine. Samedi, à 18h30 sur RMC Sport 1, les Gunners passeront d'ailleurs un autre test face à une équipe à la philosophie similaire, mais bien moins au point: Chelsea. Une nouvelle bataille acharnée pour la conquête du ballon en perspective, entre deux entraîneurs tout autant portés sur l'intensité et la quête de la réussite par le collectif plutôt que par l'exploit individuel. "J’aime étudier la tactique, confiait encore Unai Emery dans The Tacticall Room. Rechercher des voies pour que l’équipe joue mieux. Que l’on parvienne à jouer avec moins de freins, moins de peur." Cette semaine de travail supplémentaire doit lui permettre de faire sauter de nouveaux verrous.

Julien Momont