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Exode massif, coups de fil à des amis, fantasme salarial: Bielsa imprime déjà sa marque sur Leeds

Marcelo Bielsa

Marcelo Bielsa - AFP

Aux commandes sur les terrains d’entraînement de Leeds (Championship, D2 anglaise) depuis neuf jours, Marcelo Bielsa a déjà imposé sa griffe sur la vie des Peacocks. Avec des idées très arrêtées sur le recrutement et la gestion de l’effectif au milieu des rumeurs sur ses émoluments supposés.

Le "loft" façon LOSC n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais vu les conclusions de son travail approfondi, on ne devrait pas en être loin. Bourreau de travail à la limite du maladif, Marcelo Bielsa n’a pas fait semblant de s’investir pour ses débuts à Leeds. Dès les premières discussions autour de sa possible arrivée dans le Yorkshire, "El Loco" a fait du "El Loco" en regardant l’ensemble des cinquante et un matches disputés la saison dernière par le club de Championship (D2 anglaise) mais aussi… les deux rencontres amicales d’une tournée asiatique au mois de mai. Et les conclusions de celui qui a fait reprendre ses troupes il y a neuf jours n’ont pas tardé. Avec une idée moteur: halte au sureffectif.

"Je me suis fait une opinion sur tous les joueurs, a-t-il lancé à l’occasion d’une première conférence de presse où on pouvait retrouver son style marseillo-lillois, tête baissée à lire ses notes en attendant la traduction. Le club possède quinze joueurs de plus que ce qu’il a besoin. Je souhaite limiter cela car il y en a trop qui ne peuvent pas avoir de temps de jeu. Il y aura donc encore des départs pour équilibrer cette balance et nous ne comptons pas faire venir beaucoup de joueurs. Mais on doit encore se renforcer sur quatre ou cinq positions sur le terrain et on aura besoin d’un ou deux joueurs d’expérience supplémentaires."

"Si vous connaissez le football, vous savez que Bielsa est un énorme manager"

L’exode a débuté avec déjà quatre départs secs ou via des prêts (Pawel Cibicki, Felix Wiedwald, Madger Gomes et Lewie Coyle) contre une seule arrivée, celle du milieu anglais Lewis Baker, prêté par Chelsea, qui n’a pas caché la raison de son choix de rejoindre les Peacocks: "Si vous connaissez le football, vous savez que Bielsa est un énorme manager". Personnage à part dans le monde du ballon rond, animé de la volonté d’imposer son style et de faire progresser ses troupes à l’intérieur de son système, l’ami Marcelo n’est pas du genre à ne pas avoir un mot à dire sur les transferts.

Du côté d’Elland Road (le stade de Leeds), cela fonctionnera en duo avec le directeur du football, l’Espagnol Victor Orta, responsable du scouting et du recrutement qui bénéficie d’un énorme carnet d’adresses lui ayant permis d’attirer…Bielsa et qui s’extasiait souvent devant les prouesses de coaching du technicien argentin lorsqu’il était journaliste sportif. Bielsa donne à Orta des zones du terrain à renforcer et les qualités individuelles qu’il attend chez les futures recrues, résumées en conférence de presse: "De la force mentale. Une qualité technique suffisante balle au pied. Être assez intelligent pour s’adapter à différents styles de jeu. De la force physique et de la bravoure. Un esprit compétitif. Ce serait le joueur idéal dans un monde idéal. Mais aucun joueur ne correspond à ce profil."

Au directeur du football de revenir vers lui avec une liste de noms susceptibles de faire l’affaire avant de tenter d’attirer les cibles sur lesquelles les deux finissent par se mettre d’accord. Si Orta agissait de même avec le duo de coaches précédent, Thomas Christiansen et Paul Heckingbottom, il est déjà entendu qu’il prend beaucoup plus de conseils auprès de l’expérimenté "El Loco" qu’il ne le faisait avec eux. Les conséquences se font déjà sentir. L’attaquant nigérian Jerry Mbakogu et le défenseur central anglais Kyle Bartley? Dans les petits papiers du club, ils ont vu Bielsa, qui ne les connaissait pas assez, mettre un veto sur ces possibles transferts. "El Loco" devrait également faire jouer ses réseaux récupérant des jeunes talents barrés dans des grands clubs de Premier League auprès de ses "disciples".

A Manchester City, le jeune gardien anglais Angus Gunn – prêté ces derniers mois à Norwich, en Championship – était déjà dans le viseur des Peacocks et son arrivée devrait être facilitée par les relations de Bielsa avec Pep Guardiola, qui serait selon le tabloïd The Sun à l’initiative de cette idée de prêter ses jeunes pépites à Bielsa. La rumeur évoquait même l’idée du technicien catalan de prêter à son homologue la pépite anglaise Phil Foden, ce qui irait à l’encontre des informations qui circulaient sur ce sujet. Mais Bielsa est peut-être le seul coach à qui Guardiola serait prêt à lâcher le gamin, conscient qu'il progresserait comme espéré avec son mentor. Dans le même ordre d’idée, un autre joyau des Skyblues, le milieu offensif espagnol Brahim Diaz, serait plus vu comme un jouer à prêter pour lui permettre de s’aguerrir et pourrait grandir et s’épanouir sous les ordres d’un Bielsa connu pour faire progresser les jeunes. Les cas du défenseur Tosin Adarabioyo et de l’attaquant Lukas Nmecha, tous deux Anglais, sont également évoqués.

Marcelo n'est pas mieux payé que Southgate

La connexion pourrait également se faire du côté de Londres et Tottenham, où Mauricio Pochettino cultive les yeux de l’amour pour ce Marcelo qui l’a inspiré. La presse britannique désigne ainsi le jeune (vingt ans) défenseur argentin Juan Foyth, arrivé l’été dernier contre 13M€ mais qui n’a pas disputé la moindre rencontre en Premier League cette saison, comme un joueur déjà proposé par les Spurs aux Whites de l’ami Marcelo. Et d’autres pourraient suivre… Un coup de téléphone à Unai Emery, qui a pris l’habitude de chanter ses louanges, pour s’attacher les services d’un jeune Gunner en manque de temps de jeu ne semble pas non plus du domaine de l’impossible. Une situation qui ne possède que des avantages pour le trio Guardiola-Pochettino-Elmery: des talents encore trop tendres pour le grand bain pourront grandir sous les ordres d’un coach en qui ils ont une confiance absolue et dont les principes de jeu sont proches des leurs.

Et Leeds, treizième la saison dernière, pourra profiter de leurs qualités pour viser la montée dans l’élite. Bielsa, lui, continue d’imprimer peu à peu sa marque sur son nouveau club. Avec les habituels fantasmes drainés dans son sillage. Ces derniers jours, The Daily Star avançait ainsi un montant de salaire à 6M£ (6,8M€) annuels pour l’ancien sélectionneur de l’Argentine et du Chili. Des émoluments supérieurs à ceux de… Gareth Southgate à la tête de l’Angleterre et plus de deux fois supérieurs à n’importe quel autre coach de Championship. Des "révélations" balayées par Phil Hay, journaliste bien informé du Yorkshire Evening Post, qui a précisé que le salaire de Bielsa, qui a signé un contrat de deux ans (plus une année en option), tournait plutôt "quelque part entre 2M£ (2,3M€) et 3M£ (3,4M€)". Même inférieur à la rumeur, la folie du football made in Marcelo est à ce prix.

Alexandre Herbinet