West Ham: qui est Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque qui vient d'acquérir un quart du club ?

Un nouveau milliardaire entre dans la danse. Quelques semaines après le rachat de Newcastle par le fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, West Ham a lui aussi décidé se passer à la vitesse supérieure. Le club londonien, actuel troisième de Premier League, a officialisé ce mercredi le rachat de 27% de ses parts par le groupe 1890s holdings, contrôlé par le tchèque Daniel Kretinsky. Un homme aux moyens immenses, qui doit permettre à la formation anglaise de rembourser ses dettes, et surtout de se développer pour tenter de rivaliser avec les cadors historiques du championnat.
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Un roi du charbon, et du transport de gaz
Selon Forbes, Daniel Kretinsky (46 ans) pèse aujourd'hui 4 milliards de dollars, soit près de 3,5 milliards d'euros. Ce juriste de formation, né à Brno en 1975 d’un père professeur et d’une mère juge, a fait fortune dans l’énergie, plus précisément dans les centrales au charbon - polluantes mais toujours utilisées - avec son groupe EPH. Kretinsky a ensuite diversifié ses activités en investissant dans le secteur de la distribution (Casino, Metro...) ou dans le transport du gaz russe, via la compagnie Eustream.
L'homme d'affaires, présenté comme discret et courtois, sort pourtant les griffes lorsqu'on le présente comme un affidé de Vladimir Poutine. "Je suis né dans un système totalitaire, expliquait-il en 2018 dans une interview à Canal+. Je trouve triste qu’on dise que je suis un agent russe, il n’y a aucune raison d’avancer cela. Et ça me touche personnellement."
Un amoureux de la France... et de ses médias
Francophile, et parfaitement francophone (il a fait une partie de ses études à Dijon), Daniel Kretinsky a surtout fait parler de lui dans l'Hexagone à la fin des années 2010, en sortant le chéquier pour investir à tout-va dans les médias. Propriétaire de Marianne depuis 2018, de plusieurs magazines achetés au groupe Lagardère (Elle, Télé 7 jours...) actionnaire indirect du Monde, le Tchèque est aussi actionnaire de TF1, dont il avait racheté 1% du capital en 2019, jusqu’à atteindre récemment les 5%, comme le relayaient Les Echos en septembre.
Pourquoi ces investissements dans la presse d'un pays qui n'est pas le sien? "J’ai l’opportunité de faire quelque chose que je considère comme positif, se justifiait-il auprès de Canal. C’est une contribution à la société, une démarche citoyenne, je suis convaincu que le rôle de la presse est fondamental pour protéger les valeurs de notre société. C’est pour moi une lutte contre le populisme. (…) Si une chose est importante à mes yeux, c’est l’indépendance de la presse." Notamment vis-à-vis des GAFA, ces géants du web qu'il ne porte pas dans son coeur.
Un patron de club au bilan mitigé
Le milliardaire, qui serait toujours en couple avec la fille de Petr Kellner, homme le plus riche de République tchèque jusqu'à sa disparition au printemps 2021 dans un accident d'hélicoptère, possède à côté de son business un goût prononcé pour l'art... et le football. "Il est la définition même de la rationalité, de la non-émotion, décrivait fin octobre un responsable de la multinationale Deloitte, dans les colonnes du Telegraph. Il est toujours dans l'analyse. La seule exception à cette absence d'émotion, à cette pensée analytique, c'est l'argent qu'il a mis dans le football. C'est un véritable passionné de ballon. Et c'est le seul de ses investissements qui n'a aucun sens."
Aussi, en 2004, Daniel Kretinsky est devenu copropriétaire du Sparta Prague, club le plus titré et le plus populaire de Tchéquie, dont il est toujours le président. Si le club a remporté plusieurs fois le championnat depuis son arrivée (2005, 2007, 2010, 2014), il a souvent été mis en difficulté par ses rivaux, notamment le Viktoria Plzen sur la première partie des années 2010, et le Slavia depuis quatre ou cinq ans. Et à l'exception d'un quart de finale de Ligue Europa en 2016, le Sparta de Kretinsky n'a jamais rien fait à l'échelle continentale.
Critiqué par une partie des supporters, accusé par l'ancien capitaine Tomas Repka de ne rien comprendre au football, ce joueur occasionnel de basket a lui-même reconnu des "erreurs" dans sa gestion, comme l'écrivait le journaliste Jérôme Lefilliâtre dans son récent ouvrage consacré à Kretinsky (Mister K). Avec West Ham, toujours contrôlé majoritairement par David Sullivan et David Gold, il espère faire mieux. "Ayant été récemment au London Stadium pour regarder l'équipe de David Moyes, je sais que c'est un timing incroyable pour entrer dans la famille West Ham United, observe-t-il dans le communiqué du club. Je me sens privilégié d'avoir maintenant l'opportunité d'aider tout le monde ici à construire sur les fières traditions de ce grand club."