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Riolo: "Platini et le foot en danger ?"

Retour sur l’affaire Platini…

Simple témoin ou accusé ? Même la justice suisse n’est pas très claire à ce sujet. Toucher à la FIFA, c’est entrer dans une nébuleuse. Les scandales récents ont toutefois conduit à une chose : avoir été proche de Blatter fait de vous un coupable. Parce qu’après tout, le boulet de Platini, c’est ça. Avoir soutenu, et avoir travaillé pour lui. Pour beaucoup, les grands naïfs de l’exercice du pouvoir, il aurait dû se battre, dénoncer, être en gros un révolutionnaire. Mais combattre qui ? Quoi ? La planète foot toute entière mangeait dans la main de Blatter. Que devait-il faire ? Platini a opté pour une stratégie « politique ». Ce mot devenu horrible depuis que celui de transparence est à la mode. La transparence à laquelle croient bêtement tous les partisans du tribunal populaire de l’opinion du moment ! Devant le tribunal populaire, on est coupable en cinq minutes, la tête tombe en dix !

Cette histoire de paiement tardif est une farce. Les explications de Platini sont claires. Laissons la justice se prononcer. En attendant, le barnum est en place. Jennings, celui qui sait tout et condamne, veut faire sauter la FIFA. Pourquoi pas. Son travail est respectable voire admirable. Mais il déclare qu’en 15 ans d’enquêtes, il n’a jamais rien trouvé sur Platini. Dans le même temps, il ajoute que le président de l’UEFA est cramé. On a du mal à suivre. Il s’explique. La commission d’éthique est vérolée. Il n’y a là que des amis de Blatter, qui forcément vont vouloir la peau de Platini. Ainsi, avant même de savoir si la justice va trouver quelque chose de grave derrière le fameux paiement tardif, cette commission d’éthique pourrait bien suspendre Platini. D’une façon ou d’une autre, Blatter veut entraîner tout le monde dans sa chute. Et sa sortie pour défendre Platini au sujet du paiement était au-delà du machiavélisme.

Au lieu d’attendre, l’opinion avance. Globalement, Platini est coupable. Sa « cote » en France perd du terrain. Des médias tels L’Equipe ou France Football prennent leurs distances. Etonnant car après tout, il n’y a rien. Peur de perdre encore plus de lecteurs ? Pression des réseaux sociaux, qui de plus en plus font office de conférence de rédaction fantôme dans les médias ? Dictature de l’émotion qui se nourrit principalement de l’ignorance ? Défendre Platini, c'est s'exposer aux insultes et excès des "anonymes sociaux". Peu m'importe.

Je ne crois pas à la FIFA, ni à sa commission d’éthique. Si tout saute, comme certains le souhaitent, je les invite à réfléchir à la suite. Derrière la FIFA, un football récupéré en miettes par le « privé », les grandes entreprises, pourrait bien être encore plus catastrophique.

Platini est bien le seul aujourd’hui à pouvoir sauver le football. A le garder universel, uni, à entretenir l’idée contenue dans l’expression nostalgique « le foot comme on l’aime ». Il a certes mangé, travaillé avec Blatter. Mais jusqu’à preuve du contraire, il n’a rien fait de condamnable.

Si la justice suisse dit le contraire, s’il a fauté, alors il sera temps de tourner la page. Mais pas avant.

Daniel Riolo